Incarcéré pour avoir brûlé le portrait du président de la transition, le Général Mamadi Doumbouya, au rond-point Komarala Loisirs, Dr Mohamed Dioubaté, médecin pédiatre à l’hôpital régional de Kankan, a été retrouvé mort dans sa cellule dans des conditions plus que douteuses.
Son incarcération et son décès soulèvent de nombreuses questions sur la manière dont les autorités traitent leurs dissidents. Quelques jours après la découverte de son corps, le préfet de Kankan, Kandia Mara, s’est exprimé lors de l’inauguration d’une statue de Mamadi Doumbouya au quartier Banankorada. Sa déclaration, désormais virale sur les réseaux sociaux, est révélatrice : « Le grand monument qui est là, je mets en garde quiconque, en tant que représentant du pouvoir central, parce que des individus qui essayeront de nuire, brûler ou mettre de la peinture sur, celui qu’on va appréhender, de la manière que l’autre est parti, tu t’en iras de la même façon. Que Dieu nous en garde de cela. »
Ces propos, empreints de menace, ne font que renforcer les doutes sur les circonstances de la mort de Dr Dioubaté. Ils révèlent un climat de peur instauré par un pouvoir qui fait régner l’intimidation. Les mots de Kandia Mara confirment ce que beaucoup pensent déjà : la mort du médecin n’est pas naturelle, mais le résultat d’une volonté manifeste de punir ceux qui osent s’opposer au régime.
L’affaire de Dr Mohamed Dioubaté met en lumière la dérive autoritaire en Guinée, où la liberté d’expression est désormais un luxe. Les organisations de défense des droits humains s’alarment de l’arrestation et des conditions de détention de ceux qui expriment leur désaccord, et les citoyens de Kankan exigent des réponses.
Face à cette situation alarmante, les Guinéens appellent à une enquête indépendante sur les circonstances entourant la mort de Dr Dioubaté. Le régime doit comprendre que l’oppression n’étouffera pas les voix qui réclament la justice et la vérité.
De Kankan, Karifa Kourouma pour Laguinee.info