Un affrontement violent a secoué le district de Konkoï, dans la préfecture de Mandiana, du vendredi au samedi dernier. Des membres de la communauté locale ont protesté contre une société minière chinoise, accusée de détruire leur environnement. Les manifestations ont fait un mort, plusieurs blessés et causé d’importants dégâts matériels. Deux jours après, le préfet de Mandiana, Colonel Fodé Soumah, s’est exprimé sur les événements lors d’un entretien avec Laguinee.info.
Une situation qui dégénère
Les échauffourées entre les habitants et les forces de l’ordre ont éclaté après que les manifestants ont attaqué les installations de la société OXCMG, implantée à Konkoï. « Un groupe s’est attaqué à la société minière qui est implantée là-bas, que j’ai trouvée en place. Ils disent qu’ils ne veulent pas de cette société et ont même brûlé certaines installations », a déclaré le préfet Fodé Soumah.
Face à l’intensité des violences, les agents de sécurité sur place n’ont pas pu contenir la foule, obligeant les autorités à demander des renforts de Kankan. « Quand les renforts sont arrivés, les manifestants se sont attaqués à eux aussi, caillassant les véhicules et blessant des militaires », a précisé le préfet. C’est lors de ces altercations qu’une personne a trouvé la mort. « Il y a eu effectivement un décès, un jeune Burkinabé », a confirmé le préfet, soulignant que la situation était hors de contrôle.
Des accusations graves contre la communauté
Dans ses déclarations, le préfet de Mandiana a porté de lourdes accusations contre les habitants de Konkoï, les accusant d’avoir recours à des étrangers pour amplifier les violences. « Ils ont recruté des étrangers qui ne sont pas de Konkoï pour s’attaquer à la société et aux forces de l’ordre. Un Burkinabé, est-ce qu’il est de Konkoï ? Non, c’est un étranger. Que faisait-il sur le site, attaquant les forces de l’ordre ? », a-t-il martelé.
Cette accusation soulève des questions sur la présence de personnes extérieures dans le conflit, notamment le rôle du jeune Burkinabé décédé. Selon le préfet, les violences ont également touché les forces de sécurité, avec plusieurs militaires blessés. « Ils ont même blessé des militaires, il y a beaucoup de blessés dans les rangs des forces de l’ordre. Il y a eu aussi des arrestations de protestataires », a-t-il ajouté.
Une société minière contestée
Au-delà des violences, les habitants de Konkoï expriment leur mécontentement face à la présence de la société minière OXCMG, qu’ils jugent nuisible pour l’environnement. Ils dénoncent des pratiques qui ne respectent pas les normes en vigueur, mais le préfet reste évasif sur cette question : « Ça n’engage qu’eux parce que moi, je ne connais pas cela. J’ai trouvé la société en place ici. Si elle est implantée illégalement, je ne peux pas répondre à cela », a-t-il déclaré.
Cette ambiguïté alimente la colère des manifestants, qui estiment que les autorités locales ne prennent pas en compte leurs revendications. La situation reste donc tendue, malgré les appels au calme.
Appel au dialogue et à la négociation
Malgré l’intensité des événements, le préfet Fodé Soumah a tenu à rappeler l’importance du dialogue pour résoudre le conflit. « Je les ai toujours dit, même ce matin, je parlais avec le sous-préfet de les appeler à la retenue. Pour toute chose, il faut la négociation, ça ne peut pas se passer dans la violence. Ils doivent accepter de venir à la table de négociation », a-t-il exhorté.
Le préfet a également annoncé l’arrivée d’une mission en provenance de Conakry, envoyée par le ministre des Mines, pour évaluer la situation et répondre aux préoccupations de la communauté. « Il y a une mission annoncée de Conakry venant du ministre des Mines. Elle est mieux placée pour répondre à la question », a-t-il conclu.
Une situation incertaine
Si l’accalmie semble être revenue momentanément à Konkoï, la situation reste fragile. La mort du jeune homme, les arrestations, et les accusations de recours à des étrangers risquent de raviver les tensions. La mission attendue parviendra-t-elle à rétablir la confiance et à apaiser les esprits ?
De Kankan, Karifa Kansan Doumbouya pour laguinee.info.