Des manifestations contre le délestage électrique se font sentir ces derniers temps dans plusieurs villes et la capitale guinéenne. Les cas récents sont ceux qui ont remué les villes de Kindia et Conakry successivement. Une journaliste de Laguinee.info a joint le président de l’UDRP et vice-président de l’ANAD ce vendredi 15 mars 2024. Dr Édouard Zotomou Kpogomou a avertit au micro de notre rédaction que de telles actions ternissent l’image du pays.

Les manifestations de rue dont il s’agit ont causé la mort de 2 personnes à Kindia et un autre cas signalé dans la soirée d’hier lundi à Lambanyi dans la commune de Ratoma. Selon beaucoup d’observateurs, ces genres de soulèvement annoncent un mauvais signe.

« On a toujours pensé que ce genre de soulèvement était un mauvais signe pour l’État, surtout si on renoue avec les anciennes habitudes. C’est c’est un très mauvais signe et qui vient des coupures intempestives d’électricité. Il faut qu’il y ait un peu plus de transparence dans les explications que le gouvernement donne, par rapport par exemple à l’explosion du dépôt central aujourd’hui, personne ne sait ce qui s’est passé au dépôt central. Personne ne sait comment ça s’est fait et pourquoi on est arrivé là, Il fallait dès le départ, dès après ça, faire en sorte que le gouvernement que la population sache qu’on est en train de déployer des efforts, ne serait-ce que pour informer objectivement la population. Comme ça, cela coupe court à toutes les supputations. Mais quand il n’y a pas d’enquêtes diligentes, et ça va prêter à confusion. Les uns et les autres penseront ce qu’ils voudront de la chose et c’est ce qui se passe malheureusement », déclare le vice-président de l’ANAD.

A la question savoir si l’Etat guinéen est préparé à faire face aux manifestants sans qu’il n’y ait des cas de morts, Dr Zotomou répond :

« Moi, je pense que le régime n’a pas de volonté du tout d’encadrer les manifestations, qui sont un droit encore prescrit par la Charte universelle des droits de l’homme. Alors, si vous voulez instituer une démocratie, la démocratie va de pair avec les contradictions, les manifestations. Il faut faire en sorte que ceux qui ne sont pas d’accord par rapport à un certain nombre de projets aient un forum pour s’expliquer, pour s’exprimer. Cela ne veut pas dire qu’ils sont forcément des gens qui veulent détruire. Alors, pour ça, il faut leur accorder le droit et leur donner toute la protection dont ils ont besoin pour manifester. Parce que si on les encadre, on sait d’où ils viennent, on saura où ils vont. Comme ça, il n’y a pas de débordements ici, s’il y a des débordements, on saura franchement cibler comme ça. Nous pensons que ce serait une responsabilité partagée, non seulement avec les organisateurs de ces manifestations, mais aussi avec l’État, et même avec la population dans le large sens. Alors, nous pensons que l’État est en train de faillir à ses responsabilités. Il faut que l’État comprenne que manifester, ce n’est pas forcément être dans un esprit de destruction. Manifester, c’est dire: « Je ne suis pas d’accord avec cette façon de faire ou avec cette autre façon de faire. » Il ne faut pas que l’interprétation vienne seulement d’un côté. », a déclaré l’acteur politique.

Notre interlocuteur prévient les autorités de la transitions sur ce qui les attend après le pouvoir:

« Si justement les autorités d’aujourd’hui ne prennent pas garde, il n’est pas exclu que demain elles soient devant les juridictions. On ne peut pas imposer tout par la force, des armes ou alors parce que vous avez les Kalashnikovs. »

Dr Zotomou Édouard Kpogomou a conclu en laissant un message à Bah Oury, Premier ministre récemment nommé :

« Le nouveau premier ministre est notre espoir, mais franchement nous pensons qu’après les premières orientations qui ont été indiqué par le premier ministre lui-même on a la claire indication qu’il va suivre effectivement l’agenda du CNRD, or le CNRD a son agenda propre à lui et qu’il peine à dévoiler. Alors, il y a des éléments par les quels on doit passer pour rendre cela public. Nous soupçonnons beaucoup de choses, nous pensons qu’en fin de comprendre que la junte ne quittera pas le pouvoir ou ne voudra pas quitter le pouvoir et c’est ce qui est en train de se passer », a laissé entendre ce proche de Cellou Dalein Diallo.

Sirani Diabaté, pour Laguinee.info