Depuis la fermeture des grands médias du pays et la mise sous perfusion des autres organes de presse, la transition Guinéenne a choisi la voix du désordre de l’information. Cela se manifeste dans toutes les communications publiques des autorités actuelles. De la présidence au CNT en passant par le gouvernement, partout, la désinformation a pris de l’ascension dans le but de manipuler la conscience des populations majoritairement analphabètes.
Depuis le coup d’Etat du 5 septembre 2021, les autorités de la transition, notamment le Ministre Secrétaire général de la Présidence, le Président du CNT, les différents Premiers ministres, le porte-parole du gouvernement ainsi que plusieurs autres ministres et directeurs, s’illustrent de manière éloquente dans une sorte de campagne de désinformation, sans compter les « parasites » qu’ils ont créés sur la toile pour relayer toute sorte de balivernes, dans le but de faire croire à la population que le pays n’a jamais été autant bien géré que sous le magistère du CNRD, le clan oligarque civilo-militaire qui a pris la Guinée en otage depuis maintenant 3 ans.
Partant des sujets liés à la possible candidature de Mamadi Doumbouya, l’ancien légionnaire qui n’a aucune formation académique et qui règne par la terreur depuis son coup d’État sanglant du 5 septembre 2021, à l’enlèvement et la disparition forcée de Foninké Menguè et Billo Bah, en passant par la fermeture des médias, sans oublier les campagnes de propagandes autour du PRI 2022-2025, du projet Simandou et de l’avant-projet de nouvelle constitution, ainsi que leur récente tournée en région forestière, de multiples contre-vérités ont été racontées sur la gestion de la transition, notamment sur la gouvernance économique et financière. Ce qui prouve à suffisance la place d’une industrie de désinformation de la population guinéenne.
Les médias qui travaillaient à la démystification des récits mensongers, des idées reçues et des narratifs imaginaires sur la gouvernance de la transition ont été fermés pour faire régner leurs seules vérités qui ne sont autres que des contre-vérités souvent distillées à la faveur des mobilisations de propagande à coût des billets de banque.
C’est dans cette logique que le docteur Dansa Kourouma, le président du CNT, en campagne de vulgarisation, dit-on, de l’avant-projet de nouvelle constitution, déclare que : « Dans la nouvelle constitution, désormais, quand vous tombez malade, l’État a l’obligation de vous soigner gratuitement ».
Cette déclaration nous amène à poser la question suivante : De quelle Constitution s’agit-il, car celle qui est en train d’être vulgarisée n’est qu’un avant-projet qui doit normalement connaitre des corrections et des amendements émanant de toutes les organisations sociopolitiques et professionnelles pour devenir un projet qui devra être soumis à l’adoption du peuple par référendum ? À moins que le CNRD ait choisi d’imposer au peuple de Guinée une constitution qui n’est autre qu’un brouillon en l’état actuel.
Par ailleurs, la « gratuité de la santé » qu’il annonce, ne ressemble à rien d’autre qu’une baliverne. Les États-Unis, la première puissance mondiale, la Chine, la Russie, l’Allemagne et toutes les autres puissances du monde et leurs moyens, ne soignent pas gratuitement leurs populations. En quoi la Guinée, dont le budget alloué au secteur de la santé et le taux de couverture sanitaire sont en dessous de la moyenne et parmi les plus faibles de la sous-région, pourrait-elle assurer la gratuité de la santé pour l’ensemble de sa population ? En quoi cela est possible ?
La césarienne, qui avait été rendue gratuite sous Alpha Condé, peine encore dans son application effective dans les hôpitaux, surtout pendant cette transition.
La Guinée, un pays qui se situe au 181e rang sur 195 du dernier classement des États du monde par indice de développement humain (IDH) et dont le niveau de pauvreté de la population ne fait que s’accroitre de jour en jour, est-elle en même d’instaurer un système de santé véritablement universel et gratuit, accessible à tous les Guinéens ?
Depuis 2 ans, la Guinée compte parmi les pays les plus touchés par l’insécurité alimentaire. En fin 2022, 11 % des Guinéens, soit 1,2 million de personnes, se trouvaient dans une situation d’insécurité alimentaire aiguë, selon le FMI. Ce qui a valu une assistance financière à hauteur de 71 millions de dollars au titre du guichet « chocs alimentaires » de la facilité de crédit rapide du FMI, pour soulager les populations les plus vulnérables, en proie au choc sur les cours des denrées alimentaires.
Cette aide a été encore doublée par le conseil d’administration du FMI par une nouvelle aide de 71 millions de dollars au titre du guichet « chocs exogènes » de la facilité de crédit rapide au lendemain de l’explosion du dépôt des hydrocarbures qui a davantage impacté la sécurité alimentaire des populations, en raison des pénuries de carburant et du niveau élevé des coûts de transport.
Par ailleurs, le même Dr Dansa annonce « la prise en charge de l’éducation jusqu’au niveau postuniversitaire ». Pourtant, l’école a toujours été gratuite en Guinée depuis plusieurs décennies. La prise en charge des études de Master et de Doctorat est aussi assurée par l’État pour tous les enseignants-chercheurs des institutions d’enseignement supérieur publiques sans aucune distinction.
Aussi, les meilleurs des étudiants qui souhaitent poursuivre les études de Master et de Doctorat, bénéficient d’un accompagnement de l’État, notamment à travers des programmes de bourses de l’État guinéen et des partenaires comme la Russie, la Chine et le Maroc, pour ne citer que cela. Où est donc la nouveauté du Dr Dansa Kourouma ? Le CNT qu’il dirige depuis bientôt 3 ans est la seule institution parlementaire au monde qui ne dispose pas de questeurs en son sein pour la gestion des ressources financières de l’institution. Qui gère alors le budget du Conseil national de la Transition guinéenne ? Est-il vrai que 65 milliards de nos francs auraient été décaissés pour la campagne de vulgarisation qu’il dirige actuellement dans le pays ? A quand l’organisation des élections mettant fin à la transition du CNRD ?
Voici entre autres des questions auxquelles il doit répondre pour éclairer la lanterne des Guinéens et arrêter de nous prendre pour des « imbéciles ».
Mamoudou Babila KEITA