mercredi, novembre 20, 2024
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Boké : Batafon, le trésor culturel qu’on laisse mourir

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Si la danse est un art, alors la troupe Batafon est un chef-d’œuvre en péril. Créée dans les années 1980, cette fierté culturelle de Boké, qui a fait vibrer les scènes nationales et internationales, se débat aujourd’hui pour survivre. Ironie du sort, cette troupe, habituée à donner des spectacles grandioses, vit un drame silencieux où accoutrements troués et instruments empruntés volent la vedette, rapporte Laguinee.info à travers un de ses journalistes.

La gloire d’hier, la débrouille d’aujourd’hui  

Une fois acclamée pour sa capacité à valoriser la culture de Kakandé, la troupe Batafon semble désormais danser sur un fil tendu. Sans moyens, elle participe chaque année aux grandes compétitions culturelles nationales, mais à quel prix ? Maïmouna Sylla, figure emblématique du groupe, ne cache pas son désespoir :  « Les instruments avec lesquels nous jouons sont empruntés. Tous nos instruments ont été volés. Aujourd’hui, Batafon n’a que deux instruments ! » 

Un aveu amer qui tranche avec l’image d’un groupe autrefois bien équipé et prêt à conquérir les scènes du Mali, du Sénégal et même de la Gambie.

Cotisations et mendicité au menu

Aujourd’hui, les artistes de Batafon ne dansent pas uniquement pour la gloire. Ils dansent aussi pour survivre. Les membres doivent cotiser pour s’acheter des costumes. Et quand cela ne suffit pas, ils se lancent dans une quête d’aumônes : « Quand on a un événement, on part quémander pour avoir un peu d’argent afin d’acheter quelques objets. Si on ne gagne pas, on fait des cotisations. »

La troupe qui a fait rayonner Boké au-delà des frontières est réduite à tendre la main, dans un silence gênant de la part des autorités.

Appel à l’aide, SOS artistes en détresse  

Maïmouna Sylla n’a pas mâché ses mots devant les autorités locales lors du lancement du FESTACK (Festival des arts et cultures de Kakandé). Son cri du cœur s’adresse autant aux décideurs qu’aux âmes généreuses :

« Nous demandons aux autorités régionales et préfectorales de Boké, ainsi qu’aux personnes de bonne volonté, de nous aider à avoir des instruments et des accoutrements. Quand on parle d’artistes, on parle d’instruments ! »

Une honte nationale déguisée en silence  

Comment une troupe qui a servi la nation peut-elle être abandonnée ? Si rien n’est fait, la prochaine danse de Batafon pourrait bien être un requiem pour l’art traditionnel guinéen. Pourtant, la troupe s’apprête, avec les moyens du bord, à représenter la Guinée en Guinée-Bissau pour la semaine de l’amitié. Mais qui représentera Boké lorsque Batafon sera réduit au silence ?

Une simple question reste en suspens : est-ce ainsi que l’on traite ses ambassadeurs culturels ?

De Boké, Ibrahima Alhassane Camara, pour Laguinee.info 

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