dimanche, juillet 7, 2024
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Siguiri : Vers une bataille judiciaire entre les chasseurs traditionnels et la société aurifère SGGE pour dégradation de l’environnement

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Plus que jamais engagée dans la lutte contre la dégradation de l’environnement, après avoir signé un partenariat avec le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD) l’année dernière, l’Union des Chasseurs de Siguiri, par la voix de l’Union nationale des chasseurs de Guinée, vient de porter plainte contre la Société Aurifère Guinée Gold Exploration (GGE) pour obstruction d’un marigot se trouvant dans le district de Djiléngbè, à 14 kilomètres de la commune urbaine de Siguiri. Ils accusent cette société, en complicité avec certaines autorités locales, de dégradation de l’environnement en lavant leurs minerais dans le lit du marigot qui se trouve dans ladite localité, rapporte le correspondant régional de Laguinee.info.

Soma Touré est le président des chasseurs traditionnels de Siguiri, il donne des détails sur cette affaire : « Vous savez, nous avons signé un accord de partenariat avec le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD) pour la protection de l’environnement. Il se trouve que la société GGE a détruit le marigot qui se trouve dans le village de Djiléngbè, dont je suis originaire. Ils ont fait descendre 17 machines d’exploration de minerais qui travaillent dans le lit de ce marigot, alors qu’il a été dit par nos autorités qu’il doit y avoir 150 mètres de distance entre le lieu de travail et le marigot. Mais ils travaillent à l’intérieur même du marigot. J’ai informé mes chefs hiérarchiques et je suis allé informer le service des eaux et forêts. Ceux-ci m’ont dit d’aller au service de l’environnement, ce que j’ai fait. Arrivé là-bas, j’ai parlé au directeur, qui a délégué 5 personnes pour aller faire le constat sur le terrain. J’ai mis la main à la poche pour payer le carburant. Ils m’ont appelé pour me dire que ce que j’ai dit est vrai. Je leur ai demandé d’arrêter le travail et de curer le marigot. Ils ont décidé que je désigne deux personnes, le président du district aussi deux personnes plus deux autres, pour garder le marigot. Mais après dix jours, le travail n’était toujours pas fait. Ils m’ont appelé pour me dire de faire un compte rendu et j’ai dit que je ne suis pas d’accord », a-t-il longuement expliqué.

Plus loin, il accuse également la société incriminée d’avoir tenté de le corrompre avec de l’argent :

« Lorsque j’ai dit que je ne suis pas d’accord, la société est venue me chercher. Je me suis fait accompagner par un proche pour témoigner. Arrivés là-bas, ils m’ont fait savoir qu’ils voulaient savoir ce que je veux, en me montrant des papiers, selon eux, d’argent qu’ils auraient distribué entre des citoyens du village. Ils ont construit des ponts et forages pour le village et promis une somme de 100.000.000 pour faire la mosquée. Je leur ai dit que même s’ils faisaient le triple de ça, je n’en ai pas besoin. Ce que je veux, c’est la réparation du marigot. Pourquoi cela n’est-il pas fait ? Ils m’ont dit qu’ils avaient négocié cela. J’ai demandé avec qui ils avaient négocié. Ils m’ont répondu de dire ce que je veux, que l’argent qui serait utilisé pour curer le marigot pourrait m’être donné si je le voulais. J’ai dit non, je n’en ai pas besoin, et jusqu’à présent ils n’ont rien fait. »

Poursuivant, il porte de graves accusations contre le porte-parole de l’entreprise, un certain M. Antoine, qui aurait déclaré que la justice guinéenne se paye :

« Le porte-parole de l’entreprise a dit qu’il y a la justice en Guinée, mais qu’on peut l’acheter. J’ai dit que si la justice se laisse corrompre, j’irai à Kankan. Si Kankan se laisse faire, j’irai à Conakry. Il a répliqué que même le Président Mamadi Doumbouya ne peut pas changer leur décision. J’ai les preuves avec moi. C’est ainsi que j’ai quitté cette rencontre et je suis allé porter plainte au niveau de la justice. »

Rencontré à son tour, le procureur de Siguiri, Me Ibrahima I. Camara, dit être saisi du dossier :

« Effectivement, le nommé Soma Touré se plaint contre l’entreprise GGE et l’autorité locale, à savoir Bakary Samaké, Fanta Sékou Samaké, Sékou Samaké et d’autres personnes pour complicité de dégradation de l’environnement. De nos jours, l’entreprise est en train d’évoluer dans le lit du marigot. Nous avons convoqué l’entreprise ici. L’entreprise nous a fait comprendre que ce marigot est obstrué à cause d’un pont qu’ils sont en train de construire pour tout le village, parce que l’ingénieur qui fait le pont est obligé d’abord d’arrêter l’eau pour que les ouvriers puissent travailler. Ils disent que c’est ce qu’ils ont fait mais le pont est fini maintenant. Ils demandent 15 jours pour consommer ce délai afin que le pont ne soit pas endommagé. Il paraît que l’entreprise est en train de laver les minerais dans le lit du marigot. Nous leur avons demandé de se retirer du marigot et de faire un bassin en dehors du marigot où ils vont mettre de l’eau et laver les minerais. S’ils ne respectent pas ce délai-là, il y a une procédure qui est en place. Le dossier va être programmé et on va aller à l’audience. »

Joint également au téléphone pour avoir la réaction de l’entreprise incriminée, Nanamoudou Magassoussaba, chargé des relations communautaires de l’entreprise, n’a souhaité faire aucun commentaire sur le sujet.

De Kankan, Karifa Doumbouya, pour Laguinee.info

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