La Guinée ne sera pas au Maroc en 2025 pour la Coupe d’Afrique des Nations. Une défaite contre la Tanzanie a mis fin à toute possibilité de qualification. Et pendant que l’équipe guinéenne s’effondre, Serhou Guirassy, l’un des meilleurs joueurs du pays et prétendant au Ballon d’Or Africain, s’attaque à la réalité sans filtre sur son compte Facebook. Ses mots ? « La déception est immense ». Et nous, on a plutôt envie de dire : c’est une déception… mais qui n’étonne personne.
« Nous, les joueurs, les premiers responsables »… mais où sont les responsables de l’organisation ?
Serhou Guirassy a le mérite de prendre ses responsabilités : « Nous, les joueurs, les premiers responsables. » Une reconnaissance des faits, certes, mais qui laisse un goût amer. Le football guinéen, ce n’est pas que les joueurs. Loin de là. Oui, les joueurs ont donné leur maximum sur le terrain. Mais si la fédération, les dirigeants et les instances sportives étaient aussi bons que les espoirs de cette équipe, peut-être qu’on n’aurait pas été dans cette situation lamentable. À qui la faute pour les matchs joués à l’extérieur, dans des conditions inacceptables pour une équipe nationale ? Aux joueurs ? Non. À l’organisation qui brille par son absence de préparation, ses stades non homologués et ses décisions catastrophiques ? Oui.
Zéro stades homologués, mais prétendait organiser la CAN 2025. Sérieusement ?
Ce n’est pas une ironie, c’est un fait : la Guinée, un pays sans stades homologués pour la compétition internationale, devait organiser la CAN 2025. Bien sûr, l’orgueil national n’a pas hésité à présenter une candidature, tout en ignorant que ses infrastructures ne répondent même pas aux normes minimales exigées. Résultat ? Le Maroc a récupéré l’organisation du tournoi. Et la Guinée ? Elle n’a même pas un terrain digne de ce nom pour disputer ses matchs de qualification. À ce niveau, on pourrait se demander si l’objectif n’était pas de faire plus de promesses que d’efforts réels. On ne peut pas faire grand-chose avec des rêves de grandeur, sans bases solides.
« Des conditions de jeu injustes » : Guirassy a raison, mais à qui la faute ?
Guirassy parle de conditions « injustes ». En effet, jouer tous ses matchs à l’extérieur, loin du pays et de ses supporters, dans des conditions désastreuses, n’est pas un cadeau. Mais qu’en est-il de la responsabilité des dirigeants qui ont permis cette situation ? Qu’en est-il des infrastructures inexistantes, des stades qui ne sont même pas conformes aux critères de la CAF ? À force de faire passer l’image et les discours avant les actions concrètes, la Guinée se retrouve aujourd’hui à pleurer sur une qualification ratée qui était, en réalité, écrite d’avance.
Le football guinéen mérite mieux, mais le pays ne s’en donne pas les moyens
Guirassy ne mâche pas ses mots : « Le football guinéen mérite une organisation équitable et des conditions de jeu qui respectent les efforts des joueurs et des supporters. » C’est la vérité : la Guinée mérite mieux, mais ses dirigeants ne lui en donnent pas les moyens. Comment peut-on espérer voir un pays se hisser au sommet quand les bases du football, les infrastructures et les ressources humaines, sont laissées à l’abandon ? Au lieu de se concentrer sur des stratégies de développement durable pour le sport, on préfère enterrer les problèmes sous des discours creux. Il est grand temps de redéfinir les priorités.
« Ce n’est pas la fin de notre histoire », mais à ce rythme…
Serhou conclut sur une note d’espoir : « Ce n’est pas la fin de notre histoire. Nous allons travailler, nous relever et nous battre pour revenir plus forts. » Voilà un message de résilience, certes, mais comment espérer revenir plus fort quand la fédération semble ne pas comprendre les bases d’une bonne gestion ? L’espoir est là, oui, mais il faut aussi une action claire pour que cet espoir devienne une réalité. Pour l’instant, la Guinée ne récolte que des déceptions, faute de stratégie et de professionnalisme.
Un échec prévisible et des responsables qui se cachent derrière les joueurs
Serhou Guirassy s’excuse, assume la responsabilité collective et reste optimiste. Mais soyons réalistes : cette défaite contre la Tanzanie, cette non-qualification, c’est avant tout le produit d’une gestion défaillante, d’une fédération qui préfère jouer sur l’image plutôt que sur l’effort concret. Le football guinéen, comme tant d’autres domaines dans le pays, souffre d’une organisation défaillante. Il est temps de remettre l’édifice sur pied, de repenser l’avenir et de donner à cette équipe nationale les outils nécessaires pour conquérir l’Afrique. Mais surtout, il est temps de cesser de tout mettre sur le dos des joueurs, qui eux, n’ont fait que suivre les errances d’une gestion catastrophique. Si la Guinée veut enfin briller, il est grand temps de commencer à changer les choses, et pas juste dans les discours.