Amara Camara en tournée dans le sud de la Guinée, des bains de foule savamment orchestrés, et une administration transformée en service de propagande : Aliou Bah, leader du MoDeL, n’a pas mâché ses mots face à cette mise en scène qu’il juge indécente et rétrograde.

Les bains de foule : outil officiel de la transition ?  

Officiellement, le ministre secrétaire général de la Présidence, Amara Camara, parcourt le sud de la Guinée pour inspecter les projets en cours. Mais à chaque étape, c’est une marée humaine soigneusement mobilisée qui l’accueille. Le peuple salue-t-il spontanément l’illustre visiteur, ou assiste-t-on à une mise en scène digne des manuels de propagande ? Aliou Bah tranche sans hésitation : « En ce qui concerne les manifestations, ce sont les manifestations qui sont interdites et la propagande est autorisée. » 

Un tel contraste est troublant : d’un côté, la rue est bâillonnée et les manifestations interdites depuis l’arrivée au pouvoir du CNRD ; de l’autre, les autorités paradent dans une ambiance de campagne électorale. Un curieux deux poids deux mesures.

Une administration transformée en outil politique  

Pour Aliou Bah, le tableau est encore plus sombre. Il dénonce une politisation extrême de l’administration publique, qu’il compare sans détour à celle du régime d’Alpha Condé : « Aujourd’hui, toute l’administration locale et centrale est mobilisée, politisée au service d’une propagande qu’on a connue au temps du premier régime, qu’on est en train de nous reproduire. »  

Les préfets, gouverneurs et autres responsables locaux ne semblent plus se contenter de gérer leurs juridictions : ils se retrouvent désormais au service d’une propagande qui s’éloigne dangereusement des promesses de neutralité et de réforme prônées par le CNRD.

Une transition sur le chemin de l’illusion 

En politique, la forme compte autant que le fond. Et ici, la forme trahit une réalité difficile à masquer : les bains de foule ne construisent pas d’écoles, ne réparent pas les routes, et ne nourrissent pas une population confrontée à des défis quotidiens bien réels.

Aliou Bah résume cette mascarade en des termes sans concession. Pour lui, le CNRD semble s’accrocher aux vieilles pratiques qu’il prétendait combattre. À force de recycler les stratégies du passé, cette transition pourrait bien s’épuiser avant même d’avoir abouti.

Le message d’Aliou Bah est clair : la Guinée n’a pas besoin de spectacles orchestrés, mais d’un véritable leadership, transparent et inclusif. Faute de quoi, ces bains de foule risquent d’emporter avec eux les espoirs d’une transition réussie.

Boundèbengouno, pour Laguinee.info