Dans les contrées reculées de Hamana Balato, relevant de la préfecture de Kouroussa, réside une figure rare : Fatoumata Keita, une femme chasseuse. À l’occasion de la Journée Internationale des Femmes, notre correspondant régional à Kankan a eu l’opportunité de s’entretenir avec elle. Fatoumata livre un aperçu captivant de sa vie singulière.
Dans un monde où les femmes exercent rarement le métier ancestral de chasseur, Fatoumata Keita se distingue par sa ténacité et son dévouement. Aguerrie par les années et mère de trois enfants, elle manie le fusil avec la même aisance que ses homologues masculins.
Dans un entretien, Fatoumata a partagé les défis et les rituels qui accompagnent son statut de chasseuse traditionnelle. : « Être une donzo ne se limite pas à une simple déclaration. Nous devons nous engager auprès d’un maître, et notre coq est sacrifié pour rejoindre la confrérie des donzos (mandé mompry ton). C’est notre code d’honneur. Récemment, nous avons assisté à une rencontre de la confrérie des donzos à Kissidougou », dit-elle, précisant que cette rencontre a été une belle opportunité pour elle de rencontrer ses collègues hommes et de mettre en valeur les traditions.
En Guinée, il est rare de rencontrer une femme qui part à la chasse comme des hommes. Pourtant, Fatoumata fait l’exception. Dans sa pratique de la chasse, Fatoumata dit ne pas hésiter pas à utiliser le fusil pour abattre le gibier avec la même énergie qu’un homme. Elle raconte avec humour : « J’utilise des fusils de chasse comme les hommes. Par exemple, la dernière fois, j’ai tué un lapin en utilisant mon fusil. Nous partons en brousse, et lorsque je repère une proie, je prends mon fusil et je tire. »
Selon dame Fatoumata, elle n’est pas exempte des regards critiques extérieures à cause de son statut de chasseuse. Par ailleurs, elle dit être admirée lorsqu’elle arbore son uniforme : « Quand je porte l’uniforme des donzos pour aller au marché, je reçois du respect, des cadeaux, mais aussi parfois de la crainte. Nous devenons influents grâce à cet uniforme, et il renferme des mystères qui peuvent même guérir les maladies par la grâce divine. »
En dehors de la chasse, elle pratique l’agriculture. Fatoumata évolue dans un groupement de femmes qui investit dans la culture du riz.
A l’occasion de la journée internationale de la femme, Fatoumata lance un appel au président de la République pour un soutien : « En cette journée spéciale, je demande au président Mamadi Doumbouya de nous venir en aide, surtout à nous, les femmes mandé-mory. Nous sommes souvent ignorées, mais nous avons formé un groupement qui pratique la riziculture chaque année. Faute de moyens, nous ne parvenons pas à concrétiser nos efforts. Un soutien de sa part serait grandement apprécié. »
De Kankan, Karifa Doumbouya, à Kankan, pour Laguinee.info