Le cinéma guinéen, longtemps en proie à divers obstacles entravant son essor, voit dans la télévision un allié précieux pour surmonter ces défis persistants. Dans cette optique, ce samedi, un journaliste-reporter de Laguinee.info a rencontré Aliou N’Doye, enseignant-chercheur, pour discuter de l’importance de la télévision dans l’épanouissement du cinéma en Guinée.
Au cœur de ces échanges, Aliou N’Doye souligne le rôle crucial de la télévision dans le développement cinématographique. Chef de programme dans une chaîne de télévision locale et enseignant-chercheur à l’Institut Supérieur des Arts Mory Kanté (ISAMK) de Dubréka, il met en lumière le lien étroit entre ces deux médias.
Selon lui, la télévision est intrinsèquement liée au cinéma, tel un enfant qui grandit et trouve appui auprès de ses parents. Dans ce contexte difficile pour le cinéma guinéen, la télévision peut offrir des opportunités en accompagnant les acteurs du cinéma, en co-produisant des œuvres, et en valorisant les contenus tout en les professionnalisant : « La télévision a un rôle standard dans le cinéma. Mais, ici le contexte fait que le rôle devient un rôle. C’est-à-dire comprendre que la télé est la fille du cinéma, c’est comme un enfant qui grandit et qui devait tenir la main de ses parents. Donc, c’est cette relation qui existe entre la télé et le cinéma. Maintenant, que notre cinéma a des problèmes, bien sûr, nous pouvons trouver des opportunités au niveau de la télévision pour essayer de riposter à ces problèmes qui assaillent le secteur. En quoi faisant, en accompagnant les acteurs du cinéma, en participant à la production en étant co-producteur, en valorisant les contenus qui se font en essayant les former comme le cinéma parallèle. Ils sont amateurs, nous allons essayer de professionnaliser leur amateurisme pour que le produit qu’il donne soit bien consommable mais aussi compétitif », dit-il.
L’enseignant-chercheur, il est primordial que les acteurs du cinéma guinéen fassent preuve de sérieux dans leurs œuvres, car, dit-il, des productions de qualité peuvent contribuer à promouvoir la Guinée à l’échelle internationale. Il encourage ainsi les scénaristes, les réalisateurs, les monteurs, et tous les acteurs de l’écosystème cinématographique à viser l’excellence afin de véhiculer une image forte et authentique de leur pays à travers leurs créations : « Il ne faudrait pas faire le cinéma juste pour faire le cinéma. Il faut faire du cinéma pour me mesurer aux autres. Car, pour nous faire connaître aux autres, il faudrait qu’on ait un bon cinéma. Le cinéma aide à ce que nous nous connaissons mieux, aide à ce que nous connaissons mieux les autres et il aide à nous faire connaître aux autres. Mais en donnant des produits fait dans les règles de l’art. Car ce n’est pas de l’amusement même si on peut le faire en s’amusant », ajoute-t-il.
L’histoire du cinéma guinéen, jalonnée de moments de gloire, rappelle son potentiel à rayonner à l’international. Des œuvres telles que « Mouramani, légende noire », réalisé par Mamadou Touré en 1953, ont permis de porter haut les couleurs de la Guinée sur la scène mondiale. Malgré ces succès passés, le secteur a par la suite connu une période de stagnation, perdant progressivement son élan sur la scène nationale et internationale.
Ainsi, dans cette quête de revitalisation du cinéma guinéen, Monsieur N’Doye pense que la télévision se positionne comme un levier essentiel pour dynamiser le secteur et lui redonner son éclat d’antan.
Ibrahima Alhassane Camara, pour Laguinee.info