La récente intervention du Premier Ministre guinéen, Amadou Oury Bah, sur les ondes de RFI, a suscité une vague de réactions, notamment au sein de l’opposition politique guinéenne. Cette sortie, où Bah Oury a évoqué la possibilité d’un référendum fin 2024 et abordé la question de l’organisation des élections, alimente les tensions déjà vives entre la classe politique et le Comité National pour le Redressement et le Développement (CNRD).

Pour certains acteurs politiques guinéens, comme Souleymane Souza Konaté de L’ANAD (Alliance Nationale pour l’Alternance et la Démocratie), cette prise de position du Premier Ministre vient accentuer les divergences entre le CNRD et la classe politique, notamment sur l’accord dynamique avec la CEDEAO, qui stipule que la transition en Guinée prendra fin au plus tard le 31 décembre 2024.

« Depuis un certain temps, nous, du côté de L’ANAD et des forces vives, soupçonnons le CNRD de vouloir confisquer le pouvoir et rester le plus longtemps possible aux affaires. La sortie du Premier Ministre confirme cette intention. C’est vraiment regrettable », déplore Souleymane Konaté, membre de l’UFDG.

Concernant les activités du Recensement à Vocation d’Etat civil (RAVEC), Konaté souligne que la Guinée dispose déjà d’une expérience en matière de recensement et n’a pas besoin de recourir à cette initiative. Il plaide plutôt pour l’utilisation du fichier électoral assaini, créé avec le concours de l’OIF et de la CEDEAO avant la présidentielle de 2020 : « Si les gens sont de bonne foi, il n’y a pas à aller chercher les activités de RAVEC, alors que nous avons cette activité en expérimentation en Guinée qui avait pris 10 communes comme étant des communes pilotes. Notamment les 5 communes de Conakry, les îles de Los, la commune de Kindia et la sous-préfecture de Tolo. Mais allez-y demander aux habitants de cette localité ce qu’il est advenu de cette activité. Nous avons un fichier électoral assaini grâce au concours de L’OIF et de la CEDEAO avant la présidentielle du 18 octobre 2020. On peut rouvrir ce fichier, intégrer les Guinéens qui ont eu 18 ans, sortir les cas de décès. Cela nous permet d’aller vers des élections libres, crédibles et inclusives dont les résultats ne feront l’objet d’aucune contestation. »

Selon notre interlocuteur, dans les jours à venir, les forces vives annonceront des manifestations à travers tout le pays pour contraindre le CNRD à respecter ses engagements et à organiser des élections crédibles et transparentes, annonce l’acteur politique : « Dans les prochains jours, les forces vives vont annoncer le mot d’ordre de manifestation qui sera suivi sur l’ensemble du territoire national pour contraindre le CNRD à respecter les engagements de l’État, revenir sur les fondamentaux d’une transition et organiser des élections crédibles et transparentes. »

Mariama Dalanda Bah, pour Laguinee.info