Dans une sortie médiatique, des commissaires de la Haute Autorité de la Communication (HAC), ont fait des déclarations sur les raisons qui ont occasionné la fermeture de quatre médias privés. Selon dame Djènè Diaby, les patrons des médias auraient pris de l’argent avec le Président de la transition dans le but, dit-on, de l’accompagner dans la transition. La non exécution de cet engagement aurait donc conduit à l’acharnement à la dégradation de la situation entre les autorités militaires et la presse.
Face à cette situation, Mohamed Mara, chroniqueur à Hadafo Média, un média concerné, a fait une sortie sur son compte Facebook, dans laquelle, il « exige la vérité » dans cette affaire.
Laguinee.info vous propose le contenu de son opinion
Chers concitoyens guinéens,
Il est de notre responsabilité collective d’exiger toute la lumière sur cette présumée affaire de corruption impliquant des journalistes et la présidence de la République. Des commissaires de la Haute Autorité de la Communication (HAC) ont affirmé publiquement, lors d’une mission officielle, que certains animateurs d’émissions de grande écoute perçoivent mensuellement des sommes d’argent et émargeraient dans un registre ouvert à la Présidence de la République.
Nous devons demander au Chef de l’État d’ordonner une enquête indépendante impliquant le Conseil National de la Transition (CNT), des ONG, des hommes de médias, des magistrats et des partenaires de la Guinée. L’image personnelle du président est éclaboussée par une affaire qu’on ne doit pas étouffer en sanctionnant rapidement ces commissaires. Des noms de conseiller et ministre influents ont également été cités, révélant peut-être ainsi l’ampleur d’une pratique corruptive gravissime. Les conséquences les plus abjectes de cette situation sont l’achat des consciences, la manipulation de l’opinion, et aujourd’hui, des menaces graves sur l’intégrité physique des journalistes qui ne participeraient pas à ce deal.
Cette affaire de corruption présumée a des conséquences désastreuses sur notre pays. Plus de vingt stations de radio ont fermé sur l’ensemble du territoire parce que certains de leurs responsables ont refusé de se compromettre dans ce scandale. Ces fermetures ont non seulement privé des milliers de citoyens de leur principale source d’information, mais elles ont également entraîné la perte de centaines d’emplois, aggravant ainsi la précarité économique.
La situation est encore plus préoccupante avec la fermeture de Espace TV et Dioma TV, les deux chaînes de télévision les plus suivies en République de Guinée. Cette mesure a renforcé le sentiment de manipulation et d’injustice parmi la population. De nombreux journalistes, connus pour leur honnêteté et leur refus de céder à la pression, se retrouvent aujourd’hui sans emploi. Pire encore, ils sont menacés dans leur intégrité physique, vivant dans la peur et l’incertitude.
Cette situation est inacceptable et nécessite une réponse ferme et rapide de la part des autorités. Il est impératif que des mesures soient prises pour protéger les médias indépendants et garantir la liberté de la presse. Les journalistes doivent pouvoir exercer leur métier sans craindre pour leur sécurité, et les citoyens ont le droit d’accéder à une information libre et non biaisée. La lutte contre la corruption doit être une priorité, et ceux qui en sont responsables doivent être tenus pour responsables de leurs actes.
Les montants annoncés, entre 100 000 et 300 000 euros par patron de presse, bien que nécessitant confirmation, exigent l’ouverture d’une procédure par la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financière (CRIEF). Vous me direz peut-être que je ne suis pas réaliste. Je l’avoue, tant cette CRIEF a été au centre de nombreux articles de la presse ces derniers mois.
En tant que journaliste, j’exige la lumière, toute la lumière sur cette affaire. Il est regrettable que l’un des commissaires a l’origine de ce scandale soit justement issu de la presse, ternissant ainsi une profession noble, pilier de l’État de droit et garante du droit des citoyens à l’information et à l’expression. La seconde, militante assumée de l’ancien parti au pouvoir, est entrée à la HAC alors qu’elle n’avait pas encore atteint l’âge minimum légal de 35 ans requis. À ce jour, ce n’est toujours pas le cas.
Comment pouvons-nous faire confiance à une telle institution, lorsqu’elle se tait volontairement et dédaigneusement sur les abus subis par nos médias, ignore nos courriers d’appels à l’aide et devient elle-même, à travers ces commissaires, un instrument de menaces et d’intimidation des journalistes en Guinée ?
Le rôle des citoyens dans cette affaire est crucial. En tant que peuple, nous avons le droit et le devoir d’exiger la transparence et la justice. Notre silence face à cette corruption ne fait qu’encourager ces pratiques néfastes. La société civile, mutilée et saignée à blanc, cache sa désunion derrière un silence honteux. Pendant ce temps, certains syndicalistes se la coulent douce sur les montagnes suisses, ignorant les centaines de familles de journalistes menacées d’être mises à la rue. Ce contraste scandaleux entre le silence complice de certains et la détresse de nombreux autres montre à quel point il est urgent que nous prenions tous nos responsabilités.
Le général Mamadi Doumbouya doit prendre ses responsabilités en ordonnant une enquête indépendante et des poursuites judiciaires sans interférence de l’exécutif, s’il veut laver son honneur et celui de toutes nos institutions.
Je vous remercie