Ce 21 septembre 2024 marquait l’inauguration officielle du siège du Parti Démocratique pour le Changement (PDC), dirigé par Aboubacar Toumba Diakité. Une première assemblée générale qui intervient dans un climat lourd de controverses. Toumba Diakité, condamné en juillet dernier à dix ans de prison pour crimes contre l’humanité dans le cadre des événements sanglants du 28 septembre 2009, a néanmoins fait une réapparition politique, suscitant à la fois intérêt et consternation.
Dans son discours d’inauguration, Mara, membre désormais de ce parti, n’a pas hésité à s’ériger en victime d’un système judiciaire qu’il juge défaillant. « Le procès a révélé au peuple guinéen un homme de science, sage, humble, loyal », a-t-il déclaré, dénonçant un verdict qu’il qualifie de « voile d’incertitude sur l’indépendance de notre justice ». Des propos lourds de sens, au nom d’un homme autrefois associé à l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire de la Guinée.
Une réhabilitation controversée?
Toumba Diakité salue le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) et le chef de la junte, Mamadi Doumbouya, pour avoir, selon lui, réhabilité son nom, terni par des accusations qu’il décrit comme « organisées et orchestrées ». Cependant, au-delà de ses remerciements, l’homme désormais à la tête du PDC dresse un tableau sombre de la Guinée actuelle. Il appelle à une refonte complète du système judiciaire guinéen, affirmant que la condamnation dont il a fait l’objet soulève des questions fondamentales sur l’équité et la transparence dans le pays.
Les maux de la Guinée exposés
Mais ce n’est pas tout. Au-delà de sa propre cause, le discours s’est voulu un cri de ralliement pour les Guinéens. Il a détaillé les difficultés auxquelles sont confrontées les populations, de l’accès à l’eau potable à Kérouané, aux conditions d’éducation à Conakry, en passant par l’état désastreux des infrastructures de santé à Faranah. Il a aussi évoqué le quotidien des habitants des bidonvilles de Conakry, peignant un tableau accablant de la misère sociale qui gangrène le pays.
« Nous vivons dans une situation extrêmement difficile », a-t-il martelé, tout en lançant un appel à l’unité nationale pour surmonter ces défis. Il a pris soin de souligner l’importance d’une justice « plus juste, plus transparente et plus intègre », en insistant sur le fait que les problèmes du pays ne sont pas une fatalité, mais le fruit d’un système en déliquescence.
Un appel au changement
Le message du parti de Toumba Diakité a été clair : la Guinée doit changer, et son parti, le PDC, se positionne comme un acteur clé de ce changement. En dénonçant l’inaction de ceux qui détiennent le pouvoir, il invite les Guinéens à se mobiliser pour construire une société plus équitable.
Toutefois, le contraste entre ce discours et le passé judiciaire de son leader, ne manquera pas de susciter des réactions vives. Comment un homme condamné pour crimes contre l’humanité peut-il se présenter comme un leader de la rédemption nationale ? Ce paradoxe risque de diviser l’opinion publique.
Dans une Guinée où la soif de justice et de réformes est omniprésente, l’avenir politique de Toumba Diakité et de son parti reste incertain. Ce discours, aussi incisif soit-il, devra convaincre une population qui porte encore les stigmates d’une histoire récente marquée par la violence et l’injustice.
Ibrahima Alhassane Camara, pour Laguinee.info