𝐌𝐄𝐒𝐒𝐀𝐆𝐄 À 𝐋𝐀 𝐍𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍 𝐏𝐎𝐔𝐑 𝐋𝐄 𝟔𝟒 è𝐦𝐞 𝐀𝐍𝐍𝐈𝐕𝐄𝐑𝐒𝐀𝐈𝐑𝐄 𝐃𝐄 𝐋’𝐈𝐍𝐃𝐄𝐏𝐄𝐍𝐃𝐀𝐍𝐂𝐄 𝐃𝐄 𝐋𝐀 𝐂Ô𝐓𝐄 𝐃’𝐈𝐕𝐎𝐈𝐑𝐄
𝗜𝘃𝗼𝗶𝗿𝗶𝗲𝗻𝗻𝗲𝘀,
𝗜𝘃𝗼𝗶𝗿𝗶𝗲𝗻𝘀,
𝗠𝗲𝘀 𝗰𝗵𝗲𝗿𝘀 𝗰𝗼𝗺𝗽𝗮𝘁𝗿𝗶𝗼𝘁𝗲𝘀,
En ce jour mémorable du 7 août 2024, alors que nous célébrons le 64ème anniversaire de l’indépendance de notre chère Côte d’Ivoire, je m’adresse à vous avec une immense fierté et une profonde émotion. Ce moment est un hommage aux luttes et aux sacrifices de ceux qui ont contribué à la naissance de notre nation, ainsi qu’un rappel de notre devoir de bâtir ensemble un avenir meilleur. C’est également l’occasion de faire un bilan honnête de l’état actuel de notre pays et d’examiner avec clarté les défis qui nous attendent. Notre Côte d’Ivoire traverse une période particulièrement difficile et il est essentiel de reconnaître les obstacles auxquels nous faisons face.
𝐀𝐮 𝐩𝐥𝐚𝐧 𝐩𝐨𝐥𝐢𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞
Le paysage politique de notre pays est marqué par un blocage total. Le processus de décrispation entre le pouvoir et l’opposition est au point mort, laissant place à des confrontations verbales incessantes et à des dérives inquiétantes. Les canaux de discussion sont obstrués et la montée des tensions verbales préfigure de confrontations à venir plus graves. L’incertitude quant à l’échéance électorale de 2025, notamment sur la question de savoir si le président actuel se représentera, alimente des tensions inutiles. La Commission Électorale Indépendante (CEI) est mise sous coupe réglée, avec des opérations de révision des listes électorales en violation des dispositions législatives. Les séquelles de la crise post-électorale de 2010-2011 continuent de peser sur le processus de réconciliation nationale et le régime actuel semble peu enclin à y remédier.
𝐀𝐮 𝐩𝐥𝐚𝐧 é𝐜𝐨𝐧𝐨𝐦𝐢𝐪𝐮𝐞
L’économie ivoirienne est en crise avec une dépendance accrue aux fluctuations des cours mondiaux des matières premières. La dette publique a fortement augmenté ces dernières années, atteignant près de 60 % du Produit Intérieur Brut (PIB) en 2023, alors qu’il n’était qu’à 38,4% du PIB il y a quatre ans, soit une augmentation de près de 20%.
Bien que le taux d’endettement reste sous le seuil critique recommandé de 70 % par la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), le service de la dette par rapport aux recettes fiscales est en hausse de 68 %. L’inflation, à 4,4 % selon les chiffres du gouvernement, dépasse le seuil communautaire de 3 %, exacerbant de fait les difficultés économiques. Actuellement, moins de 10 % des entreprises supportent l’intégralité de la pression fiscale, tandis que près de 90 % de l’économie reste informelle.
En effet, 95 % de nos Petites et Moyennes Entreprises (PME) ne génèrent que 20 % de la richesse nationale, alors que 5 % des multinationales présentes en Côte d’Ivoire produisent 80 % de cette richesse. Les experts s’accordent à dire que face à une crise grave, il est probable que ces multinationales, qui représentent la majeure partie de notre richesse nationale, choisissent de se délocaliser. Cela laisserait les PME locales, qui créent seulement 5 % de notre richesse, avec la lourde tâche de combler le déficit. Il est donc impératif de développer une économie nationale résiliente et performante à moyen terme, afin que la majorité de notre richesse soit générée par des entreprises locales.
𝐀𝐮 𝐩𝐥𝐚𝐧 𝐬𝐨𝐜𝐢𝐚𝐥
𝙇’𝙖𝙜𝙜𝙧𝙖𝙫𝙖𝙩𝙞𝙤𝙣 𝙙𝙚 𝙡𝙖 𝙘𝙝𝙚𝙧𝙩é 𝙙𝙚 𝙡𝙖 𝙫𝙞𝙚
La Côte d’Ivoire est confrontée à une augmentation alarmante du coût de la vie. Les prix des denrées alimentaires et des produits de première nécessité sont hors de portée des ménages à revenus modestes. En général, les prix des produits alimentaires ont grimpé de plus de 13,9 % sur l’année écoulée. Certaines denrées, comme les légumes frais, ayant augmenté de près de 30 % et le poisson de près de 17 %.
Par exemple, le prix du kilogramme de viande de bœuf a considérablement augmenté, passant de 2 400 francs CFA à 4 500 francs CFA à Abidjan. Le prix du kilogramme de riz varie maintenant entre 650 et 700 francs CFA selon les localités. Les augmentations touchent tous les secteurs : les produits alimentaires tels que l’huile de table, le sucre, la farine, le concentré de tomate, le lait, les pâtes alimentaires, le poisson thon, le piment, la pâte d’arachide et même la poudre de maïs pour le kabato, ont vu leurs prix croître de près de 50 %. De plus, les prix des vêtements, de l’essence, des communications et des frais de santé, ont également connu des hausses significatives.
Mais, je souhaite attirer votre attention particulièrement sur l’augmentation des factures d’électricité pour les Ivoiriens. Le secteur de l’électricité a subi deux hausses successives : la première, le 1er juillet 2023 et la seconde, le 1er janvier 2024. Cette double augmentation, intervenant en moins d’un an, a considérablement appauvri les ménages ivoiriens en augmentant leurs dépenses énergétiques. Cette situation a réduit leur pouvoir d’achat pour d’autres services essentiels tels que l’alimentation, la santé, l’éducation et les loisirs.
𝙇’𝙖𝙪𝙜𝙢𝙚𝙣𝙩𝙖𝙩𝙞𝙤𝙣 𝙙𝙪 𝙘𝙝ô𝙢𝙖𝙜𝙚
Le chômage a particulièrement augmenté parmi les jeunes et la pauvreté affecte environ 38 % de la population qui vit sous le seuil de la pauvreté, selon les données des institutions internationales. Cette situation économique difficile pousse de nombreux jeunes hommes, ainsi que des jeunes femmes enceintes souvent, à tenter de quitter le pays, parfois par des moyens désespérés tels que la traversée du désert du Sahara ou de la mer Méditerranée à bord de frêles embarcations. D’après les chiffres de l’Office International des Migrations (OIM) et du Haut-Commissariat aux Réfugiés de l’ONU (HCR), en 2023, plus de 12 000 personnes arrivées à Lampedusa (Italie) ont déclaré être ivoiriennes, soit une augmentation de 230 % par rapport aux cinq années précédentes. Chaque mois, environ 1 500 Ivoiriens essaient de rejoindre l’Europe via les côtes italiennes, ce qui constitue une véritable catastrophe nationale et internationale. Le manque d’emploi, l’absence de perspectives professionnelles, ainsi que les défaillances des systèmes éducatif et sanitaire, poussent nos jeunes à risquer leur vie dans le désert ou en mer, espérant atteindre un eldorado qui leur ferait oublier leur situation de misère dans leur propre pays.
𝙇𝙚𝙨 𝙙é𝙜𝙪𝙚𝙧𝙥𝙞𝙨𝙨𝙚𝙢𝙚𝙣𝙩𝙨 𝙛𝙤𝙧𝙘é𝙨 𝙚𝙩 𝙡𝙚𝙨 𝙞𝙣𝙤𝙣𝙙𝙖𝙩𝙞𝙤𝙣𝙨
Depuis le début de l’année 2024, nous avons été témoins, avec une profonde consternation, de la destruction impitoyable des habitations et des commerces de nombreux compatriotes. Ces démolitions ont conduit à la perte de centaines de maisons et de commerces, laissant des milliers de personnes sans abri ni source de revenus. Beaucoup ont vu leurs maisons et leurs commerces, souvent réunis en un seul lieu, disparaître, entraînant la perte de leur unique moyen de subsistance. Ces expulsions, souvent réalisées sans préavis ni compensation, aggravent la pauvreté en marginalisant encore davantage les populations vulnérables et en les poussant à la périphérie de nos villes. Les attaques soudaines et brutales contre leurs foyers ont causé un stress et des traumatismes importants, perturbant gravement leur bien-être mental et émotionnel. Les bulldozers ont également effacé la mémoire de plusieurs générations, détruit de nombreux lieux de culte et de culture séculaire, démantelant ainsi ce qui étaient autrefois des villages patrimoniaux.
Je tiens ici à témoigner ma compassion à ceux qui ont été les malheureuses victimes de ces évènements tragiques. Sans oublier nos autres compatriotes qui ont péri ou perdu leurs biens lors des inondations qui ont eu cours en Côte d’Ivoire, à cause d’une gouvernance irresponsable et incompétente.
𝙇’𝙖𝙪𝙜𝙢𝙚𝙣𝙩𝙖𝙩𝙞𝙤𝙣 𝙙𝙪 𝙩𝙖𝙪𝙭 𝙙𝙚 𝙨𝙪𝙞𝙘𝙞𝙙𝙚
Dans un tel contexte, il n’est pas surprenant de constater l’augmentation des cas de suicide. Le taux de suicide en Côte d’Ivoire a atteint des niveaux alarmants, mettant en évidence une profonde détresse sociale et psychologique. Selon une étude de l’unité de médecine légale du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Treichville, la Côte d’Ivoire se classe au troisième rang des pays africains avec les taux de suicide les plus élevés. Les récents cas de suicide, auxquels nous assistons impuissants, en sont une preuve manifeste. Derrière les apparences officielles, nos compatriotes souffrent profondément de tristesse et d’angoisse.
𝙇’𝙚𝙭𝙥𝙡𝙤𝙨𝙞𝙤𝙣 𝙙𝙚 𝙡𝙖 𝙘𝙤𝙧𝙧𝙪𝙥𝙩𝙞𝙤𝙣
La gouvernance actuelle de notre pays est marquée par une aggravation notable de la corruption. Les scandales, tels que la disparition des milliards de confection des passeports ivoiriens, les affaires de surfacturation des travaux de prolongement de la piste d’un aérodrome et de construction de postes à péage dont les coûts réels ont été multipliés par vingt, sont particulièrement préoccupants.
Récemment, des directeurs généraux ont été limogés pour mauvaise gestion après des audits, mais aucune mesure judiciaire n’a suivi. Chaque jour, la presse révèle de nouveaux cas de surfacturation, de détournement de fonds publics et de concussion impliquant des personnalités politiques, des ministres, des hauts fonctionnaires et des hommes d’affaires proche du parti au pouvoir, sans que le gouvernement n’adopte de mesures concrètes pour y remédier. Le manque de sanctions pénales pour les personnes impliquées dans la corruption favorise un climat d’impunité. La société observe et note qu’il existe un double standard : les petits voleurs sont sévèrement punis tandis que les criminels en col blanc se font juste taper sur les doigts et sont déplacés vers d’autres postes ou d’autres marchés publics où ils pourront voler encore plus. Tout cela renforce le sentiment d’impunité des puissants et la frustration des pauvres citoyens. La corruption systématique dans les hautes sphères de l’administration, y compris au plus haut niveau de l’État, est un trait distinctif des États défaillants.
𝙇𝙖 𝙧é𝙖𝙥𝙥𝙖𝙧𝙞𝙩𝙞𝙤𝙣 𝙙𝙚 𝙢𝙖𝙡𝙖𝙙𝙞𝙚𝙨 𝙙𝙞𝙨𝙥𝙖𝙧𝙪𝙚𝙨
La réapparition de pandémies telles que la Dengue, le VIH/SIDA, la Variole du singe, la Poliomyélite et la Fièvre jaune en Côte d’Ivoire, est préoccupante et inacceptable. Ces maladies ont des répercussions importantes sur la santé publique, l’économie et la confiance dans notre système de santé.
De plus, bien que la Couverture Maladie Universelle (CMU) soit en place depuis plus de dix ans, elle est largement critiquée pour son inefficacité et son impact minime.
𝐀𝐮 𝐩𝐥𝐚𝐧 𝐬é𝐜𝐮𝐫𝐢𝐭𝐚𝐢𝐫𝐞
La situation sécuritaire de la Côte d’Ivoire demeure préoccupante, notamment dans le nord du pays où la menace terroriste est persistante. À Abidjan, la criminalité organisée et les bandes de jeunes délinquants représentent un problème croissant. De plus, l’État lui-même est impliqué dans cette insécurité en armant des civils pour soutenir les forces de sécurité dans diverses opérations, y compris les déguerpissements de population.
𝐀𝐮 𝐩𝐥𝐚𝐧 𝐝𝐢𝐩𝐥𝐨𝐦𝐚𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞
Notre pays est en délicatesse avec presque tous ses voisins, en raison de l’ingérence dans leurs affaires internes et des soupçons que la Côte d’Ivoire soit utilisée par des puissances étrangères comme base d’opération pour leur déstabilisation. Cette situation contraste fortement avec la politique de bon voisinage mise en œuvre par le Président Félix Houphouët-Boigny, qui nous avait permis des décennies de progrès soutenu.
Face à ces multiples défis, je réaffirme mon engagement envers vous. Je suis déterminé à lutter contre la corruption, à promouvoir une gouvernance transparente, et à soutenir des politiques économiques plus humaines. Je salue les efforts des travailleurs, des enseignants, des entrepreneurs et de tous ceux qui, chaque jour, se battent pour améliorer notre situation.
En ce jour anniversaire de notre indépendance, faisons le vœu de réinventer ensemble notre pays. En unissant nos forces, nous bâtirons une Côte d’Ivoire plus forte, plus juste et plus solidaire.
𝗩𝗶𝘃𝗲 𝗹𝗮 𝗖ô𝘁𝗲 𝗱’𝗜𝘃𝗼𝗶𝗿𝗲 𝘂𝗻𝗶𝗲 𝗲𝘁 𝘀𝗼𝗹𝗶𝗱𝗮𝗶𝗿𝗲 !
𝐆𝐮𝐢𝐥𝐥𝐚𝐮𝐦𝐞 𝐊𝐢𝐠𝐛𝐚𝐟𝐨𝐫𝐢 𝐒𝐨𝐫𝐨
𝐏𝐫é𝐬𝐢𝐝𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐆é𝐧é𝐫𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐞𝐭 𝐏𝐞𝐮𝐩𝐥𝐞𝐬 𝐒𝐨𝐥𝐢𝐝𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬 (𝐆𝐏𝐒)