La situation politique en Guinée est devenue insoutenable. Dans un communiqué cinglant publié le 12 novembre 2024, les Forces Vives de Guinée (FVG) dénoncent la junte militaire au pouvoir, qui, depuis le coup d’État du 5 septembre 2021, ne cesse d’aggraver la crise dans le pays. Les FVG accusent le régime actuel d’avoir trahi ses engagements et de mener la nation vers un chaos total, tant sur le plan politique qu’économique, social et sécuritaire.
Un régime aux promesses brisées
Le communiqué des Forces Vives de Guinée commence par une alerte sévère : « L’heure est grave en République de Guinée. » Le régime en place, après avoir pris le pouvoir par la force, avait promis de restaurer l’ordre constitutionnel et de mettre fin à la mauvaise gouvernance. Trois ans après le coup d’État, ces promesses sont une farce. « La junte a pris le contrôle de l’appareil d’État, gouvernant sans aucune perspective de retour à l’ordre constitutionnel démocratique« , dénoncent les FVG.
Pire encore, ce régime illégitime ne respecte ni ses engagements ni la Charte de la Transition qu’il a lui-même rédigée, mentionnent les FVG : »Les Forces Vives de Guinée constatent que ce régime viole systématiquement ses engagements, plongeant ainsi le pays dans une situation chaotique et dramatique », soulignent-elles. Le pire dans tout cela, c’est que non seulement le pays sombre dans l’autoritarisme, mais les droits fondamentaux des citoyens sont constamment bafoués.
Mamadi Doumbouya : un serment trahi?
Selon ces Forces Vives, la trahison prend une tournure particulièrement inquiétante avec la probable candidature du chef de la junte, Mamadi Doumbouya, à la présidentielle. Le général, qui avait juré devant la nation et la communauté internationale qu’aucun membre de la junte ne se présenterait, est désormais prêt à faire le contraire. « Une trahison particulièrement grave réside dans la candidature désormais quasi-certaine du chef de la junte, Mamadi Doumbouya », affirment les FVG. Pour elles, ce comportement met en péril non seulement la stabilité du pays, mais aussi celle de la région.
Elles(FVG) vont plus loin et avertissent : « Si Mamadi Doumbouya commet ce parjure et confisque le pouvoir par une mascarade électorale, cela enverra un signal dangereux aux autres chefs de junte de la sous-région. » Selon ce communiqué, un tel geste risquerait de convaincre d’autres dictateurs en herbe que la voie des armes est plus légitime que celle des urnes. En gros, selon le communiqué, le Général Doumbouya pourrait ouvrir la porte à une dérive où les coups d’État deviennent la norme, au lieu de solutions démocratiques.
La répression des libertés publiques
Le régime de Doumbouya n’a pas seulement pris le contrôle de l’État ; il a aussi asphyxié toute forme de liberté. « Après trois ans de pouvoir autoritaire, toutes les libertés publiques sont confisquées », déplorent les Forces Vives. Les partis politiques et les organisations de la société civile sont muselés, et « les médias indépendants sont réprimés« . Plusieurs radios, comme Espace FM, FIM FM et Djoma FM, ont été fermées pour avoir critiqué le pouvoir. « Le peuple guinéen est ainsi privé de sa voix et des emplois précieux détruits« , ajoutent-elles.
La répression touche également les journalistes et militants qui subissent des poursuites judiciaires abusives, souvent pour des propos ou actions liés à la liberté d’expression. L’accès à Internet est régulièrement restreint, et la liberté d’expression est systématiquement criminalisée. « Les droits de l’homme régressent sous une insécurité permanente« , notent les FVG.
Disparitions, arrestations et répression violente
Selon les FVG, le climat de terreur est bien réel. Elles rappellent les arrestations arbitraires, les détentions prolongées sans jugement et les disparitions forcées, notamment celles de Foniké Mengué et Billo Bah, des personnalités de la société civile. La répression des manifestations pacifiques est également devenue une habitude : « Les Forces Vives de Guinée condamnent fermement l’interdiction systématique des manifestations et la mort de 63 jeunes Guinéens tués par les forces de sécurité lors de rassemblements pacifiques. » Une violence qui ne fait qu’aggraver la colère populaire, et qui semble servir à dissuader toute forme de contestation.
Une économie en déclin
Le tableau économique est tout aussi désastreux. La Guinée est en pleine dépression. « La paupérisation des citoyens s’aggrave dans un contexte de crise exacerbée« , avertissent les FVG. La hausse du coût de la vie, l’accès limité à l’eau potable et à l’électricité, et le manque de produits de première nécessité rongent les habitants. Mais ce n’est pas tout : « L’absence de transparence dans la gestion des ressources publiques, notamment des revenus miniers, ainsi que le pillage des deniers publics par les dirigeants, ont accentué la misère du peuple. » Le régime actuel s’enrichit sur le dos des Guinéens, négligeant les services essentiels comme la santé et l’éducation.
Appel à la mobilisation
Face à cette dérive autoritaire, les Forces Vives de Guinée lancent un appel urgent à l’action. « Les Forces Vives de Guinée lancent un appel solennel à l’unité d’action et à la mobilisation de toutes les forces vives de la nation, civiles et militaires, pour exiger le départ de la junte« , écrivent-elles. La transition doit être civile et s’installer au plus tard le 1er janvier 2025. Les FVG s’adressent particulièrement aux jeunes et aux femmes du pays, les exhortant à ne plus accepter d’être sacrifiés par un petit groupe d’individus.
Les Forces Vives rappellent aussi aux forces armées leur véritable mission : « Votre rôle est de protéger la nation, non de servir les intérêts personnels d’un groupe ou d’un homme. » Refuser de soutenir l’abus de pouvoir, insistent-elles, est un acte de loyauté envers la Patrie.
La Guinée peut-elle encore se relever ?
La Guinée est à un tournant de son histoire. Après trois ans sous la coupe de la junte, le pays est à genoux. Les Forces Vives de Guinée, dans leur communiqué, appellent à l’unité, à l’action et à la mobilisation. La question qui se pose maintenant est simple : le peuple guinéen acceptera-t-il cette dérive autoritaire ou se lèvera-t-il pour exiger un changement réel et durable ?