La multiplication et l’ampleur des accidents de circulation en Guinée sont devenues un préoccupant sujet pour bon nombre de Guinéens. Aujourd’hui 15 juillet, au lendemain du tragique accident de Hamdallaye, l’on pouvait lire sur le profil social de plusieurs de nos compatriotes, des interpellations et des propositions à l’endroit du Ministère des Transports. Partageant notamment les pertinentes idées de l’un d’entre eux (Israël KPOGOMOU), voudrais-je humblement apporter ma petite contribution à cette problématique de la sécurité routière qui, depuis toujours, marque notre actualité. Et à cet effet, l’État pourrait s’intéresser à travers le Ministère des Transports à des mesures structurelles de normalisation, de prévention, de contrôle et de répression de la circulation routière selon les propositions suivantes :
Le balisage des chaussées :
Avouons-le, les chaussées en Guinée sont très faiblement balisées. Il y a peu de balisages horizontales et verticales c’est-à-dire que les panneaux de signalisation et traits au sol sont très rares. Ce n’est que pendant ces cinq dernières années que les travaux publics ont commencé intégrer ces balisages dans les travaux de voiries urbaines ;
La mise en place de permis de conduire à points :
L’État devrait adosser au système de permis de conduire biométrique actuel, des mécanismes à points comme cela se fait aujourd’hui dans beaucoup de pays de par le monde. Ces permis à points auront pour avantage de dissuader les mauvaises conduites conformément au code de la route en vigueur. Certains types d’infractions équivalant à un nombre de points qui devront automatiquement sautés du permis du conducteur. Chaque infraction à ce code de la route équivaut. Les radars seraient l’un des outils décisifs de dissuasion et de répression des mauvais conducteurs. Comment cela pourrait-il se passer concrètement ? Le ministère des Transports devrait tout d’abord mettre en place un système digital de suivi des permis de conduire. Une fois cela fait, les nouveaux récipiendaires de permis après avoir validé leurs examens théoriques (code de la route) et pratiques (examen de conduite), auront 6 points sur leurs comptes. A chaque anniversaire de leurs permis, ils acquièrent 2 points supplémentaires jusqu’au troisième anniversaire du permis. Ce qui fait un total de 12 points sur 12 sous réserve de n’avoir pas eu de contravention nécessitant un retrait de point. Il va sans dire que l’État à travers le Ministères des transports doit faire un travail de codification des infractions eu égard au code de la route avant la mise en place de cette mesure.
La réforme des licences d’auto-écoles ainsi que de leurs curricula :
Nul besoin de rappeler ici que rares sont les auto-écoles qui répondent aujourd’hui à leurs cahiers des charges contractuelles vis-à-vis de l’État. Il faut que le département des transports veille à leur faire monter de puissance via des mécanismes de normalisation, d’évaluation et de contrôle ;
Le contrôle technique systématique des engins roulants :
En mars 2022, le Gouvernement avait instauré la systématisation du contrôle technique des engins roulants en Guinée. C’était une excellente initiative ! Où en sommes-nous aujourd’hui ? Qu’est-ce qui fait que cette mesure tarde à être respectée ?
La mise en place de brigade mobile de police routière :
Cette brigade aura pour mission principale d’identifier et immobiliser tout engin roulant présentant des signes manifestes de danger rien qu’à un simple coup d’œil. Ces engins généralement ne passant pas d’ailleurs de contrôle technique ;
L’Installation de radars de contrôle :
Il s’agira ici de la mise en place de trois types de radars :
Les radars fixes : ils ont pour mission de flasher tout véhicule excédent une vitesse maximum sur un tronçon préalablement balisé ;
Les radars mobiles : ils seront mis à la disposition d’agents de la police et de la gendarmerie qui auront pour tâche de faire des contrôles inopinés sur certains tronçons urbains, péri-urbains et même en rase campagne. L’idée étant de faire savoir à chaque automobiliste que l’État veille sur la sécurité de tous les citoyens guinéens où qu’ils soient sur le territoire national ;
Les radars de tronçon : Installés de part et d’autre d’un tronçon, ces radars auront pour mission de calculer la vitesse maximum autorisées sur le tronçon par un véhicule sur la base de la distance parcourue dans le temps. Toute vitesse excédant la vitesse maximum autorisée sur un tronçon sera verbalisée.
Enfin, est-il nécessaire que toutes ces mesures devraient permettre à l’État de non seulement réaliser l’une de ses missions régaliennes (la sécurité) mais aussi et surtout de mobiliser des ressources financières conséquentes.
Mohamed KOUYATÉ,
Spécialiste en Changements Institutionnels, Risques et Vulnérabilité Sociale