Le lundi 26 août 2024,le quartier Hamdallaye a été le théâtre d’une manifestation qui a coûté la vie à Ibrahima Sory Sangaré, un jeune de 18 ans, abattu alors qu’il se rendait simplement à Madina pour acheter des vêtements, rapporte notre reporter. Ce récit plonge dans la douleur d’une famille dévastée.
Ce matin-là, rien ne laissait présager la tragédie qui allait frapper la famille Sangaré. Djenabou Diallo, la mère d’Ibrahima, se rappelle encore avec une précision douloureuse les derniers instants passés avec son fils. « Hier matin, il m’a réveillée pour la prière. Après, il est resté à la maison, et je suis partie à ma place de travail, » raconte-t-elle, les larmes aux yeux. Ibrahima, élève en terminale, a raté son baccalauréat cette année, mais il gardait espoir et continuait de se battre pour son avenir.
Ce lundi, Ibrahima avait un simple projet : aller à Madina avec un ami pour s’acheter des habits. « Il m’a dit : maman, je vais revenir tout de suite, attendez-moi, » se souvient sa mère, une pointe d’amertume dans la voix. Elle ne se doutait pas que ce serait la dernière conversation qu’elle aurait avec son fils.
L’après-midi avance, et Djenabou commence à s’inquiéter. Puis, vers 15 heures, deux jeunes hommes arrivent sur une moto. « Ils m’ont demandé qui s’appelle Sangaré ici, » dit-elle, sa voix tremblant sous le poids du souvenir. « Je leur ai répondu que nous sommes tous des Sangaré ici. Quand je leur ai demandé ce qu’il y avait, ils se sont mis à pleurer en m’annonçant que mon fils est décédé à Hamdallaye en quittant Madina. »
L’incrédulité s’est emparée d’elle. Ibrahima, ce jeune plein de vie, qu’elle avait vu sortir ce matin-là, était parti pour ne jamais revenir. Selon un ami du jeune homme, qui préfère rester anonyme, Ibrahima n’avait rien à voir avec les manifestations. « Ibrahima ne manifestait jamais, il ne jetait pas de pierres. On l’a tué alors qu’il ne faisait que passer, » explique-t-il, encore sous le choc. Il s’est précipité à la clinique où le corps d’Ibrahima avait été emmené. « Ils l’avaient tiré deux balles au front, » ajoute-t-il, la voix nouée.
Le quartier de Hamdallaye, théâtre de tant de violences, a vu une fois de plus la mort frapper aveuglément. « Ils ne tirent jamais sur les pieds, ils tirent sur la tête et le cou, ils tirent pour tuer, » s’indigne un proche du défunt. « Ibrahima est parti pour s’acheter des habits, pas pour manifester. Ce sont des assassinats ciblés, commandités par Mamady Doumbouya. »
À Conakry, la colère monte. Les Sangaré ne sont pas les seuls à pleurer un fils, un frère, un ami. « Nous sollicitons l’aide de la communauté internationale, » implore-t-on dans le quartier.
La vie d’Ibrahima Sory Sangaré s’est éteinte brutalement, laissant derrière elle une famille dévastée et une communauté en deuil. Mais au-delà de la douleur, c’est une profonde injustice qui résonne dans les rues de Conakry, où beaucoup se demandent combien d’autres vies innocentes devront encore être sacrifiées avant que la violence ne prenne fin.
Mamadou Hady Baldé, pour Laguinee.info