Au lieu de célébrer trois ans de transition du CNRD, il faudrait plutôt s’en inquiéter dans la mesure où 36 mois de pilotage à vue sans légitimité correspondent à plus de la moitié d’un mandat démocratique.
Tout citoyen conscient et ambitieux doit se poser les questions suivantes : Où va la Guinée ? À quoi le processus en cours va aboutir ? En le faisant, le bon sens lui suffira pour esquisser des hypothèses dont la plupart mènent à l’incertitude, pour ne pas dire au chaos.
Ne pas le faire, c’est choisir de tourner le dos à la réalité de son pays; se faire l’illusion que tout va se régler de soi-même; se tromper en se croyant à l’abri soit parce que vivant en dehors du territoire national, profitant du système ou se disant apolitique comme si les problèmes en question se réduisent à la politique.
En réalité, le CNRD s’est mis seul dans des difficultés comme une personne qui s’est mis un serpent dans son pantalon. Ses dirigeants ont cru pouvoir décrédibiliser, par la diversion et la manipulation, ceux qui peuvent gagner des élections démocratiques et dont ils ne veulent pas au pouvoir.
Ainsi, n’ayant pas pu fabriquer un leader charismatique favorable à leur agenda, ils espèrent garder maintenant le pouvoir et ses privilèges le plus longtemps possible sur fond de gros slogans (“refondation” “constitution millénaire” “économie centenaire”…), de répression, de confiscation de libertés et de “deals” à travers le secteur minier dont le Simandou en particulier.
Certes, les guinéens sont divisés par le fait de la politique et de la manipulation ethnique. Mais la plupart d’entre eux ne sont plus naïfs pour tomber dans n’importe quel piège. C’est pourquoi, le 14 septembre 2021, je disais au CNRD et à son chef que “le peuple à qui vous parlez est debout, et il vous attend ! Faites attention aux langues mielleuses et aux chanteurs de louanges ! Ce ne sont pas vos amis !”.
Malheureusement, je pense qu’il leur faudra plusieurs années pour comprendre le véritable sens des conseils que leur avait publiquement donné ce jour, avec les mots pourtant simples et adaptés à leur niveau de compréhension.
Quels que soient les moyens et les opportunités dont dispose une personne, si elle n’a pas la volonté de bien faire, cela ne servira à rien.
Hélas pour la Guinée !
Aliou BAH