On peut légitimement s’inquiéter lorsque des citoyens sont interpellés en violation des règles de procédures. L’existence d’un régime d’exception issu d’un coup d’État militaire, quel que soit le pays, ne signifie pas le pouvoir de s’affranchir du respect de ces règles. Aucune situation d’exception ne peut justifier les droits de l’homme.
Aussi graves que soient les faits qu’on peut reprocher à un citoyen, la procédure pénale est aménagée de manière à ce qu’il y ait à tout moment un équilibre entre la prise en compte de l’intérêt général et celle de la protection des droits de ce citoyen.
Le code de procédure pénale n’est pas un simple ornement. L’interpellation, l’arrestation, les poursuites contre un citoyen doivent se faire conformément aux dispositions qui y figurent.
On ne peut se rendre compte de l’utilité du respect absolu des règles de procédure ou de la loi de manière générale que lorsqu’on est soi-même victime de la violation de ces règles. C’est d’autant plus important que la puissance n’est éternellement garantie à personne.
L’on a été témoin, il y a juste quelques jours, du sort pour le moins triste d’un officier général très puissant qui a perdu sa puissance du jour au lendemain et qui a connu une fin qui devrait donner à réfléchir. Que Dieu ait pitié de son âme.
Mais l’inquiétude face aux interpellations et arrestations arbitraires devient plus grande encore lorsque la justice se met « branchir » celles-ci c’est-à-dire donner un habillage légal à des cas de violation flagrante de la loi.
Tant que la justice joue son rôle de gardienne du respect des droits et libertés des citoyens, on peut espérer obtenir justice lorsqu’on est victime de la violation de ces droits et libertés.
Le sentiment de ne pas pouvoir compter sur la justice pour être rétabli dans ses droits, quelles que soient les exactions dont on pourrait être victime, fait encore plus mal que ces exactions.
Me Mohamed Traoré, ancien Bâtonnier de Guinée