La Guinée a commémoré ce vendredi 8 mars 2024, la journée internationale des droits de la femme dans une ambiance de célébration et de promesses. Cependant, derrière cette façade de festivités et de discours enjoués se cache une réalité sombre et alarmante pour les femmes guinéennes.
Sur le plan politique, les femmes demeurent largement sous-représentées dans les instances de prise de décision. Pendant la transition dirigée par le Général Mamadi Doumbouya, le manque de volonté politique pour promouvoir la participation des femmes au plus haut niveau de gouvernance est manifeste. Les postes stratégiques continuent d’être monopolisés par les hommes, malgré les compétences et les capacités des femmes à occuper ces fonctions avec succès.
En ce qui concerne le plan économique et entrepreneurial, les femmes font face à d’énormes difficultés pour obtenir des financements significatifs pour leurs projets ou entreprises. Les obstacles bureaucratiques et les préjugés de genre entravent leur accès aux ressources financières nécessaires à leur épanouissement économique et professionnel.
Sur le plan social, les femmes guinéennes sont confrontées à des défis profonds et persistants, notamment la maltraitance, les violences de toutes sortes et l’injustice. Les autorités judiciaires ont tendance à alourdir la main lorsque des cas de violence contre les femmes sont portés devant elles, ce qui contribue à perpétuer un climat d’impunité et d’injustice.
La pression des traditions, telles que l’honneur de la famille et le maintien des relations parentales, aggrave encore davantage la situation des femmes en les empêchant de recevoir la protection et la justice qu’elles méritent.
Il est inadmissible et révoltant de constater que, en Guinée, l’accès à l’emploi pour les femmes est souvent conditionné par des pratiques dégradantes et indignes. Dans de nombreux cas, les femmes se retrouvent contraintes à échanger des faveurs sexuelles avec leur employeur ou le propriétaire de l’entreprise afin d’obtenir un poste ou de conserver leur emploi. Cette réalité honteuse est une atteinte flagrante à la dignité humaine et une violation fondamentale des droits des femmes.
Les prédateurs se trouvent dans les bureaux!
Le fait que des femmes soient contraintes de porter atteinte à leur intégrité physique et émotionnelle pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille est une manifestation choquante du patriarcat toxique qui persiste dans notre société. Cette pratique dégradante perpétue un système de pouvoir injuste et favorise l’exploitation et l’abus des femmes dans le milieu professionnel.
En outre, même au sein de l’administration, un nombre alarmant de femmes sont victimes de harcèlement sexuel et de discrimination basée sur le genre. Au lieu d’être démontrées pour leurs compétences, leur expérience et leur performance professionnelle, ces femmes sont souvent jugées en fonction de leur apparence physique ou de leur disponibilité à satisfaire les désirs non professionnels de leurs supérieurs.
Vous devez agir, mesdames les autorités !
Il est impératif que les autorités guinéennes prennent des mesures drastiques pour mettre fin à ces pratiques abusives et pour garantir un environnement de travail sûr, équitable et respectueux pour toutes les femmes. Les employeurs et les responsables d’entreprises qui se livrent à de telles pratiques doivent être tenus responsables et traduits en justice.
De plus, des programmes de sensibilisation et de formation sur les droits des femmes et l’égalité des genres doivent être mis en place dans les entreprises et les institutions gouvernementales pour éliminer les préjugés sexistes et promouvoir un traitement équitable et respectueux de tous les employés, influence de leur sexe.
Enfin, il est essentiel de créer des mécanismes de dénonciation et de protection pour les femmes qui sont victimes de harcèlement sexuel ou de discrimination au travail, afin qu’elles puissent signaler en toute sécurité les abus et obtenir justice sans craindre de représailles.
Il est temps de mettre fin à cette culture de l’exploitation et de l’oppression des femmes dans le milieu professionnel en Guinée. L’heure est lieu de garantir l’accès à des opportunités d’emploi dignes et équitables pour toutes les femmes, sans compromis ni condition.
J’insiste parce que la situation est alarmante. Il est impératif que les autorités et les décideurs guinéens prennent des mesures immédiates et décisives pour remédier à cette situation inacceptable. Pour permettre aux femmes guinéennes de vivre pleinement leurs droits, il est nécessaire et obligatoire de :
• Promouvoir activement la participation des femmes dans tous les domaines de la gouvernance, en mettant en place des quotas de genre et en adoptant des politiques d’inclusion pour garantir une représentation équitable des femmes dans les instances de prise de décision.
• Mettre en place des programmes de soutien financier spécifiquement conçus pour les femmes entrepreneures, afin de faciliter leur accès aux financements et de promouvoir leur autonomisation économique.
• Renforcer les lois et les mécanismes de protection des droits des femmes contre toutes les formes de violence, et garantir que les auteurs de ces actes odieux soient tenus responsables de leurs crimes, sans égard à leur statut social ou familial.
• Sensibiliser la population aux questions de genre et promouvoir une culture de respect et d’égalité entre les sexes, en particulier par le biais de programmes éducatifs et de sensibilisation dans les communautés.
• Il est temps pour la Guinée de passer de la rhétorique à l’action et de garantir l’égalité des droits et des opportunités pour toutes ses citoyennes. La véritable transformation sociale et politique ne peut se réaliser que lorsque les femmes sont pleinement reconnues, respectées et valorisées dans tous les aspects de la vie nationale.
Boundèbengouno