Accusé d’avoir brûlé l’effigie du président de la transition à Kankan, le médecin pédiatre Docteur Mohamed Dioubaté, après 20 jours de détention à la maison centrale de Kankan, a été retrouvé mort dans sa cellule le dimanche 26 septembre 2024. Alors que la famille du défunt et l’opinion nationale s’interrogent sur les circonstances de sa mort, le préfet de Kankan, le Contrôleur Général Kandia Mara, fait des aveux et lève l’équivoque.
Dans la ferveur de la célébration du 66 anniversaire de l’indépendance de la Guinée, la ville de Kankan à l’instar des autres préfectures du pays, a connu une forte mobilisation ce mercredi 2 octobre 2024. En marge de cette célébration, une stèle de Mamadi Doumbouya président de la transition, a été érigée à un carrefour qui relie les quartiers Banankoroda, Korialén et Énergie dans la commune urbaine de Kankan.
En marge de l’inauguration de ce monument, le Préfet de Kankan, le Contrôleur Général Kandia Mara, a dans une allocution tenue en grande partie dans le dialecte Malinké, a déclaré ceci :
« Ce monument, le grand monument qui est là, je mets en garde en tant que préfet représentant du pouvoir central, des plaisantins vont se permettre de dire qu’il faut mettre de la craie dessus, il faut le dénaturer par des peintures la nuit. Celui que nous allons arrêter en train de faire ça, de la manière que l’autre est parti (allusion faite à Dr Dioubaté), c’est comme ça que tu partiras aussi. »
Cette déclaration du Préfet de Kankan, indique clairement que la mort de Docteur Mohamed Dioubaté, n’est pas un fait du hasard ni une mort naturelle. A l’en croire, il s’agirait d’un assassinat délibérément fait pour sanctionner un présumé dont la culpabilité n’était pas encore établie par la justice.
A la suite de cette confession publique et officielle du Préfet, dans un État de droit, l’action publique doit initier une procédure judiciaire à l’immédiat contre lui pour des faits d’assassinat ou complicité d’assassinat du médecin Mohamed Dioubaté.
La mort soudaine dans des conditions obscures de Docteur Dioubaté, intervient au moment où des populations expriment leur vive préoccupation et indignation face à d’autres cas de décès non encore élucidés. Il s’agit notamment de la mort du Général Sadiba Koulibaly, du Colonel Cécé Célestin Bilivogui et d’autres anonymes civils et militaires.
Les propos de la première autorité de Kankan, pourrait servir d’élément édifiant, pour soutenir la conviction de ceux qui estiment que les autorités de la transition, se sont inscrits dans une logique d’élimination physique de tous les opposants du régime.
Par ailleurs, selon le porte-parole des jeunes du quartier Banankoroda, ce monument dont le coût n’a pas été révélé, est l’œuvre d’un certain Moussa Kaba, en service à la Société Nationale du Pétrole (SONAP). Une société qui se trouve au cœur de plusieurs dénonciations des faits présumés de corruption et le détournement de deniers publics.
Affaire à suivre…
Babila KEITA