Le Premier ministre Amadou Oury, connu sous le nom de Bah Oury, a récemment annoncé sur la chaîne TV5 Monde que le calendrier de la transition en Guinée ne serait pas respecté d’ici la fin de l’année 2024. Cette déclaration a suscité de vives réactions, notamment de la part de l’UFDG et de l’ANAD.
Dans un entretien exclusif avec Laguinee.info ce lundi 20 mai 2024, Joachim Baba Millimouno, responsable de communication de l’UFDG, a exprimé son étonnement face à cette annonce. Selon lui, la nomination de Bah Oury au poste de Premier ministre avait pour objectif de préparer l’opinion publique à ce retard. « Visiblement, Bah Oury a été nommé à ce poste de Premier ministre pour faire avaler la pilule. Lui seul s’accroche aujourd’hui à défendre la non-tenue de toutes les élections prévues en 2024 », a-t-il déclaré.
Joachim Baba Millimouno a rappelé que le président de la transition avait promis à plusieurs reprises, notamment sur France 24, que ni lui, ni les membres du gouvernement, ni les institutions de la transition ne chercheraient à se maintenir au pouvoir au-delà de la date prévue. Le porte-parole du gouvernement avait également assuré que le président ne resterait pas un jour de plus après le 31 décembre 2024. « À ce que nous sachions, le président de la transition a martelé plus d’une fois, d’abord sur France 24, et puis plusieurs fois que ni lui, ni les membres du gouvernement ou des autres institutions de la transition ne seront candidats à une quête du pouvoir. Et par la suite, le porte-parole du gouvernement a martelé, insisté, persisté que le président de la transition ne fera pas un seul jour de plus sur le programme convenu avec la CEDEAO, Ça veut dire pas jusqu’au-delà du 31 décembre 2024».
Cependant, Bah Oury semble s’engager dans une justification de ce report en avançant des arguments que Joachim Baba qualifie de « légers » et de « dilatoires ». Pour lui, ces explications ne tiennent pas la route et représentent une mission impossible : « M. Bah Oury, aujourd’hui, s’acharne à expliquer par des arguments aussi légers les uns que les autres, que la transition ne pourra pas prendre fin en 2024. Excusez-moi, mais c’est du dilatoire, C’est une mission impossible, comme le dirait l’autre.»
Face à cette situation, l’ANAD, dont Joachim Baba est un membre influent, a pris une position ferme. «Nous pour notre part, à l’ANAD, nous sommes assez clairs. Si le CNRD s’entête à ne pas faire les élections, nous trouverons un moyen de mettre fin à la transition militaire», a-t-il averti.
Joachim Baba a également souligné que l’ANAD avait initialement soutenu la transition pour assurer son succès. Mais avec les violations de la charte de transition, ce soutien s’est transformé en opposition. « Dès lors que la charte a été violée, le divorce a été consommé », a-t-il affirmé.
En cas de glissement de calendrier, l’ANAD et ses alliés sont prêts à ne plus reconnaître aucune des institutions de la transition. « Nous l’avons dit dans notre déclaration, en cas de glissement de calendrier, de non-respect du calendrier, eh bien, il arrivera où nous ne reconnaîtrons ni le CNRD, ni le CNT, ni le gouvernement, toutes les institutions d’attention, aucune ne sera reconnue. Et à date, il faut que le CNRD comprenne que l’ANAD, comme l’ensemble des forces vives, l’union sacrée, mais aussi la coalition pour le retour à l’ordre constitutionnel qui vient de naître, et beaucoup d’autres acteurs non affiliés, sont tous en train de demander que la transition prenne fin au plus tard le 31 décembre 2024. Rien n’empêche le CNRD d’organiser les élections», a-t-il prévenu.
Joachim Baba a conclu en exhortant le CNRD à organiser les élections comme prévu pour éviter une crise politique majeure en Guinée.
Sirani Diabaté, pour Laguinee.info