samedi, octobre 19, 2024
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Projet Simandou 2040: «Un pays sérieux ne vante pas son potentiel naturel en détruisant ses ressources humaines…»

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Le régime transitoire en Guinée a récemment lancé le projet d’exploitation du plus grand gisement de fer d’Afrique de l’Ouest, situé à Simandou. Une annonce faite en grande pompe, mais qui suscite des critiques acerbes chez certains observateurs. Aliou Bah, président du Mouvement démocratique Libéral, dénonce ce qu’il perçoit comme une opération trompeuse visant à manipuler la population et détourner l’attention des vrais problèmes du pays.

Une promesse vide de sens

Pour Aliou Bah, ce projet ne fait que nourrir des illusions. « C’est tout de même pitoyable et révoltant de voir un jeune arborer un t-shirt sur lequel est floqué le slogan “Simandou 2040”, en ayant la tête et le ventre vides. »

Il s’indigne de voir des jeunes porter des slogans promettant une prospérité future, alors qu’ils ne bénéficient d’aucune amélioration concrète de leur quotidien. « En dehors des 50 000 fg (5€) qu’il empoche immédiatement et des faux espoirs que ses manipulateurs lui donnent, il n’est même pas capable de comprendre qu’il ne sentira les richesses de son pays que dans les discours et les affiches publics », ajoute-t-il, décrivant une situation où la population est exploitée au profit d’intérêts privés.

Des priorités mal placées

Le leader politique critique également la politique du gouvernement, qui, selon lui, valorise les ressources naturelles tout en délaissant les ressources humaines du pays. « Un pays sérieux ne vante pas son potentiel naturel en détruisant ses ressources humaines à travers l’exil, la persécution, la discrimination, la répression, le clanisme, etc. »

Pour lui, le véritable progrès réside dans le développement de secteurs clés tels que l’éducation, la santé et la justice. « C’est pourquoi, il aurait été plus compréhensible de célébrer l’excellence de nos écoles, nos hôpitaux, la sécurité publique, la justice, au lieu de vendre des illusions en profitant de la naïveté de certaines populations », déclare-t-il, fustigeant une politique qui, selon lui, profite aux élites tout en laissant la majorité de la population dans le dénuement.

Un modèle économique qui ne profite qu’à l’élite

Il souligne que malgré plus de cinquante ans d’exploitation minière, la Guinée demeure l’un des pays les plus pauvres du monde. « Plus de la moitié d’un siècle à exporter des minerais pour devenir l’un des plus pauvres pays du monde, il y a quand même à réfléchir pour un cerveau ambitieux », affirme-t-il. Cette observation met en lumière un paradoxe : le pays regorge de ressources naturelles, mais la majorité de la population ne profite pas de cette richesse.

Pour M.Bah, les préalables à une exploitation minière bénéfique ne sont pas réunis. « Aussi longtemps que les préalables à l’exploitation de nos ressources ne sont pas réunis, il ne faut espérer que celles-ci profitent à tous. »

Le pouvoir et ses dérives

Aliou Bah ne mâche pas ses mots en dénonçant le cercle vicieux de la corruption et de l’incompétence au sein du gouvernement. « Évidemment, le petit clan au pouvoir et la mafia des hommes d’affaires autour, vont toujours continuer de sucer la Guinée en reversant à sa population les slogans, les maquettes et les faux discours », accuse-t-il. Il prédit que la population continuera d’être dupée par des promesses vides : « Ça continuera ainsi d’applaudir et danser jusqu’à la prochaine arnaque », prévient-il, estimant que tant que la gestion des ressources sera orientée vers l’enrichissement d’une minorité, la Guinée restera piégée dans un cycle d’exploitation sans fin.

Un appel à la prise de conscience

Le président du MoDeL fait un sombre constat de l’héritage politique de la Guinée. « C’est aussi cela l’héritage de la révolution démagogique non ? La fête ventre creux, la fierté dans la pauvreté, le mensonge pour salir la réputation, la haine pour détruire son prochain et la fatalité pour se résigner », résume-t-il. Pour lui, il est urgent que les Guinéens se réveillent et comprennent les véritables enjeux de l’exploitation de leurs ressources naturelles. « Lorsque les séquelles d’un mal profond réapparaissent, les personnes conscientes et ambitieuses s’en inquiètent et alertent ! »

En fin de compte, la question demeure : la Guinée saura-t-elle un jour profiter de ses richesses sans sacrifier son peuple ? Pour Aliou Bah, tant que la gestion des ressources restera aux mains d’une minorité corrompue, le pays continuera de patauger dans la pauvreté, malgré ses immenses potentialités.

Boundèbengouno, pour Laguinee.info 

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