À l’approche de la rentrée des classes, les marchés guinéens s’animent de nouveau. Au marché d’Entag, vendeuses et parents d’élèves échangent sur les prix des fournitures scolaires, qui, à la surprise générale, restent stables cette année. Entre soulagement et doutes, l’ambiance est marquée par une prudence partagée.
Sous le ciel encore doux du matin, le marché d’Antag s’éveille doucement, ses étals colorés s’étendant à perte de vue. Ici, cahiers et stylos côtoient les tissus scolaires aux motifs familiers. L’air est empli de conversations entre vendeuses et parents, leurs voix se mêlant aux éclats de rire des enfants courant dans les allées. L’odeur des repas en préparation flotte au-dessus des étals, et le bourdonnement ambiant rythme la journée. Cette année, à quinze jours de la rentrée scolaire 2024-2025, une surprise inattendue s’est installée : les prix, souvent synonymes de casse-tête pour les familles, sont restés étonnamment stables.
Fatoumata, une vendeuse de tissus, arrange soigneusement ses étoffes sur son étal. « Pour dire vrai, cette année, le général Mamadi Doumbouya a beaucoup travaillé pour nous », lance-t-elle avec un sourire. Elle saisit un mètre de tissu bleu, symbole des uniformes scolaires. « Avant, la tenue était vendue à 20 000 fg. Mais maintenant, on l’achète à 15 000 fg. Je la vends à 18 000 fg, alors que d’autres vendent le mètre à 20 000 fg. » Les acheteurs passent, touchent les étoffes, discutent, mais dans leurs échanges, un soulagement discret se fait sentir.
Plus loin, Hawa Sanoh, une autre vendeuse spécialisée dans les cahiers et stylos, est aussi de bonne humeur. « Rien n’a encore augmenté, les prix sont les mêmes. Moi, je prends un carton de cahiers à 180 000 fg et l’académy à 55 000 fg en gros. On verra si ça dure », dit-elle tout en servant une cliente. Mais malgré ce calme apparent, elle n’hésite pas à exprimer une certaine prudence : « Mais tout peut changer avant la rentrée. Les vendeurs peuvent décider d’augmenter les prix d’un moment à l’autre. »
Dans cette effervescence légère, Moussa Sidibé, accompagné de son épouse, achète des tenues pour ses deux enfants. « Ils vont commencer l’école cette année. J’ai acheté deux mètres à 40 000 fg. Par rapport à l’année dernière, c’est vraiment mieux. On respire un peu », confie-t-il, le regard tourné vers les cahiers empilés à quelques pas. Ce sentiment de répit semble partagé par plusieurs parents qui, cette année, se retrouvent moins étouffés par les charges de la rentrée.
Pourtant, derrière les sourires et les discussions animées, une autre réalité se profile. Les vendeuses, tout en se réjouissant de la stabilité des prix des fournitures, s’inquiètent de la hausse des frais de scolarité dans certaines écoles privées. « Si ça continue comme ça, certaines familles ne pourront plus envoyer leurs enfants à l’école », s’alarme Fatoumata. « On fait ce qu’on peut, mais sans aide, ça devient compliqué », ajoute-t-elle, l’air pensif.
Alors que le marché d’Entag continue de bruire de vie, la rentrée approche à grands pas. Les prix des fournitures sont pour l’instant cléments, mais l’incertitude demeure. Les jours précédant l’ouverture des classes pourraient réserver des surprises, et pour les familles guinéennes, chaque franc compte dans cette course contre le temps.
Ibrahima Alhassane Camara, pour Laguinee.info