Libre opinion : Condamné à perpétuité et faisant l’objet d’un mandat d’arrêt international après son évasion spectaculaire de la maison centrale de Conakry, le Colonel Claude Pivi, alias « Coplan, » l’un des acteurs clés en 2009 du massacre du 28 septembre au stade éponyme, a été appréhendé au Liberia où il se trouvait en cavale. C’est du moins ce que semblent confirmer les images qui circulent sur les réseaux sociaux depuis hier. Sur l’une d’elles, on aperçoit l’ancien chef de la sécurité présidentielle, surnommé « Grand Co, » visiblement amaigri, malade, et fatigué, traînant toujours son pied gauche, une blessure qui le rongeait déjà lorsqu’il était à la tête d’une aile de la sécurité présidentielle sous Alpha Condé. À l’époque, certains de ses hommes étaient convaincus que cette blessure finirait par nécessiter une amputation, tant la gangrène était avancée.
Manifestement, ce même pied maudit ne lui aura pas permis de s’échapper bien loin, puisqu’il a été arrêté au Liberia, pays voisin de la Guinée, où il se trouvait, apparemment à partir d’un centre de soins traditionnels. Sur la photo, une substance blanche recouvre son pied, suggérant un traitement à base de remèdes locaux.
La cavale du désormais ex-colonel, ancien ministre chargé de la sécurité présidentielle sous la junte militaire du Capitaine Moussa Dadis Camara, semble donc toucher à sa fin. Accusé aux côtés de ce dernier dans le procès relatif au massacre du 28 septembre 2009, Pivi n’avait pas attendu le verdict pour orchestrer sa fuite de la prison où il était détenu. Selon plusieurs sources, il aurait été libéré par un commando dirigé par son propre fils, Verni Pivi, un militaire radié de l’Armée avant d’y être mystérieusement réintégré.
À Conakry, la question brûlante qui agite les débats est celle de son extradition éventuelle vers la Guinée. Le mandat d’arrêt international lancé contre lui pousse certains à croire que son retour est inévitable, mais pour sa famille, l’extradition n’est pas la principale préoccupation. Ils s’inquiètent surtout du sort des enfants adoptifs, neveux, et de l’ex-épouse du colonel, arrêtés dans le cadre des enquêtes impliquant son fils Verni. Beaucoup, y compris ses avocats et une grande partie de l’opinion publique, estiment que ces détentions n’ont plus de fondement juridique, si tant est qu’elles en aient jamais eu, la responsabilité pénale étant strictement individuelle. À leurs yeux, les proches de Pivi devraient être immédiatement libérés, d’autant que l’homme, tel qu’il apparaît sur les photos, ne semble plus représenter une menace pour la sécurité nationale.
Abdoulaye Sankara