Ce matin, au tribunal de première instance de Dixinn, délocalisé à la cour d’appel de Conakry, les regards étaient rivés sur les accusés du terrible massacre du 28 septembre 2009. Moussa Dadis Camara, Aboubacar Toumba Diakité et Marcel Guilavogui étaient au centre des débats, confrontés à une série d’interrogations brûlantes, rapporte un reporter
La question brûlante : qui dirigeait réellement la garde présidentielle ? Une interrogation cruciale soulevée par le président du tribunal, Ibrahima 2 Tounkara, qui a mis en lumière des réponses controversées.
Moussa Dadis Camara a tenté de se décharger de la responsabilité, affirmant que c’était Aboubacar Toumba Diakité qui avait les rênes de la garde présidentielle :
« La garde présidentielle, il y avait les deux éléments qui ont été arrêtés sous prétexte qu’ils voulaient faire un putsch. Cette garde présidentielle, par la confiance que j’ai eu au commandant, c’est Toumba qui faisait toutes les planifications ; je n’étais pas là pour me planifier moi-même. Les hommes de garde qui doivent me garder venaient de lui, la gestion du personnel et aussi au niveau du salon quand je dois sortir ce n’est pas moi qui désigne les gens. La gestion de la garde présidentielle, du personnel c’est lui qui l’assurait. Il coordonnait les gens de Tombo, du Camp Makambo, et du Km 36. »
Il a ajouté que pour devenir commandant de la garde présidentielle c’est une question de confiance. Sur la question de savoir s’il n’y a pas d’acte pour la nomination de la garde présidentielle, Moussa Dadis Camara souligne : « Il y a un acte qu’on a signé pour nommer l’intéressé à cette fonction. C’est moi qui pouvais le faire en ce moment. Le Régiment qui était là, c’est lui qui gérait le Régiment et qui faisait la planification des hommes en même temps c’est lui qui gérait la garde présidentielle. C’est le commandant Toumba qui me gérait »
Marcel Guilavogui a quant à lui joué sur les mots, arguant que le terme « commandant de la garde présidentielle » n’existait pas, et que chaque individu avait des responsabilités distinctes au sein du prétendu Régiment présidentiel. « C’est un soi-disant Régiment que le président lui-même a fondé. Dans les camps et même à la présidence. C’est l’ensemble de ceux-ci vu le nombre on les a nommé Régiment. Chacun avait sa responsabilité du commandement. Il y avait un commandant du salon du président de la République, son aide de camps qui travaille avec ce salon et les autres qu’on appelle la garde éloignée. Ils font partie de la garde présidentielle mais ils viennent lorsqu’on leur dit de venir. Le commandant de la garde présidentielle n’existait pas», a-t-il argumenté.
Toutefois, Aboubacar Toumba Diakité est resté évasif, confirmant les dires de ses coaccusés tout en soulignant le contrôle absolu de Moussa Dadis Camara sur l’appareil sécuritaire. « A la prise du pouvoir ça m’avait touché, il dit Toumba où sont mes hommes. Il n’a jamais voulu que quelqu’un soit en contact direct. Donc, le président cumulait et contrôlait tout », a-t-il affirmé, sans rentrer dans les détails.
Baïlo Fatako, pour Laguinee.info