À l’occasion de la Journée Internationale du Travail, observée chaque 1er Mai, un entretien exclusif a été réalisé par Laguinee.info avec Sékou Jamal Pendessa, Secrétaire Général du Syndicat des Professionnels de la Privée de Guinée(SPPG). Au cœur de cette entrevue : les conditions de travail des journalistes. De manière détaillée, le syndicaliste a abordé les questions liées aux conditions de travail des journalistes guinéens, le harcèlement du pouvoir en place contre les organes de presse privée et les actions menées contre les maux qui minent la presse.
Laguinee.info : Bonjour, monsieur présentez-vous ?
Sékou Jamal Pendessa : Je suis Sékou Jamal Pendessa secrétaire général du SPPG.
Ce mercredi, 1 mai 2024, la Guinée a célébré la journée internationale du Travail. Nous vous avons vu dans un défilé de la presse, ce qui est une première fois en Guinée. Dites-nous, quelles sont les principales difficultés rencontrées par les journalistes en Guinée en termes de salaires et de conditions de travail ?
Sékou Jamal Pendessa : D’abord les salaires sont dérisoires, et ça n’arrive pas à couvrir mêmes les 60%des besoins des journalistes à la fin du mois. Même si y a des exceptions mais je parle de la situation globale. Il y a aussi beaucoup d’arriérés dans les médias. Sur ce plan donc nous avons des soucis. C’est qui est pire ce dernier temps, nous avons assisté à des chômages techniques à cause des restrictions illégales que la junte militaire est en train d’imposer aux médias. La plupart des radios sont brouillées et il ya beaucoup des chaînes des télé qui sont retirées des bouquets Canal + Startimes, ce qui fait que ça a joué beaucoup plus sur leurs audiences surtout sur les marchés et les annonceurs qui n’arrivent plus à venir. En termes des conditions de travail, il y a des équipements : il n’y a pas des équipements qui permettent aux journalistes d’exercer bien leur métier.
Concrètement, quelles actions entreprend votre association de presse auprès des patrons de presse pour améliorer les conditions de travail des journalistes ?
Principalement, on a toujours estimé que la solution globale à ces conditions de vie et de travail dans les médias c’est la convention collective et nous y travaillons depuis 2018. Malheureusement, cette année encore bien que nous avons reçu d’un coup le syndicat qui a lancé un appel à l’occasion de la journée internationale de la liberté de la presse, aux autorités aux partenaires et aux diplomates. Cet appel a eu un écho favorable ce qui fait que et les autorités et les partenaires se sont impliqués pour la première fois dans ce dossier de la convention collective. Le président de la transition avait donné des instructions au ministère de l’Information et de la Communication qui avait pris le dossier pour accompagner le processus qui est enclenché par le syndicat et le patronat. Mais malheureusement [c’est, ndlr] vers la fin malgré que les Nations unies ont appuyé le projet à travers l’Organisation Internationale du Travail et ont dépêché un émissaire sur Conakry. Deux fois, on a suivi des ateliers des formations ici et le deuxième atelier devait être consacré à l’amendement et la signature . Mais les patrons des médias à travers leurs représentants au sein des associations n’ont pas voulu qu’on signe le document, sinon aujourd’hui on aurait parlé d’autres choses mais pas la signature de la convention collective.
Etant un connaisseur de l’environnement médiatique guinéen, comment évaluez-vous l’environnement professionnel actuel des journalistes, notamment en ce qui concerne la liberté de la presse et les pressions exercées sur les professionnels ?
Cet environnement est très restreint. Il y a eu beaucoup d’atteinte à la liberté de la presse du fait que les autorités ont décidé de brouiller les radios et télé. Des sanctions illégales que la HAC ne cesse de prendre contre les journalistes de 3 mois à 9 mois, alors que les faits pour lesquels ils sont suspendus rejettent l’hypothèse de suspension. Parce que les reproches des diffamations contre des hauts dignitaires et la loi L002 qui réglemente l’exercice des médias ne prévoit pas la suspension en matière de diffamation, l’exception est faite seulement lorsque la diffamation porte sur des discriminations raciales ethniques. Or, tous les cas traités par la HAC n’ont aucun lien avec les discriminations ethniques. Même à ce niveau, il doit y avoir un avertissement. Même si on doit suspendre, voici ce qui va se passer au niveau de la presse écrite par exemple, on dit que la suspension va de 3 à 6 parutions. Donc, le maximum de la suspension c’est une semaine.
Dans ce cas, quels sont les principaux défis que les journalistes guinéens doivent relever pour exercer leur métier dans des conditions optimales ?
D’abord, c’est le défi de l’union. En plus de l’union, il faut être déterminé à ne pas accepter que quelqu’un vienne bafouer la liberté de la presse. Un journaliste digne de ce nom s’engage à défendre chèrement la liberté de la presse. On constate malheureusement que y en a qui s’accommodent à la restriction de la liberté de la presse, c’est difficile. Il faut donc avoir un sens de liberté très élevée.
Quelles seraient, selon vous, les mesures les plus efficaces que les autorités guinéennes pourraient prendre pour garantir de meilleures conditions de travail aux journalistes et assurer la pérennité de la liberté de la presse dans le pays ?
C’est d’abord de chercher à libérer les médias pour qu’ils puissent travailler convenablement pour pouvoir engranger des moyens et faire face aux salaires des travailleurs ainsi que leurs conditions de travail. Et laisser les journalistes exercer librement leur métier. Bien que nous couvrions parfois des événements gratuits, l’Etat doit comprendre que certaines de ses communications doivent être payées, donc par conséquent, il faut cultiver cet esprit vis-à-vis des médias et encourager les entreprises. L’état peut créer des mesures incitatives pour que les sociétés viennent communiquer suffisamment dans les médias et cela va permettre à ce qu’il y ait beaucoup des ressources et les journalistes seront bien payés et à temps. Une fois qu’on la convention collective, ça va résoudre beaucoup des problèmes.
Merci pour votre disponibilité!
Je vous remercie.
Interview réalisée par :
Mariama Dalanda Bah, pour Laguinee.info