Enlevé en novembre 2023 et conduit à une destination inconnue, le Colonel Pépé Célestin Bilivogui a été annoncé mort le 25 septembre 2024 de manière méprisante par les autorités militaires. Cet événement a provoqué une onde de choc au sein de la société guinéenne, et l’ONG IRDED a réagi en dénonçant ce qu’elle qualifie d’assassinat.
La disparition et la mort violente du Colonel Pépé Célestin Bilivogui continuent de susciter des réactions indignées en Guinée. Officier supérieur de l’armée guinéenne, il avait été enlevé en novembre 2023 dans des conditions obscures, sans aucune explication officielle sur son sort. Ce n’est que le 25 septembre 2024 que les autorités militaires ont annoncé son décès, une annonce qui a été perçue comme une humiliation supplémentaire par nombre de ses proches et collègues.
L’Institut de Recherche sur la Démocratie et l’État de Droit (IRDED), une organisation bien connue pour sa défense des droits humains en Guinée, a immédiatement dénoncé cet événement comme un assassinat. Dans une déclaration publique, l’IRDED a affirmé : « Nous constatons avec regret l’arrestation illégale, arbitraire et la détention en toute illégalité en dehors de toute procédure judiciaire des citoyens guinéens, au mépris de tout principe et valeur qui régissent la vie en société. Désormais, ces actes aboutissent au décès des victimes, comme l’illustre le cas du Colonel Pépé Célestin Bilivogui.»
Cette condamnation sans appel met en lumière un climat d’impunité inquiétant. Pour l’IRDED, le droit à la vie est inviolable, une valeur non négociable que les autorités doivent respecter. « Le droit à la vie est absolu et ne peut faire l’objet de marchandage,» rappelle l’organisation. En référence à la Charte de la Transition, qui sert actuellement de Loi Fondamentale en Guinée, l’IRDED souligne que les articles 8 et 11 stipulent clairement qu’« aucune situation d’exception ou d’urgence ne doit justifier les violations des droits humains. Nul ne peut faire l’objet de tortures, de peines ou de traitements cruels, dégradants ou inhumains. »
Pour l’ONG, les disparitions forcées deviennent de plus en plus fréquentes sous le régime de transition, laissant les familles des victimes dans une angoisse insupportable. « C’est en violation de ces dispositions que des citoyens sont victimes de disparition forcée, laissant leur famille dans l’angoisse perpétuelle et la douleur d’ignorer les nouvelles de leur proche. Une telle situation est plus qu’inquiétante, car cela peut entraîner des conséquences imprévisibles sur le maintien de la paix et la quiétude sociale, » s’alarme l’IRDED.
L’IRDED insiste également sur le fait que la situation actuelle représente une menace directe pour la paix et la stabilité en Guinée. Elle évoque la responsabilité des autorités, notamment du président de la transition, le Général Mamadi Doumbouya. Dans son appel au chef de l’État, l’organisation demande à ce dernier de réagir immédiatement pour mettre fin à ces violations flagrantes des droits humains : « Nous en appelons au Président de la Transition, Général Mamadi Doumbouya, de veiller à la sauvegarde de l’intégrité du territoire national et à la sécurité des personnes et de leurs biens comme il l’a librement souscrit dans la Charte de la Transition, dans l’intérêt supérieur du peuple de Guinée.»
Les critiques ne s’arrêtent pas à la mort du Colonel Bilivogui. L’IRDED réclame également la libération immédiate de plusieurs détenus politiques, dont Mamadou Bilo Bah et Oumar Sylla, alias Fonike Mangué, arrêtés en dehors de toute procédure judiciaire. « Nous sollicitons l’implication personnelle du Président pour la libération de Mamadou Bilo Bah et Oumar Sylla alias Fonike Mangué, ainsi que de tous ceux qui sont en détention en dehors d’une procédure judiciaire régulière. » L’organisation exige également l’ouverture d’une enquête rigoureuse pour identifier les responsables de la mort du Colonel Bilivogui. « Il est impératif que justice soit rendue pour le Colonel Bilivogui. Une enquête sérieuse doit être menée dans les meilleurs délais afin d’identifier les auteurs de ce crime. »
Le climat actuel en Guinée est empreint de tension et de méfiance envers les autorités. La mort du Colonel Pépé Célestin Bilivogui, combinée aux arrestations arbitraires de nombreux citoyens, dont plusieurs figures politiques, constitue une violation flagrante des droits humains. Si le Général Doumbouya et son gouvernement ne réagissent pas rapidement, la paix sociale, déjà fragile, risque de s’effriter davantage. Comme l’IRDED le souligne, la transition en Guinée ne peut réussir sans un respect strict des droits fondamentaux.
Boundèbengouno, Laguinee.info