mercredi, novembre 13, 2024
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Faranah: affrontements violents entre les districts de Kamara et Layadoula

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Ce lundi 15 avril 2024, une flambée de violence a secoué les districts de Kamara et Layadoula, tous deux situés dans la sous-préfecture de Nialia, région de Faranah. Les affrontements, survenus aux environs de 8 heures du matin, ont entraîné des dégâts humains et matériels considérables, avec 32 blessés dont 5 femmes, ainsi que des dommages importants.

Le déclenchement de cette violente confrontation trouve son origine dans un conflit de longue date opposant ces deux localités au sujet de l’exploitation des ressources naturelles, en particulier les extractions de sable effectuées par une société chinoise dans une partie du fleuve Niger.

Dimanche dernier, l’arrestation d’un jeune du district de Layadoula dans le district voisin de Kamara, accusé de vol de carburant, a été le catalyseur de la violence. Malgré les tentatives de médiation, les tensions se sont exacerbées avec l’interdiction pour les citoyens de Layadoula d’accéder à leurs lieux de travail dans la société chinoise, déclenchant ainsi les affrontements.

Interrogé, Samba Mara, membre du bureau de la jeunesse de Layadoula, a pointé du doigt les griefs accumulés et les provocations répétées du district de Kamara. Il a également révélé les frustrations accumulées parmi les habitants de Layadoula, alimentées par un sentiment d’injustice et d’humiliation :

« C’est le problème de sable qui est à l’origine. Malgré la médiation du patriarche de Faranah, le district de Kamara nous a dit de suspendre tous les cas sociaux entre les deux villages. Maintenant, c’est hier que le fils du vieux Kouramory de Layadoula a été pris par les citoyens de Kamara avec sa moto. Le soir, le vieux Kouramory est allé plaider pour la libération du jeune de Layadoula et sa moto, en vain. Ils ont catégoriquement refusé en disant que la moto est confisquée sauf quand les sages de Sankaran se retrouvent afin de trouver la solution. Mais avant cela, les femmes de Layadoula avaient décidé de pêcher dans la marre du village de Layadoula cette année sans la participation du district de Kamara. Les femmes du district de Layadoula ont dit cela au président du district de Kamara à titre informatif et élargir cette information à ses citoyens. Cela, c’était dans le but d’éviter des affrontements entre les deux villages », introduit-il.

Plus loin, Samba poursuit : « Automatiquement, le district de Kamara décide à son tour d’interdire aux citoyens de Layadoula de ne pas mettre les pieds sur le sol de Kamara, toute la circonscription géopolitique de Kamara à l’exception de la route nationale qui appartient à l’État. La brousse de Kamara est également interdite aux chasseurs de Layadoula . Ils ont mis en garde les citoyens de Layadoula que quiconque sera appréhendé à Kamara regrettera de son sort. Donc, en commémorant sa fête de marre, Layadoula a invité les citoyens du district de Gbanworaya qui est voisin à Kamara sans inviter les citoyens du district de Kamara, c’est ce qui a provoqué le mécontentement des citoyens de Kamara.

Ce différend entre ces deux villages allait finir avant aujourd’hui, mais c’était le mois de Ramadan et les parents étaient à la mosquée pour les dix jours, donc, il fallait attendre dès après la fête et c’est ce qui a retardé les négociations entre les deux villages. Les femmes de Layadoula étaient vraiment énervées contre Kamara mais nous les hommes ne pouvions rien faire parce que c’est ce sont ces femmes-là qui gèrent les affaires de poissons », ajoute-t-il.

 Et de conclure en ces termes : « Dimanche soir, le vieux Kouramory nous a réunis autour de la mosquée pour informer de ce qui s’est passé à Kamara suite à l’arrestation du jeune avec sa moto qui est saisie. Layadoula avons décidé de ne pas réagir contre Kamara. Nous avons informé le président du district de Arféla, parce que c’est lui qui a commencé ces démarches pour régler le différend depuis le début. Ce matin, les fils de Layadoula qui travaillent dans la société chinoise ont été empêchés et chassés par les fils de Kamara parce que c’est sur leur sol qu’ils travaillent. C’est ce qui a provoqué la colère des jeunes de Layadoula jusqu’à ce qu’il y a eu les affrontements ».

De son côté, Layeba Cissé, représentant de la jeunesse de Kamara, a confirmé l’arrestation du jeune de Layadoula, mais a également souligné les tensions croissantes résultant des restrictions imposées par les deux districts

: « Effectivement, il y a eu affrontement ce matin entre ces deux villages. Layadoula avait interdit toutes les activités sociales et économiques entre nous et nous les avons interdit aussi. Suite à ça, c’est hier matin[dimanche, ndlr] que nous avons appréhendé un jeune de Layadoula avec sa moto et les bidons de gasoil. Il y a un de leurs sages nommé Kouramory qui est venu demander à ce qu’on relâche le jeune et sa moto mais nous avons refusé sa libération, sauf quand il sera corrigé comme la loi le dit. C’est le retour du vieux Kouramory à Layadoula qui incité les citoyens de Layadoula contre nous de Kamara.  Ce matin, nous avons dit qu’on ne veut pas voir les fils de Layadoula ici à Kamara. C’est cette interdiction qui ne leur a pas plue et c’est ce qui a provoqué les affrontements entre nous », relate-t-il

L’escalade de la violence a conduit à une situation chaotique, avec un afflux de blessés à l’hôpital régional de Faranah. Le docteur Aboubacar Dabo, médecin chef des urgences, a décrit un tableau alarmant, avec 32 blessés dont 4 graves, nécessitant une prise en charge immédiate: « C’est vers 8h que nous avons été alertés par les autorités. Immédiatement nous avons pris les deux ambulances pour partir. Arrivée là-bas, nous avons trouvé qu’ils étaient en confrontation, une bagarre a éclaté entre les deux villages là. Donc, nous avons commencé à envoyer les blessés au fur et à mesure. Au total nous avons reçu 32 blessés dont 4 étaient graves, 15 avaient le traumatisme crânien, 13 avaient des contusions simples. Ce qui faisait 32 blessés. Parmi les 32 blessés, il y a 5 femmes et 27 hommes. Donc, c’est ce que nous avons reçu dans la journée d’aujourd’hui ».

En partance pour calmer les ardeurs, le voiture du gouverneur de Faranah a été bloquée.

La situation est finalement parvenue à un calme précaire après l’intervention des forces de l’ordre, mais les tensions persistent. Des accusations ont été portées contre les autorités locales, accusées d’être impliquées dans le conflit.

De Faranah, Ibrahima Oularé, pour Laguinee.info

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