Aujourd’hui, alors que le monde entier vit une véritable révolution numérique, la Guinée et plus largement l’Afrique voient émerger de plus en plus de startups technologiques. Ces jeunes entreprises, motivées par l’innovation, ont le potentiel de transformer l’économie et de créer des solutions locales qui répondent aux besoins de notre population. Mais, l’environnement fiscal actuel freine souvent leur croissance et limite leur impact. Pourquoi ? Parce que les charges fiscales s’accumulent dès le démarrage, alors même que ces entreprises ne génèrent pas encore de revenus significatifs.
Les défis fiscaux des startups technologiques en Guinée
En tant qu’entrepreneur dans le digital, j’ai souvent constaté que les charges fiscales représentent un véritable poids pour les startups, surtout au début de leur aventure. Dès les premiers mois, ces entreprises doivent faire face à des dépenses importantes : développement de logiciels, recrutement de talents qualifiés, marketing digital… et ce, sans les revenus réguliers nécessaires pour y faire face. Ces coûts initiaux sont souvent difficiles à supporter, et lorsque des charges fiscales viennent s’y ajouter, cela peut ralentir, voire décourager, des entrepreneurs qui ont pourtant de bonnes idées et une grande motivation.
Comment une politique fiscale incitative pourrait transformer le secteur?
Alors, que pourrait-on faire pour donner une chance à ces jeunes entreprises ? Une politique fiscale incitative, adaptée aux réalités des startups, pourrait être la solution. Par exemple, on pourrait envisager :
• Des exonérations fiscales temporaires pour les startups pendant leurs premières années. Cela permettrait aux entrepreneurs de réinvestir leurs premiers bénéfices dans l’innovation et le développement de leurs produits.
• Des réductions d’impôts pour les investissements en recherche et développement (R&D), un domaine essentiel dans le secteur technologique. En encourageant l’investissement dans la R&D, nous pourrions favoriser la création de technologies innovantes, développées par et pour les Guinéens.
• Des incitations fiscales pour les investisseurs qui soutiennent les startups locales. En facilitant l’accès au financement, le gouvernement pourrait encourager l’investissement dans le secteur technologique, stimulant ainsi l’innovation et la création d’emplois.
Ces mesures fiscales offriraient aux startups un coup de pouce indispensable, leur permettant de se concentrer sur ce qui compte vraiment : l’innovation et la création de solutions pour notre pays.
Vers un ministère dédié à l’innovation et à l’économie numérique
Un autre aspect fondamental pour l’écosystème digital en Guinée serait la mise en place d’un ministère dédié exclusivement à l’innovation et à l’économie numérique. Actuellement, le ministère des Postes, Télécommunications et de l’Économie Numérique a un mandat large, souvent focalisé sur les infrastructures et la régulation des télécommunications. Bien que ces domaines soient cruciaux, l’innovation et le soutien aux startups nécessitent une attention exclusive.
Créer un ministère de l’Innovation et de l’Économie Numérique permettrait d’encourager spécifiquement le développement des startups et de l’écosystème technologique. Ce ministère pourrait se concentrer sur :
• La formation en compétences numériques pour préparer la prochaine génération de talents tech.
• Le soutien direct aux startups à travers des financements, des incubateurs, et des exonérations fiscales ciblées.
• La mise en place d’un cadre réglementaire adapté pour favoriser l’innovation tout en garantissant la cybersécurité.
• Le développement de partenariats public-privé pour digitaliser les services publics et moderniser l’administration guinéenne.
En scindant le ministère actuel, la Guinée enverrait un signal fort de son engagement envers l’innovation et la transformation numérique. Cela permettrait de faire de l’économie numérique un pilier stratégique pour le développement du pays.
Des exemples inspirants à l’international
Plusieurs pays ont fait le choix de politiques fiscales incitatives et de structures gouvernementales dédiées au numérique. La France, avec son statut de “Jeune Entreprise Innovante” (JEI), accorde des exonérations fiscales aux startups technologiques. Singapour, quant à elle, a un modèle d’exonérations et un ministère axé sur l’innovation, ce qui a fait de cette nation un leader en Asie. La Guinée pourrait s’inspirer de ces modèles pour favoriser l’essor de ses propres talents et entreprises.
Un appel aux décideurs pour un changement structurel et fiscal
En tant qu’entrepreneur, je vois chaque jour les défis auxquels sont confrontées les startups guinéennes. Ce n’est pas seulement une question de financements ou d’opportunités, mais de vision et de soutien institutionnel. Un ministère dédié à l’innovation et une politique fiscale adaptée montreraient l’engagement de notre gouvernement envers les entrepreneurs et innovateurs qui veulent faire de la Guinée une nation digitale de premier plan.
Nous avons l’opportunité de réinventer notre politique numérique et de prendre des décisions audacieuses pour que l’innovation devienne un moteur de développement économique et social. En scindant le ministère des Postes et Télécommunications et en créant un ministère de l’Innovation et de l’Économie Numérique, ainsi qu’en adoptant une fiscalité favorable aux startups, la Guinée se donnerait les moyens de devenir un acteur majeur de l’innovation en Afrique. J’appelle nos décideurs à saisir cette opportunité stratégique pour l’avenir digital de notre pays.
Par Ibrahim Diallo, entrepreneur dans le digital et fondateur d’EASY LINK GUINEA