Dans le cadre du procès relatif aux événements du 28 septembre 2009 en Guinée, une confrontation a eu lieu ce mercredi 17 avril 2024 entre l’ancien ministre de la Santé, Abdoulaye Cherif Diaby, et le Dr Ben Youssouf Keïta, médecin impliqué dans ces tragiques événements. Cette confrontation, rapportée par notre correspondant de Laguinee.info, a mis en lumière des divergences profondes entre les déclarations des deux protagonistes.
Dr Ben Youssouf Keïta a maintenu ses allégations précédentes, affirmant devant le tribunal que le colonel Diaby s’était rendu à l’hôpital Donka en uniforme militaire, accompagné de plusieurs soldats. Des déclarations catégoriquement rejetées par Abdoulaye Cherif Diaby.
Lors de son témoignage précédent, le Dr Ben Youssouf avait accusé le colonel Diaby de manquer d’empathie envers les victimes. Aujourd’hui, il a réitéré ses accusations, affirmant que le colonel avait violé le serment d’Hippocrate en ne montrant pas de compassion envers les patients.
« Le ministre de la Santé qui a prêté serment, nous avons la même profession. S’il n’avait pas prêté le serment d’Hippocrate qu’il connaît très bien, dont le point essentiel est de porter assistance en personne en danger. Même votre ennemi, quand il vous trouve, vous devez le soigner. Donc, la première qualité d’un médecin, c’est l’accueil. Et si vous venez trouver, c’est compatir, avoir le sentiment de pitié, de partage de la douleur de celui qui est en face de vous. C’est ça l’empathie. Malheureusement, le colonel, ce jour, n’était pas médecin mais militaire. S’il n’était pas médecin, je n’allais pas lui en vouloir. Mais il était venu avec hargne. Il n’avait pas d’armes, mais il a eu des propos déplacés d’un médecin envers un patient. Ce qui a cassé notre moral et qui nous a apeurés davantage», a déclaré Dr Ben Youssouf Keita.
Face aux questions du parquet, Abdoulaye Cherif Diaby a fermement nié les allégations du Dr Keïta, déclarant qu’il était « complètement déboussolé » face à l’affluence de blessés à l’hôpital Donka : « Ce qu’il m’a dit, je ne suis pas d’accord. Il ne peut pas lire ce qui est dans ma tête quand je suis rentré à Donka. L’affluence, les blessés à même le sol. J’étais complètement déboussolé », a déclaré l’ancien ministre de la Santé avant de nier en bloc d’avoir tenu des propos contre les patients à Donka.
Il a également affirmé n’avoir tenu aucun propos inapproprié envers les patients, soulignant que sa présence à l’hôpital était nécessaire en tant que ministre de la Santé pour rendre compte de la situation à qui de droit.
Baïlo Fatako, pour Laguinee.info