Une délégation onusienne a rencontré ce mercredi 13 novembre 2024 le Syndicat des Professionnels de la Presse de Guinée (SPPG) pour aborder la situation difficile de la presse guinéenne sous la transition militaire. Entre fermetures illégales, agressions, et intimidations, la liberté d’informer en Guinée semble de plus en plus menacée.
La presse guinéenne, une liberté en péril
Lors de cette rencontre, la mission des Nations-Unies, conduite par Simon-Perre Nanitelamio, Directeur Adjoint de la Division de l’Assistance Électorale, a abordé avec le SPPG la pression que subit la presse guinéenne. Le secrétaire général du SPPG, Sékou Jamal Pendessa, a ouvert la discussion en remerciant l’organisation onusienne pour son soutien. « Nous sommes reconnaissants envers les Nations-Unies pour l’intérêt qu’elles accordent à la Guinée », a-t-il déclaré.
Pendessa a ensuite décrit la situation des médias dans le pays : « La fermeture illégale des médias a détruit près de 1000 emplois et le droit à l’information est mis en mal. » Selon lui, cette vague de répression porte un coup sévère à la presse guinéenne et fragilise davantage un secteur déjà vulnérable.
Violences et arrestations : le cas Bakary Gamalo Bamba
Outre les fermetures de médias, le SPPG a dénoncé les agressions physiques, arrestations, et emprisonnements dont certains journalistes sont victimes. « Le dernier cas en date est celui du journaliste d’investigation, le doyen Bakary Gamalo Bamba, » a précisé Pendessa. » Âgé de 68 ans, ce confrère du journal Le Baobab est poursuivi par le président de la CRIEF, Francis Kova Zoumanigui, qui l’a violenté avec des éléments de sa garde rapprochée avant de le jeter en prison. »
Ce cas, selon le SPPG, incarne l’escalade de la violence à l’égard des journalistes en Guinée, où les critiques du pouvoir en place sont réprimées de manière brutale. Les agressions répétées contre la presse témoignent d’un climat de répression qui affecte l’ensemble des acteurs médiatiques du pays.
Les journalistes contraints de vivre dans la clandestinité
Au-delà des agressions physiques, le SPPG a souligné les tentatives d’intimidation et de kidnapping dont sont victimes certains journalistes d’investigation. « Certains sont contraints à l’exil et d’autres obligés de vivre dans la clandestinité dans leur propre pays« , a affirmé Pendessa. Cette situation impose aux journalistes guinéens de prendre des mesures extrêmes pour exercer leur métier en toute sécurité, mettant en lumière un climat d’insécurité grandissant pour la profession.
L’ONU, un soutien décisif pour la presse guinéenne ?
Cette rencontre avec la mission onusienne a permis de mettre en lumière la détérioration des conditions de travail des journalistes en Guinée. En prenant en compte les témoignages du SPPG, la délégation des Nations-Unies s’est engagée à examiner de près la situation, sans toutefois préciser les actions futures. Pour les journalistes guinéens, ce soutien est crucial. Le SPPG espère que cette intervention de la communauté internationale amènera les autorités guinéennes à réévaluer leur position et à respecter la liberté de la presse.
Baïlo Fatako, pour Laguinee.info