Depuis le coup d’État militaire en Guinée, le 5 septembre 2021, la répression s’intensifie et les libertés fondamentales sont systématiquement bafouées. La situation est critique, et face à ce drame, Lydia Mutyebele Ngoi, députée belge, a lancé un appel pressant au gouvernement belge, exigeant des actions concrètes pour soutenir la société civile guinéenne et dénoncer les abus flagrants.
«La Guinée traverse une situation inquiétante»
Lors d’une session parlementaire, Lydia Mutyebele n’a pas mâché ses mots en évoquant la situation politique et des droits de l’homme en Guinée. S’adressant directement à la présidente de l’Assemblée nationale, elle a déclaré : « La Guinée traverse une situation inquiétante depuis le coup d’État du 5 septembre 2021 : les militaires au pouvoir répriment la dissidence, libertés fondamentales supprimées, les médias sont fermés, les opposants sont persécutés. »
Elle a poursuivi en dénonçant les disparitions récentes de deux figures emblématiques de la société civile guinéenne : « Les disparitions récentes de deux figures emblématiques de la société civile Oumar Sylla dit Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, enlevés et détenus sans nouvelles depuis juillet, montre la brutalité de ce régime. »
Ces violations des droits humains ne se limitent pas aux arrestations arbitraires. Madame Mutyebele a rappelé la violence extrême des autorités : « Depuis cette prise de pouvoir, 62 manifestants ont été tués par les Forces de Sécurité dans l’impunité la plus totale. Le retour à l’ordre constitutionnel semble repousser indéfiniment. »
Exiger des actions concrètes de la Belgique
La Députée a ensuite exhorté la Belgique à ne pas rester indifférente : « Nous devons en tant que défenseurs des droits humains dénoncer ces abus et exiger des actions concrètes. La Belgique ne peut rester simple spectatrice. Elle doit être un acteur de solidarité internationale. »
Elle a explicitement demandé à la présidente de clarifier la position de la Belgique face à cette crise : « Quelle position la Belgique adopte-t-elle face aux graves violations des droits humains en Guinée ? Quelles initiatives comptez-vous prendre au sein de l’Union européenne ou l’ONU pour demander la libération immédiate des prisonniers, notamment Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah ? »
La députée a également soulevé la question des sanctions internationales : « La Belgique est-elle prête à soutenir les sanctions ciblées contre les responsables des répressions ? » Face à l’impunité régnante, Mutyebele a insisté sur la nécessité de soutenir les acteurs locaux : « Que ferez-vous pour renforcer le soutien aux mouvements sociaux et aux défenseurs des droits humains en Guinée ? Envisagez-vous d’intensifier l’aide aux ONG pour documenter les exactions et soutenir les victimes sur le terrain ? »
La réponse timide de la Belgique
En réponse, la présidente de l’Assemblée nationale belge a reconnu la gravité de la situation en Guinée : « En tout cas, la situation en Guinée, effectivement, vous l’avez très bien évoquée, est grave. La situation des droits de l’homme est extrêmement difficile et la transition démocratique prend du retard, de multiples violations en matière des droits humains sont observées. »
Concernant les disparitions de Foniké Menguè et Billo Bah, elle a rappelé la réaction internationale : « L’Union européenne a réagi sur X le 12 juillet par la voix de son porte-parole de cette disparition en exprimant son inquiétude face à ces deux disparitions, face à toutes les arrestations arbitraires, et la Belgique s’inscrit évidemment dans cette déclaration ainsi que dans celle des Nations Unies qui ont appelé à leur libération et la protection de leurs droits. »
Sur la question des sanctions, elle a tempéré les attentes, rappelant la complexité des décisions européennes : « En ce qui concerne l’adoption éventuelle de sanctions ciblées, elle doit d’abord faire l’objet d’un débat préalable au sein du Conseil européen. »
Une réponse insuffisante pour une situation d’urgence
Madame Mutyebele a pointé du doigt la lenteur des décisions au niveau européen, dénonçant un possible « deux poids, deux mesures ». En réponse, la présidente a confirmé la nécessité d’unanimité au sein du Conseil européen pour toute sanction : « Pour toute sanction, il faut l’unanimité. Au moins que si nous n’avons pas l’unanimité, qu’il n’y ait pas de blocage à cette sanction autour de la table du Conseil européen. »
Malgré les efforts diplomatiques, Mutyebele a souligné l’urgence de la situation et la nécessité d’une pression internationale accrue. « Il est urgent de mettre fin à l’impunité en Guinée et de soutenir celles et ceux qui luttent pour une transition démocratique. La Belgique doit incarner ces valeurs de justice et de solidarité. »
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Boundèbengouno, Laguinee.info