Le président rwandais Paul Kagamé effectue un séjour de travail en Guinée, à partir de ce lundi 13 mai 2024. Son arrivée n’est pas une première. Face à la coopération établie entre lui et son homologue, le Général Mamadi Doumbouya, certains acteurs sociopolitiques interrogés par une journaliste de Laguinee.info, ont donné leur lecture de la situation.

Bayo Alpha, coordinateur national de la Maison des associations et ONG de Guinée (MAOG), estime que la nature de la coopération entre la Guinée et le Rwanda, nécessite des interrogations :

« Nous pensons que ces derniers temps, les voyage de M. Paul Kagamé se sont multipliés, notamment en République de Guinée. Et même lors de la célébration de la commémoration du génocide rwandais, le Ménéral Mamadi Doumbouya a été invité mais malheureusement, c’est sa femme qui s’y était rendue. Donc, ça voudrait dire qu’entre les deux hommes, il y a vraiment, de quoi s’interroger, bien entendu, puisque nous, en tant qu’organisation de la société civile, nous pensons que M.Paul Kagamé devrait se concentrer sur le développement de son pays, et d’ailleurs. Vous remarquerez que le pont de Kagbelen porte le nom de Paul Kagamé. Donc, ça veut dire qu’il y a vraiment de quoi s’interroger, et qu’est-ce que les deux hommes-là cachent derrière leur relation. On ne saurait le dire, mais qu’à cela ne tienne, on va rester très vigilants par rapport à cela, puisque nous savons que M.Paul Kagamé, c’est quelqu’un, après le génocide de Rwanda, qui avait pris le pouvoir par les armes.  Après, il a réussi à mieux organiser son pays. Et puis, il a organisé les élections, finalement, depuis lors et bientôt plus de 20 ans au pouvoir », a déclaré le coordinateur de la MAOG.

Monsieur Bayo émet des craintes quant aux relations entre ces deux hommes. Il pense que le président de la transition guinéenne pourrait être tenté de s’aventurer sur le chemin emprunté par le président rwandais dans son pays. Tout de même, il ajoute que les contextes socioculturels et politiques sont différents :

« Nous craignons quand même que cela soit un tremplin, un exemple que le Général Mamadi Doumbouya s’est servi. Les contextes sont différents et les peuples sont différents, et déjà, nous savons que dans le cas guinéen, Il y a ce qu’on appelle la charte de la transition qui a été unilatéralement élaborée par la junte militaire au pouvoir et qui a clairement dit que ni le président de la transition, ni les membres du CNT ou du gouvernement ou du CNRD ne seront candidats aux prochaines échéances électorales, ni les élections présidentielles, ni communales, ni communautaires, ni législatives, ça voudrait dire qu’ils sont exclus des élections qui pointent à l’horizon ».

A la question de savoir si Kagamé pourrait être un modèle en terme du respect des principes démocratiques, notre interlocuteur a répondu en ces termes:

« C’est une question qui est difficile à répondre puisque chaque année, en tout cas chaque échéance électorale, il organise les élections. Maintenant, est-ce que le simple fait d’organiser les élections régulièrement et que ces élections soient transparentes, est-ce que c’est ce qu’on appelle modèle en termes de respect des principes démocratiques ?Je me pose la même question ! Qu’à cela ne tienne, c’est un modèle de réussite, c’est un modèle de développement puisque, aujourd’hui, il a transformé l’image de son pays, le pays est devenu aujourd’hui une destination continentale.»

Sirani Diabaté, pour Laguinee.info