jeudi, novembre 21, 2024
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Corruption et détournements à ciel ouvert des deniers publics : Quelle marge de manœuvre pour le futur gouvernement « Bah Oury »?

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Comme conviennent tous les experts et spécialistes du développement de la Guinée, le vrai problème de ce pays sans gouvernance systématiquement défectueuse.

Même en réussissant à maîtriser la corruption et les chaînes de détournement à l’échelle de 70% par an, le budget guinéen  peut augmenter de six (6) fois sans aucune intervention du FMI et de la BM.

Les mensonges historiques et trilogiques collectivement suicidaires qui tiennent au pilori tous les dirigeants guinéens depuis 1984 , c’est :

  • 1- « Qu’il n’est pas possible pour l’Etat guinéen d’accroître les recettes de l’Etat en les multipliant en deux années par cinq ou six ».
  • 2-« Qu’il n’est pas possible de se passer de l’éternelle perfusion budgétaire de ces institutions de BW , la Banque mondiale et le FMI.
  • 3-  » Qu’aucune réforme ne peut éradiquer à plus de 80% la corruption et les détournements de deniers publics à ciel ouvert avec des fonds volés qui dépassent au moins six (6) fois le budget national.

Ces mensonges sont l’œuvre d’un système nébuleux qui tient et dirige subtilement ce pays depuis près d’un demi-siècle.

Pourtant, il s’agit d’observer les évidences liées à la profondeur de la mal gouvernance économique et financière qui gangrène tous les secteurs vitaux du pays pour comprendre d’où viennent ces manœuvres orchestrées par un groupuscule de bandits à col blanc majoritairement logés dans les départements des finances et du Budget avec des tentacules dans tous les autres secteurs publics.

Imaginons simplement que des réformes, douloureuses soient-elles, permettent de multiplier le budget national du pays par six (6), il sera immédiatement possible de multiplier en plus de toutes les rubriques du budget par 6 aussi bien les salaires que les investissements.

Seuls les comptables et financiers eux-mêmes croient et soutiennent ces mensonges issus de l’orthodoxie sempiternelle.de ces sciences.

✓En Guinée, observons simplement que les fonctionnaires les plus riches proviennent à 90% des ministères du budget et des finances.

✓Les agents publics les plus pauvres de ces 2 départements ont en moyenne 2 villas des voitures et une fortune croisée de près d’un milliard de FG.

√ Tous les détournements et corruption engendrés dans les autres départements sont l’oeuvre de la complicité des agents de ces 2 départements qui agissent en bandes et chaîne de dépenses organisées.

Pour nous agents de développement sans être sous l’effet du déterminisme des sciences comptables et financières, nous estimons en toute indépendance qu’il est possible de changer la donne avec des mesures et réformes draconiennes.

Qu’est-ce qui pourrait empêcher à cette phase de la transition d’articuler des mesures fortes notamment :

1- Envisager immédiatement le licenciement de tous les agents des départements du budget et des finances sans préavis mais avec garantie des salaires durant 6 mois.

2- Recruter en amont 4 cabinets internationaux pour 6 mois d’intérim avec des TDR précis.

3- Réorganiser les services intégrés selon la nouvelle vision de lutte contre la mal gouvernance

4- lancer un avis de recrutement pour les nouveaux agents publics selon de nouveaux critères et la vision de l’Etat.

5 – Former et installer les nouveaux au bout de six mois.

6-  Sanctionner à l’extrême les premières tentatives.

7- Procéder à un contrôle systématique des biens privés des anciens et agents publics en fonction.

8- Fixer des seuils et quotas de propriétés privées admises pour les agents publics au-delà des quels, l’État devient automatiquement propriétaire.

9- Procéder à une réévaluation des recettes de l’État et fixer de nouvelles règles de recouvrement induisant des sanctions exemplaires pour tout contrevenant. etc.

De toute évidence, la situation économique et financière la Guinée présente de très nombreux atouts naturels : une façade maritime, un important potentiel hydrologique et agricole, des frontières partagées avec 6 pays et un sous-sol très riche en minerais (bauxite : 1ère réserve mondiale avec 25% du stock et 2ème producteur mondial), 3 Mds T de réserves de fer, 700 T d’or et 30 à 40 M T de carats de réserves prouvées de diamants.

Toutefois, son économie demeure relativement peu diversifiée et structurellement vulnérable aux chocs exogènes, notamment sur les matières premières : (i) la contribution du secteur primaire au PIB est relativement modeste (25% du PIB en 2020) ; (ii) le secteur secondaire (35% du PIB) est dominé par les activités minières qui, avec la bauxite, l’or et le diamant, représentent en moyenne 85% des exportations du pays ; enfin, (iii) le secteur tertiaire (40% du PIB) est quant à lui porté par le commerce, le transport, les télécommunications, l’immobilier et les services aux entreprises.

Les secteurs primaire et tertiaire contribuent à l’essentiel de l’emploi (de 40,5% et 45,1%) tandis que la contribution du secteur secondaire est assez minime (14,4%).

Après s’être montrée résiliente face à la pandémie (+4,9% en 2020) grâce au secteur minier, la croissance guinéenne a enregistré un ralentissement à 4,3% en 2021 en raison des évènements politiques et de la faible croissance du secteur non-minier.

En 2022, en dépit des conséquences de la guerre en Ukraine et de l’incertitude politique, le taux de croissance est resté stable à 4,3%, soutenu principalement par la production d’or et de bauxite.

En 2023, avec l’augmentation de la capacité de production du secteur extractif, d’investissements continus dans de nouvelles mines et de la demande de bauxite chinoise, le taux de croissance devrait enregistrer un rebond à 5,6% selon le FMI.

Par ailleurs, est anticipé que le secteur non-minier se redresse d’ici 2024, grâce à la stabilisation du cadre politique et à un environnement international plus favorable.

En dépit de ses atouts, les indicateurs socio-économiques de la Guinée demeurent faibles. Avec une population de 14,7 M d’habitants et un PIB de 20,5 Mds USD en 2022 selon le FMI, la Guinée se situe au bas du classement IDH, occupant le 182ème rang sur 191 pays en 2021.

Selon les autorités, un peu moins de la moitié des Guinéens (44%) vivent en dessous du seuil national de pauvreté qui est estimé à 16 423 GNF/personne/jour (1,6 EUR) en 2019. Par ailleurs, l’économie reste encore en grande partie informelle, avec une part estimée à 41,5% du PIB et 96% des emplois en 2019. En outre, l’espérance de vie à la naissance se situe à 58,9 ans en 2021.

Le déficit budgétaire s’est légèrement résorbé à 0,7% du PIB en 2022, après 1,7% en 2021. Cette performance se justifie grâce à la bonne performance des recettes non liées aux combustibles, la sous exécution des dépenses d’investissement et l’importante réduction des dépenses courantes (de 13% du PIB en 2021 à 10,6% du PIB en 2022). Toutefois, le taux de pression fiscale reste particulièrement faible (11% du PIB en 2022).

 En 2023, le déficit budgétaire devrait se creuser tout en restant raisonnable, à hauteur de 2,3% du PIB selon le FMI en raison principalement de la hausse des dépenses d’investissement (de 3,7% du PIB en 2022 à 4,5% du PIB en 2023).

Selon la dernière analyse de viabilité de la dette du FMI, le pays demeure en risque de surendettement modéré avec une certaine marge de manœuvre pour absorber les chocs.

 En effet, en 2022, l’encours de la dette publique a enregistré une importante diminution de 7,2 points de PIB par rapport à 2021 pour s’établir à 33,4% du PIB, et devrait même atteindre 30% du PIB en 2023. Cette tendance se justifie par la pause temporaire du soutien des bailleurs depuis le coup d’Etat mais également par l’appréciation du franc guinéen, conjugué à une croissance dynamique du PIB.

Toutefois, certains risques subsistent parmi lesquels : (i) un choc négatif sur les exportations ; (ii) le passage récent à des emprunts extérieurs non concessionnels ou moins concessionnels ; (iii) la présence d’un stock plus important qu’estimé d’arriérés intérieurs. En outre, la dette publique est majoritairement externe (56,6% du total en 2021) et la Chine est le principal créancier du pays.

En dépit de cette situation économique et financière, il faut dire que le problème récurrent c’est la part élevée de fonds détournés qui est supérieur au budget.

Si le pays canalisait au moins 70 % des fonds dilapidés par des bandits à col blanc, le pays ne tarderait pas à décoller même au cours de cette période transitoire.

Les pistes de solutions susmentionnées pourraient aider la Guinée à prendre son envol même avec ce nouveau premier ministre s’il réussit un bon casting avec des ministres compétents et patriotes.

Aimé Stéphane MANSARE.

Sociologue

Expert consultant en sciences sociales du développement.

PCA IPCJGUINEE.

DGA CERFOP

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