La situation des ONG internationales au Niger devient de plus en plus complexe. Les autorités nigériennes ont récemment retiré l’autorisation d’exercer à deux organisations humanitaires, sans fournir d’explication. Un contexte de méfiance grandissante autour des acteurs étrangers semble s’installer.
Deux ONG sous le couperet des autorités
Les arrêtés ministériels publiés le 12 novembre annoncent une décision ferme : l’Agence française d’Aide à la Coopération et au Développement (Acted) et l’organisation nigérienne Action pour le Bien-Être (APBE) voient leurs autorisations d’exercer suspendues. Selon les documents consultés par Anadolu, l’ONG Acted, qui disposait d’une autorisation depuis le 14 décembre 2022, et APBE, en activité depuis 2009, se retrouvent ainsi contraintes de cesser leurs activités.
« L’autorisation d’exercice accordée à l’ONG dénommée [Agence française d’Aide à la Coopération et au Développement – ACTED] (…) par arrêté du 14 décembre 2022, est retirée à compter de la date de signature du présent arrêté« , peut-on lire dans le premier document officiel. Le même verdict est rendu pour APBE, sans autre forme d’explication, ce qui alimente les spéculations.
Un contexte de surveillance accrue
D’après le média nigérien Actuniger, cette interdiction n’est pas un cas isolé. Le Niger est en pleine phase de contrôle renforcé des ONG, avec les autorités militaires affirmant la nécessité de surveiller plus étroitement les interventions, tant locales qu’internationales. « Ce durcissement reflète les préoccupations grandissantes autour de la sécurité nationale et de la transparence des activités humanitaires », souligne Actuniger.
Pour de nombreux observateurs, cette mesure s’inscrit dans une dynamique plus large de tension entre le Niger et la France. Les autorités militaires, au pouvoir depuis le renversement du président Mohamed Bazoum en juillet 2023, ont en effet pris une série de décisions visant à réduire l’influence occidentale, accusant notamment la France de déstabilisation.
Un climat de défiance vis-à-vis de la France
Les médias français voient dans cette décision un prolongement des récents choix de Niamey pour évincer les forces françaises et américaines déployées contre le jihadisme. « Ils ont multiplié les prises de positions hostiles à l’Occident et à la France en particulier », rapporte France24, rappelant le contexte tendu qui règne depuis la chute du régime de Bazoum.
La France, de son côté, a catégoriquement rejeté les accusations de déstabilisation portées par les autorités nigériennes. Pour Niamey, la présence des ONG françaises pourrait représenter une menace indirecte. Mais pour les organisations humanitaires, cela signifie surtout un accès restreint à des populations vulnérables, souvent isolées.
Quel avenir pour les ONG au Niger ?
La suspension des activités d’Acted et d’APBE soulève des questions sur l’avenir de l’aide humanitaire au Niger. Les restrictions imposées par les autorités militaires risquent de limiter l’accès aux populations en besoin et d’entraîner un isolement accru du pays vis-à-vis de la communauté internationale.
Face à cette situation complexe, la communauté internationale s’interroge : quelles garanties pour les ONG dans un contexte où les motivations de l’État restent floues ?
Boundèbengouno, pour Laguinee.info