Les autorités mozambicaines ont décidé de mettre fin aux manifestations massives qui secouent le pays depuis l’annonce des résultats des élections générales d’octobre dernier. Ces événements, marqués par des violences meurtrières et des arrestations en masse, plongent le pays dans une crise politique majeure.
Une interdiction au nom de la « stabilité nationale »
Vendredi, Pascoal Ronda, ministre de l’Intérieur du Mozambique, a décrété l’interdiction des manifestations dans tout le pays. Dans un discours ferme, il a demandé aux citoyens de « coopérer avec les autorités pour mettre fin à la violence », qualifiant ces mobilisations d’« actes de terrorisme », rapporte agence anadolu.
« Le gouvernement n’allait pas laisser les manifestations continuer à détruire le pays », a-t-il ajouté, justifiant cette mesure par la nécessité de préserver l’ordre et la stabilité nationale.
Depuis le 24 octobre, date de l’annonce des résultats officiels par la commission électorale nationale, le Mozambique est en proie à une vague de contestations. Daniel Chapo, candidat du Frelimo, a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle avec 70 % des voix. Son rival, Venancio Mondlane, candidat de l’opposition, a obtenu 20 % des suffrages, dénonçant des résultats « frauduleux ».
Un bilan humain alarmant
À l’appel de Mondlane, des centaines de citoyens ont pris d’assaut les rues à partir du 31 octobre. Ces manifestations, qui se poursuivent dans plusieurs villes, ont déjà coûté la vie à 33 personnes, selon les organisations de défense des droits humains.
Elvino Dias et Paulo Guambe, deux figures de l’opposition, ont été tués à Maputo le 19 octobre. Ces assassinats, dénoncés comme des actes d’intimidation, ont exacerbé la colère populaire. Adriano Nuvunga, directeur exécutif du Centre pour la démocratie et le développement (CDD), a qualifié la situation de « pire répression depuis des années ».
« Les autorités ont arrêté des centaines de citoyens dans tout le pays depuis le début des manifestations », a-t-il déclaré dans un communiqué mentionné par notre source.
Vendredi, l’association du barreau du Mozambique a révélé avoir assisté juridiquement plus de 2 700 manifestants arrêtés depuis le début de la crise.
Une atteinte à la liberté de la presse
Les journalistes ne sont pas épargnés par la répression. Mercredi, deux reporters sud-africains, Bongani Siziba et Sibonelo Mkhasibe, ont été arrêtés à Maputo alors qu’ils couvraient les manifestations. Libérés vendredi après une intervention diplomatique, leur arrestation illustre le climat de tension qui règne dans le pays.
La semaine précédente, deux journalistes portugais avaient été expulsés pour avoir couvert les manifestations, suscitant des inquiétudes sur la liberté de la presse dans le pays.
Une crise qui s’enlise
Alors que le gouvernement durcit sa position, l’opposition refuse de reculer. Venancio Mondlane continue d’appeler ses partisans à manifester contre ce qu’il qualifie de « hold-up électoral ».
La répression croissante, les atteintes aux droits humains et les restrictions sur la liberté de la presse plongent le Mozambique dans une crise politique et sociale profonde. Les perspectives d’une résolution pacifique semblent s’éloigner, laissant le pays face à un avenir incertain.
En interdisant les manifestations, le gouvernement espère contenir les troubles. Mais cette décision pourrait bien attiser davantage les tensions, alimentant la défiance d’une population en quête de justice et de transparence.