À moins de 48 heures du début des festivités du Ramadan, une anxiété croissante étreint les familles et les jeunes de Conakry. La hausse des prix et les difficultés financières sont au cœur des préoccupations des citoyens. Cette situation préoccupante s’explique par la conjonction de plusieurs facteurs, notamment le manque de moyens financiers et les conditions de vie précaires durant ce mois sacré.
De nombreux habitants expriment leur consternation quant à la situation économique difficile qui caractérise ce Ramadan. Certains rapportent des difficultés d’emploi, voire des pénuries alimentaires, tandis que les marchés voient les prix s’envoler, rendant les achats hors de portée pour de nombreux Guinéens.
Face à ces défis économiques, comment les citoyens se préparent-ils pour la fête du Ramadan ? Les témoignages recueillis par un reporter de Laguinee.info, témoignent de la gravité de la situation.
Pour Alhassane Soumah, le ramadan de cette année s’est déroulée dans une situation économique difficile. Et la fête vient coïncider aussi aux situations mêmes situations de précarité. Ce père de famille dit être confronté à des problèmes financiers pour trouver des habits pour sa famille:
« Nous allons passer la fête du Ramadan très difficile. Durant tout ce mois saint, les gens n’ont pas pu manger ce qu’ils souhaiteraient manger par faute de moyens financiers. La fête aussi c’est peut être dans deux jours. Moi, mes enfants n’ont pas eu encore les habits de fête. Mes parents ne les ont pas eus, mes frères et sœurs aussi. C’est grave cette année. Je vais les acheter les habits de fête ou je cherche pour moi-même. De toutes les façons, si je gagne de quoi manger, je ne saurais remercier le Tout-Puissant Allah. La beauté de la fête, c’est des habits. Même si tu n’as rien mais si tu t’habilles bien, les gens ne sauront pas que tu n’as rien mangé», déclare-t-il.
Au vu de la conjoncture économique difficile, Fatoumata Camara affirme qu’elle n’a jamais vu une fête aussi difficile économiquement que celle qui s’annonce:
« Je n’ai jamais passé une telle fête depuis que j’ai grandi. Pendant le ramadan difficilement, nous gagnons à manger, c’est tout à fait un problème. Quand c’est la fête, on doit quand même se sentir dans une fête par le biais des nouveaux habits. Mais, tu finis de jeûner et tu peux même pas avoir un complet pour la prière. C’est difficile vraiment. Les adultes peuvent comprendre mais les enfants n’ont pas cette faculté. Quand c’est la fête, ils veulent que de nouveaux habits. Jusqu’à présent les enfants n’ont pas eu d’habits d’abord. Cette fois-ci, même le prix d’un kilo de viande on n’en a pas. Actuellement, Ils ont bloqué là où beaucoup de personnes travaillaient. Il n’y a pas de courant. Et s’il n’y a pas de courant certains travaux générateurs de revenus ne peuvent pas être effectués», souligne-t-elle.
Pour Ibrahima Kourouma, rien ne va à travers le monde entier. Il pointe du doigt le chômage soutenant que c’est ce phénomène qui est à la base du manque d’argent qui touche les Guinéens:
« Les jeunes ne travaillent pas, rien ne va dans le monde, comme d’habitude. Si on travaille, on peut fêter mais on ne travaille pas. Comment nous allons satisfaire nos besoins? Nous n’avons pas jeûné dans des bonnes conditions de vie, franchement. Mais, nous ne pouvons que remercier Dieu de nous avoir donné la santé. La fête est là, rien ne va. Si le ramadan est dur[difficile économiquement, ndlr], la fête aussi sera forcément dure. L’Etat doit changer cette situation. Les jeunes sont assis affamés, aucun espoir. Jusqu’à présent nous avons pas eu d’habits d’abord. Nous sommes là quand même. »
Quant à Mariame Diallo, la cherté dans les marchés guinéens à l’approche de la fête est une autre réalité qui rend les préparatifs de la fête difficile. Les prix de certains habits qui autrefois étaient abordables, ont tous grimpé à l’approche du ramadan.
« Le marché est très cher. Exemple, si tu pars au marché pour acheter un complet qui doit être cousu, on te dit que c’est à 250.000 GNF. Tu pars chez le tailleur aussi pour coudre le même complet, le prix peut varier entre 150 000 GNF à 180 000 GNF . Et actuellement, il n’y a pas d’argent. Maintenant, si tu décides d’aller acheter une robe dans une boutique, là-bas aussi le prix varie en fonction de la qualité. Il y a des robes pour 300 000GNG, 400 000fg et 500 000GNF», explique-t-elle
Ibrahima Alhassane Camara, pour Laguinee.info