Le retrait des licences de certains médias guinéens par la junte suscite de vives réactions chez les acteurs sociopolitiques du pays. Souleymane Souza Konate, président de la commission communication de l’ANAD, dénonce une violation flagrante de la charte de la transition.
« Le retrait des licences des groupes de presse Djoma, FIM FM, Espace et évasion FM est une grave violation de la charte de la transition et de toutes les lois supranationales ratifiées par la Guinée. Le CNRD à la prise du pouvoir c’était positionné comme des hommes et des Femmes vertueux, soucieux du bien-être des guinéens et disposer à rompre avec les pratiques anciennes notamment la corruption, l’enrichissement illicite, les détournements des deniers publics etc. Ces vieilles méthodes avec lesquelles le CNRD a promis de rompre mais qu’il a finalement répétées et amplifiées à la vitesse de l’éclair ont fait de la Guinée un pays régit par un absolutisme étouffant où la junte décide seule de ce que les citoyens doivent penser et/ou dire », déplore Souleymane Konate.
Réfléchissant aux conséquences que cette décision du gouvernement guinéen pourrait engendrer, notre interlocuteur invite chacun à défendre la liberté de la presse. Pour lui, nul ne doit être menacé pour ses opinions :
« C’est pourquoi, nous invitons les Guinéens à défendre la liberté de la presse et la liberté d’expression et ne pas laisser ce combat exclusivement à la presse car nous sommes tous autant qu’eux concernés. Le déficit de solidarité observé dans notre pays et la force des corporatismes et/ ou de l’ethnicisme émiettent et fragmentent nos luttes, les affaiblissent et évitent toute convergence ou agrégation des efforts avec pour seul gagnant l’oppresseur », dit M. Konaté.
Il a également dénoncé le silence de ceux qui sont censés prôner la paix dans le pays, silence qui risque de conduire la Guinée à l’extrême :
« Le silence des religieux, des coordinations régionales, des intellectuels et le patronat est incompréhensible. Ils sont prompts à parler de paix chaque fois que le peuple s’organise et décide d’exiger des autorités le respect de ses droits. Mais là, ils se taisent quand les agissements du CNRD risque de conduire la Guinée à l’extrême. On n’arrivera jamais à construire la paix en institutionnalisant l’injustice », pense l’acteur politique.
Cependant, M. Konaté exprime sa compassion à toute la presse guinéenne et salue le courage et la dignité des professionnels de la presse face aux exactions de la junte militaire depuis plus de six mois.
Mariama Dalanda Bah, pour Laguinee.info