À Kissidougou, l’attente des grandes pluies, normalement prévues dès la fin mai, se fait douloureusement ressentir cette année. Ce décalage climatique perturbe sérieusement les activités agricoles dans une région habituellement bénie par les pluies abondantes de la grande forêt, rapporte le correspondant préfectoral de Laguinee.info.

M. Loucény Kaba, cultivateur résidant à Manfran, partage ses préoccupations : « On a déjà tout préparé pour la saison agricole 2024, mais la seule inquiétude est que la pluie tarde à venir comme on l’attendait et comme on l’avait planifié. Jadis, ici à Kissidougou, les grandes pluies commençaient dès fin mai et regardez aujourd’hui, on est le 30 juin 2024. Ce changement climatique doit inquiéter tout travailleur de la terre. »

La situation est également critique pour M. Mamady Dounoh, habitant du quartier Limanya et lui aussi cultivateur. Il exprime son désarroi face à ce retard inhabituel : « Cette année, franchement, la pluie a trop tardé à Kissidougou. Quand on regarde Guéckédou, Macenta ou N’Zérékoré, là-bas c’est déjà la saison des grandes pluies. Mais ce qui nous fatigue à Kissidougou, c’est la coupe excessive du bois, une coupe d’ailleurs incontrôlée, et voici où ça nous mène. C’est vraiment regrettable. »

M. Dounoh met en avant les conséquences de la déforestation incontrôlée dans la région : « Quand je vois toutes ces campagnes de reboisement, il n’y a presque plus de forêt à Kissidougou, tout a été coupé et exporté car à Kissidougou c’est ça la mine d’or. Nous ne pouvons que nous en prendre à nous-mêmes. Si ça continue à ce rythme, dans 5 ou 10 ans, il n’y aura presque plus de pluie à Kissidougou si l’État et nous-mêmes ne prenons pas nos dispositions. »

Face à ces inquiétudes, les agriculteurs de Kissidougou appellent à des mesures urgentes pour protéger l’environnement et garantir la pérennité de l’agriculture locale. Le changement climatique et la déforestation mettent en péril une région qui dépend fortement des cycles naturels pour sa subsistance.

De Kissidougou, Oumar LENO, pour Laguinee.info