Les Nations unies ont lancé une accusation fracassante contre l’armée rwandaise, l’accusant d’avoir déployé entre 3000 et 4000 soldats dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Selon un rapport des experts de l’ONU, présenté ce lundi 8 juillet, ces troupes rwandaises soutiendraient activement les rebelles du M23 (Mouvement du 23 mars) dans leurs conquêtes territoriales au Nord-Kivu, une province frontalière avec le Rwanda et l’Ouganda.
Les experts onusiens vont plus loin en affirmant que des officiers rwandais ont « de facto pris le contrôle et la direction des opérations du M23 ». Depuis la fin de l’année 2021, ce groupe rebelle a capturé plusieurs localités stratégiques, aggravant une situation déjà précaire. L’Ouganda voisin est également pointé du doigt pour son soutien actif au M23, accentuant les tensions dans la région.
Une situation explosive
Bintou Keita, émissaire de l’ONU en RDC et cheffe de la Mission de l’ONU pour la stabilisation de la RDC (MONUSCO), a exprimé devant le Conseil de sécurité ses profondes inquiétudes quant à l’escalade rapide de la crise. « Le gouvernement du Rwanda a renforcé son soutien au M23, lui permettant de réaliser des gains territoriaux majeurs dans l’est de la RDC. L’escalade rapide de la crise du M23 comporte un risque très réel de provoquer un conflit régional plus vaste », a-t-elle déclaré.
Au cours des deux dernières semaines, le M23 a capturé plusieurs emplacements stratégiques, dont la ville de Kanyabayonga. Cette avancée a non seulement déclenché de nouveaux déplacements de population, mais a également exacerbé une situation humanitaire et des droits humains déjà catastrophique. Le Sud-Kivu n’est pas épargné, avec des tirs indirects frappant Minova et d’autres villes voisines, tuant et blessant plusieurs civils.
Lors du débat au Conseil de sécurité, Zénon Mukongoy, représentant de la RDC à l’ONU, a appelé à des sanctions sévères contre les responsables de cette agression. « Le déploiement des soldats rwandais sur le sol congolais constitue une grave violation de la charte de l’ONU, de l’acte constitutif de l’UA et autres textes. Le Conseil de sécurité doit agir car les autorités rwandaises ne respectent pas les engagements pris et défient l’ONU », a-t-il déclaré.
En écho, le représentant du Rwanda à l’ONU a rejeté les accusations, estimant que ni une solution militaire, ni le fait de considérer le Rwanda comme bouc émissaire ne pourraient résoudre durablement la crise.
Les tensions ne cessent de monter entre les deux pays. Le président rwandais, Paul Kagame, avait déjà attisé le feu lors d’une interview accordée le 20 juin dernier à France 24, où il avait affirmé que son pays était « prêt » à entrer en guerre avec la RDC. « Nous sommes prêts à nous battre… Nous n’avons peur de rien », avait-il déclaré, refusant de confirmer la présence de soldats rwandais en RDC.
En réponse, Félix Tshisekedi, président congolais, avait accusé le Rwanda d’organiser un « génocide » dans l’Est de la RDC, accusation à laquelle Kagame avait répondu en accusant Tshisekedi d’orchestrer le retour d’une « idéologie génocidaire » visant les Tutsis congolais.
Les récentes déclarations et mouvements militaires font craindre le pire. La communauté internationale, par la voix de l’ONU, exprime ses craintes de voir ce conflit local dégénérer en une guerre régionale. Les prochaines semaines seront cruciales pour la stabilité de la région et pour la vie de milliers de civils pris au piège de cette escalade de violence.
Boundèbengouno, pour Laguinee.info