Depuis la prise de pouvoir par une junte militaire en septembre 2021, la Guinée est dirigée par le Général Mamadi Doumbouya. Sa gouvernance est qualifiée d’ «autoritaire» compte tenu de nombreuses violations des droits humains. Face à la répression croissante des libertés publiques, l’ancien Bâtonnier Me Mohamed Traoré a choisi de s’exprimer publiquement, dénonçant avec force l’attitude des régimes autoritaires, selon lui, manquent de clairvoyance dans la gestion des droits citoyens.
« La répression n’est pas une solution »
Dans une publication sans équivoque sur son compte Facebook, Me Traoré a critiqué ces régimes pour leur incapacité à comprendre l’importance de la liberté d’expression. « Les régimes autoritaires manquent souvent d’intelligence. Sinon, ils comprendraient qu’il est parfois très utile de laisser les citoyens s’exprimer librement, exprimer leur déception, leur désaccord, leur désapprobation, leur ras-le-bol par rapport à la conduite des affaires publiques. C’est une sorte de signal. »
L’avocat met en lumière un point essentiel : la parole des citoyens est un thermomètre du mécontentement social. Réprimer cette parole, c’est choisir de ne pas écouter, de ne pas agir en conséquence.
Une société en mal de thérapie
La liberté d’expression n’est pas seulement un droit fondamental, elle est aussi un moyen de prévenir les débordements. Me Traoré explique que « la libre expression des citoyens constitue une forme de thérapie, d’exutoire. Il vaut mieux laisser les citoyens s’exprimer que de les laisser accumuler des frustrations. »
Le climat de peur et d’intimidation instauré par les régimes autoritaires, selon l’avocat, ne fait que repousser l’inévitable. « Quand les frustrations s’accumulent, elles peuvent déboucher sur des violences. Ce qui est encore plus dangereux que la libre expression des citoyens. »
Pourquoi museler les citoyens ?
La question posée par Me Traoré est sans appel : « Dès lors, pourquoi supprimer les moyens d’expression des citoyens ? » En faisant taire les voix critiques, les régimes risquent de créer une situation où la colère, comprimée, finit par éclater de façon incontrôlable.
Bien que Me Traoré n’ait pas nommé explicitement le régime de Mamadi Doumbouya, ses propos s’inscrivent dans un contexte où la répression de l’opposition et la restriction des libertés sont devenues monnaie courante en Guinée. Les manifestations pacifiques sont souvent étouffées, les médias sont sous pression, et les voix dissidentes peinent à se faire entendre.
Écouter ou affronter ?
L’appel de Me Traoré est clair : écouter les citoyens n’est pas un signe de faiblesse, mais un moyen de désamorcer les crises avant qu’elles n’explosent. La gestion autoritaire des libertés publiques, loin d’assurer la stabilité, risque au contraire de provoquer l’implosion d’un système incapable de canaliser la colère populaire. L’avenir dira si les dirigeants de la Guinée entendent ce message, ou s’ils persistent dans une voie qui pourrait bien se révéler plus destructrice que la contestation elle-même.
Boundèbengouno, pour Laguinee.info