Ce samedi 9 novembre 2024, une opération de grande envergure a eu lieu à la décharge publique de Songbô, à Kissidougou. Plus de 38 tonnes de boissons alcoolisées frelatées ont été incinérées suite à une décision du Tribunal de Première Instance (TPI) de Kissidougou. En présence des autorités locales, de la police, de la gendarmerie et des médias, cet acte marque un nouveau pas dans la lutte contre la consommation d’alcool frelaté, particulièrement prisé par la jeunesse.
Une destruction symbolique pour la sécurité publique
La cérémonie, qui s’est déroulée à partir de 10 heures, a nécessité la mobilisation de trois camions pour transporter les produits jusqu’à la décharge. Sur place, le chef de parquet du TPI de Kissidougou, Mohamed Bama Camara, a salué cette action, la qualifiant de « mission accomplie ».
«Les boissons que nous incinérons aujourd’hui sont très nuisibles à la santé humaine, mais malheureusement, elles sont très prisées par la jeunesse à cause de leurs goûts aromatisés. Aujourd’hui, Kissidougou, de par sa position géographique, est ravitaillé par certains pays voisins, notamment la Sierra Leone et le Liberia. Pour lutter contre ce fléau, il est impératif de renforcer la vigilance pour éviter que Kissidougou ne devienne une zone propice au trafic des produits prohibés et des boissons frelatées. Pour mon parquet, c’est une victoire de plus, mais aussi un sentiment de satisfaction ; c’est vraiment pour nous une mission accomplie. Je remercie tous les acteurs qui ont contribué à la saisie et à l’incinération de ces boissons frelatées», a déclaré Mohamed Bama Camara.
Un défi de sécurité aux frontières
Le préfet de Kissidougou, le colonel Charles Kolipé Lamah, a également pris la parole pour souligner l’importance de cette action dans la protection de la population. Il a insisté sur la nécessité de continuer cette lutte de manière continue, en raison de la proximité géographique de Kissidougou avec les frontières.
«Cette lutte doit continuer sans relâche, car notre préfecture est située à l’entrée de la Guinée forestière. Nous devons barrer la route à tous ces produits dangereux qui nuisent à notre paisible population. J’invite mes compagnons d’armes, qui sont postés le long des frontières ou bien aux différents barrages, à veiller au grain. Je félicite le parquet de Kissidougou pour cette initiative», a affirmé le préfet Lamah.
Un contrôle de qualité en renfort
Sékou Oumar Tall, représentant de l’Office de Contrôle et de Qualité à Kissidougou, a rappelé l’importance de vérifier les produits consommés sur le territoire guinéen et la nécessité d’un contrôle strict de ces marchandises souvent issues de circuits clandestins.
«Tout produit qui n’est pas analysé, autorisé ou bien certifié par le laboratoire national de Matoto est considéré comme impropre à la consommation sur le territoire guinéen. Ces produits dangereux entrent clandestinement dans notre pays et inondent nos marchés, et pourtant, on ignore totalement dans quelles conditions ils ont été fabriqués. Cet acte du Tribunal de Première Instance de Kissidougou nous réconforte et nous rassure dans notre élan. Notre service a besoin du concours de tout le monde, à savoir les forces de sécurité et les populations, car on ne peut pas parler de développement si on a une population malade», a déclaré M. Tall.
Une lutte encore loin d’être gagnée
Au total, 198 sacs de 200 kg de sachets d’alcool frelaté avaient été saisis en octobre 2024 dans le quartier Kôrôdou 2, marquant le début d’une procédure judiciaire qui s’est soldée par l’ordonnance de destruction de ces produits. Bien que cette incinération représente une victoire pour les autorités locales, elle souligne aussi la difficulté de contenir ce fléau qui menace directement la santé des habitants.
Cette opération devrait rappeler l’urgence d’un renforcement des contrôles aux frontières et d’une implication citoyenne pour alerter sur la présence de produits suspects. La question demeure : dans un contexte où la vigilance reste la clé, la population et les forces de sécurité pourront-elles empêcher l’invasion de ces boissons nocives ?
De Kissidougou, Oumar Leno, pour Laguinee.info