La phase des réquisitions et plaidoiries dans le procès de Dr Mohamed Diané, ancien ministre de la Défense sous Alpha Condé, a débuté ce mercredi 23 octobre 2024 devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Accusé de détournement de fonds publics, corruption, blanchiment de capitaux et enrichissement illicite, il risque une peine de cinq ans de prison.
Refus de coopérer
Dès l’ouverture de l’audience, l’avocat de la partie civile, Me Pépé Antoine Lama, a pris la parole. Dans sa plaidoirie, il a exprimé son inconfort face à l’attitude du prévenu : « Le prévenu a refusé de coopérer ». Selon Me Pépé, cette absence de collaboration rend la situation plus complexe, mais les preuves de corruption sont claires.
Me Pépé a insisté sur un marché public passé sous la direction de Dr Diané, alors ministre de la Défense, concernant l’achat de 28 pickups double cabine pour un montant de 11 milliards de francs guinéens. Le contrat a été attribué à la société Djoma SA, en violation flagrante des procédures de passation de marché, selon l’avocat. « Nous demandons à la Cour de le déclarer coupable des faits de corruption d’agents publics », a martelé Me Pépé.
Des «détournements de fonds colossaux»
L’accusation ne s’est pas arrêtée là. Me Pépé a également dénoncé une disparité de 500 milliards de francs guinéens entre les crédits alloués au ministère de la Défense et les dépenses effectuées sur une période de six ans. « Il n’a pas été capable de justifier ces écarts considérables », a souligné l’avocat, appelant la Cour à condamner Dr Diané pour détournement de deniers publics.
Enrichissement inexpliqué
Outre la corruption et les détournements, Me Pépé a insisté sur la différence marquée entre le patrimoine actuel de Dr Diané et celui qu’il possédait avant d’entrer au gouvernement. « L’enrichissement illicite est évident. Ses biens ne correspondent en rien à ses revenus officiels », a-t-il ajouté, en demandant une condamnation supplémentaire pour cet aspect de l’affaire.
Le procès, très médiatisé, pourrait marquer un tournant dans la lutte contre la corruption en Guinée. Avec des réquisitions aussi lourdes, la sentence à venir sera scrutée de près par l’opinion publique.
La Cour rendra son verdict dans les prochains jours, une décision attendue qui pourrait sceller le sort de l’ancien ministre.
Baïlo Fatako, pour Laguinee.info