Dans un communiqué diffusé dans la nuit du dimanche 26 mai 2024, le ministère des Mines et de la Géologie, ainsi que celui de l’Administration et de la Décentralisation, ont annoncé la suspension des activités d’exploitation artisanale de l’or et du diamant sur toute l’étendue du territoire national en Guinée. À Mandiana, l’une des plus grandes zones minières de la Haute Guinée, cette décision du gouvernement a provoqué la colère des orpailleurs, rapporte le correspondant régional de Laguinee.info basé à Kankan.
Dans un entretien téléphonique réalisé ce mercredi 29 mai 2024, plusieurs orpailleurs ont exprimé leur désarroi face à cette mesure, soulignant que l’arrêt de ces activités augmentera le risque de recrudescence du grand banditisme. De nombreux jeunes sans emploi dans les mines parviennent aujourd’hui à subvenir à leurs besoins grâce à cette activité :
« Dites au gouvernement que nous ne sommes pas d’accord. Nous ne voulons pas entendre cela, car nous sommes capables de nourrir autant de personnes à travers les mines que les cultivateurs. S’ils arrêtent ces activités, qu’allons-nous faire ? Ils n’ont pas créé d’emplois dans le pays. Je ne sais pas comment nous allons faire pour nourrir nos familles. Nombreux sont les jeunes qui vivent des mines, vouloir arrêter ces activités, c’est contribuer à la recrudescence du banditisme. Nous allons commencer à voler sans arrêt. Ce que les mines apportent aujourd’hui, les champs ne l’apportent pas aux laboureurs. Alors, qu’ils disent au président que nous ne sommes pas d’accord », déclare un orpailleur sous couvert de l’anonymat.
Parlant des raisons évoquées par le gouvernement pour justifier l’arrêt des activités, un autre orpailleur explique : « Concernant ces raisons évoquées, que la terre est mouillée, je pense qu’il y a plusieurs méthodes utilisées aujourd’hui pour stopper ce danger dans les mines. On a des méthodes, on utilise les bois dans les mines pour stopper les éboulements. Avec ces méthodes, il y a moins de danger ces derniers temps. »
Pour sa part, Moussa Doumbouya, également orpailleur résidant à Faragbèkoura, lance un appel au gouvernement afin qu’il revienne sur sa décision. « Je demande au gouvernement d’avoir pitié de nous. Les habitants qui arrivent à satisfaire leurs besoins grâce aux mines sont plus nombreux que ceux qui gagnent leur vie dans les sociétés ou avec le gouvernement. Donc, ils doivent nous donner encore du temps pour que nous puissions encore travailler, sinon ça ne sera pas facile pour nous », sollicite-t-il.
Karifa Kansan Doumbouya, pour Laguinee.info