Le ministère de l’Enseignement supérieur a récemment modifié le programme universitaire, passant de deux à cinq jours de cours par semaine. Une décision qui fait réagir les étudiants de l’Université Julius Nyéréré de Kankan, inquiets des répercussions économiques de ce changement.
Les étudiants entre satisfaction et crainte
Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a décidé de réorganiser le calendrier universitaire dans toutes les institutions du pays. Les cours, initialement répartis sur deux jours, seront désormais étalés sur cinq jours par semaine. Si certains étudiants de l’Université Julius Nyéréré de Kankan voient cette mesure d’un bon œil, beaucoup expriment néanmoins de vives inquiétudes quant aux conséquences financières et logistiques.
Interrogé sur place, Ibrahim Diallo, étudiant en licence 1 au département de sociologie, apprécie la régularité que pourrait apporter ce nouveau programme mais s’inquiète de la charge que cela représente. « Moi, j’ai beaucoup à l’idée de venir tous les jours à l’école, mais c’est quelque chose qui va beaucoup nous fatiguer. Il y a tant d’étudiants qui n’ont pas leur famille à côté, et venir chaque jour alors que tu dois faire un petit boulot pour subvenir à tes besoins, ça ne sera pas facile du tout. Au moins, avec trois jours c’était bon, avec deux matières par jour. »
Un fardeau financier pour beaucoup
L’impact économique de cette décision est la principale préoccupation des étudiants. Labilé Kalivogui, également en première année, souligne cet aspect : « Pour ma part, c’est une bonne décision car venir trois fois permettait de nous orienter sur autre chose, mais d’autre part, sur le plan financier, beaucoup n’ont pas leurs parents ici. Donc, ce nouveau programme va nous coûter cher. »
Les coûts liés aux déplacements, au logement et à la vie quotidienne, déjà élevés pour nombre d’étudiants, risquent de devenir insoutenables avec cette nouvelle organisation. C’est le constat amer de Sagna Hamidou, étudiant à Kankan : « Moi personnellement, ça m’intrigue. Ça n’a pas été bien réfléchi. Les deux jours nous fatiguaient déjà, alors cinq jours… Quand on calcule le prix des logements et des déplacements pour être à l’université, c’est vraiment trop. Il faudrait que le ministre revoie cela. »
Des difficultés à concilier études et travail
Pour de nombreux étudiants, l’équilibre entre études et travail devient une source d’angoisse. Jeannette Koïvogui, également étudiante à Kankan, partage ce sentiment : « Les conséquences, ça va vraiment nous fatiguer, surtout avec la distance qui nous sépare de l’université. Moi je suis logée à Bordo, de là-bas à l’université, c’est 15 000 francs l’aller. Aller-retour, ça fait 30 000 francs. Imaginez cela sur cinq jours. Il faut que le ministre revoie cela, nous savons que c’est pour notre avenir, mais c’est trop. »
Le ministère à l’écoute des préoccupations ?
Face à ces critiques, les étudiants espèrent une réaction du ministère de l’Enseignement supérieur. Ils appellent à une révision de cette décision pour alléger la charge financière et physique que représente ce nouveau programme. « Nous attendons une réponse favorable à nos cris de cœur », concluent-ils avec espoir.
Reste à voir si le ministère tiendra compte de ces revendications. Pour l’heure, l’inquiétude persiste parmi les étudiants de l’Université Julius Nyéréré de Kankan, qui peinent à entrevoir une solution à court terme.
De Kankan, Karifa Kansan Doumbouya pour Laguinee.info