Le 25 septembre 2024 marque la réouverture des écoles guinéennes, mais à Kankan, le tableau est désolant. Les enseignants se présentent en nombre, tandis que les élèves, en grande partie, restent absents. Ce constat est particulièrement frappant dans les établissements tels que le lycée Almamy Samory Touré, où à peine une dizaine d’élèves se sont montrés en classe.
Dans plusieurs autres lycées de la commune, notamment le lycée 3 Avril et le lycée Marien N’Gouabi, la situation est similaire.
Au lycée Marien N’Gouabi, le proviseur Lancinè Sidibe décrit la scène : « Ce matin, au sein du lycée Marien N’gouabi, les 17 enseignants programmés pour cette journée ont tous répondu présent. Au niveau de l’encadrement, la présence a été effective aussi. Les élèves, comme tout le monde le sait déjà, l’ouverture, pour eux, ce n’est pas facile. Seulement quelques élèves sont venus et ont reçu leurs premiers cours. »
Les raisons de cette désaffection sont multiples. La conjoncture économique difficile pèse lourd sur les familles guinéennes, rendant l’accès à l’éducation plus compliqué. Pour tenter de convaincre les parents d’élèves, Sidibe ajoute : « C’est la conjoncture actuelle qui n’est pas facile. Mais le département a pensé à la formation des enfants. Les années antérieures, l’ouverture des classes se faisait en octobre. Mais avec ce calendrier, on ne pouvait pas avoir neuf mois de cours. Et si Monsieur le ministre a jugé nécessaire d’avancer la date de la rentrée, c’est pour avoir les neuf mois de cours, de ce fait, tous les programmes seront achevés. Souvent, nous avons des problèmes dans les examens parce que les programmes ne sont pas terminés. Mais avec cette année scolaire, on pense que ça va marcher. Il faut que les parents s’efforcent à faire venir les enfants à l’école, même s’ils n’ont qu’un seul cahier pour continuer. Les élèves doivent accepter, les friperies sont moins chères, ils doivent venir pour accompagner la politique du gouvernement. Nous n’allons pas attendre les retardataires pour dispenser les cours. »
Fassou Lamah, élève en Terminale Science Sociale au lycée Marien N’Gouabi, fait partie des rares élèves présents. Il exprime sa satisfaction d’être là et lance un appel à ses camarades : « Aujourd’hui, je suis heureux d’être là pour ce premier jour, parce que mon objectif est d’avoir mon Bac cette année. Je conseille à mes camarades de venir à l’école si nous voulons réussir notre année scolaire, et cela passe par la régularité. »
À Kankan, la rentrée scolaire s’ouvre donc sur un paradoxe : l’engagement des enseignants face à l’absence massive des élèves. Une situation qui soulève des interrogations sur l’avenir de l’éducation dans cette région et qui appelle à une prise de conscience collective sur l’importance de l’école.
De Kankan, Karifa Kansan Doumbouya, pour Laguinee.info
