dimanche, juin 30, 2024
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Procès du 28 septembre 2009 : le procureur Sidiki Camara ému aux larmes en évoquant le calvaire d’une femme violée

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En cette journée du mercredi 22 mai 2024, au cours des plaidoiries et réquisitions du procès concernant les événements tragiques du 28 septembre 2009, une scène poignante a ému l’audience : le procureur Sidiki Camara, visiblement bouleversé, a versé des larmes en racontant le calvaire d’une femme qui aurait été victime d’un viol brutal.

Dans un récit poignant, le procureur a partagé le cas de cette femme, que nous nommerons O.K. pour préserver son anonymat. Cette femme, nourrice et mère d’un bébé de trois semaines, aurait été enlevée au stade et soumise à des sévices inhumains pendant une semaine, selon les dires du procureur relayés par Laguinee.info. Cette tragédie prend une dimension encore plus sombre lorsque l’on apprend que la victime serait atteinte du VIH/sida.

Les mots du procureur, chargés d’émotion, décrivent l’horreur vécue par cette femme : « Monsieur le président, nous allons nous évertuer à procéder à l’administration des éléments de preuves qui vont fonder votre conviction. Parce que la preuve constitue l’âme de la décision du juge. Le premier élément de preuve, ce sont les chiffres. Des chiffres ont été fournis aussi bien au niveau de l’enquête mais aussi au niveau de l’instruction préparatoire. Et même dans cette salle d’audience, à travers le passage de certaines parties civiles et de certains témoins, d’autres chiffres ont été révélés, comme pour dire que cette affaire du 28 septembre est une réalité, il y a eu beaucoup de morts, ça a été véritablement de l’hécatombe. Le premier chiffre qui a été fourni est celui de la commission d’enquête internationale », dit-il, mentionnant un rapport joint au dossier :

« Vous avez un rapport au dossier qui atteste effectivement que le 28 septembre 2009 il y a eu des morts, des blessés et des femmes qui ont été violées au stade. Et lorsque vous lisez ce rapport-là, on vous dit qu’il y a eu 156 personnes tuées ou disparues, soit 67 personnes tuées dont les corps ont été remis aux familles ; 40 autres ont été vues mortes au stade ou dans les morgues et dont les corps ont disparu ; 49 autres vues au stade et dont le sort est inconnu ; au moins 109 femmes ont été victimes de viol et d’autres violences sexuelles y compris des mutilations sexuelles et d’esclavage sexuel (…) »,  Des paroles qui laissent entrevoir l’indicible souffrance endurée par cette femme et le désespoir qui en découle.

Face à cette terrible réalité, le procureur, submergé par l’émotion, a laissé libre cours à ses larmes. Cette scène témoigne de la gravité des faits et de l’impact profond qu’ils ont eu sur les personnes concernées :

« Il y a aussi la commission nationale d’enquête indépendante qui a fourni des chiffres. Dans son rapport, il est dit qu’il y a eu 58 cas de morts le 28 septembre 2009 et 5 autres cas de morts les jours suivants. Soit un total de 63 cas de morts, 1480 cas de blessés et 33 cas de viol et d’agression sexuelle… Aussi, monsieur le président, notre parquet avait écrit au CHU Donka qui, également, a fait un rapport. Et lorsque vous lisez ce rapport, on vous dira qu’il y a eu 89 personnes victimes de lésions par arme à feu, 14 personnes victimes de lésions par armes blanches, 389 personnes victimes de contusions, 4 personnes victimes sexuelles, 3 personnes victimes de brûlures, autres blessures 319. Soit un total de 815 victimes. Il y a aussi la médecine légale qui a produit un rapport. Un rapport dans lequel il est clairement indiqué que 58 corps, dont 24 au CHU Ignace Deen et 34 au CHU Donka».

Plus loin, il ajoute: « Aussi, monsieur le président, il y a Amadou Diallo, le journaliste de la BBC, qui a dit que selon ses propres investigations, il a pu compter ce jour 87 corps. Il y a aussi le Général Oumar Sano qui a dit ici qu’il y a eu 157 corps qui avaient été transportés dans quatre camions. Ces camions-là ont stationné dans l’enceinte du camp Almamy Samory Touré avant d’être acheminés vers Ignace Deen, même si le professeur Hassane Bah (médecin légiste) a dit que ces corps ne sont jamais arrivés à Ignace Deen. Aussi, monsieur le président, le Général Valentin Haba est passé ici, il a dit qu’il était au stade, qu’il a participé au ramassage de 54 corps. »

Pendant ce temps, au niveau du parquet, les réquisitions se sont poursuivies. Des preuves, telles que des chiffres et des certificats médicaux, ont été présentées pour étayer les cas de viols et de blessures enregistrés lors des événements du 28 septembre 2009.

Baïlo Fatako, pour Laguinee.info

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