vendredi, novembre 22, 2024
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Lydie Tonguino : Entre détermination et solidarité, une vie dédiée à l’humanitaire

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Lydie, une jeune dame qui a parcouru divers horizons au sein d’organisations nationales et internationales en Guinée, se distingue par son brillant parcours dans des domaines cruciaux tels que la protection des enfants, la gestion des partenariats, le financement et la lutte contre les violences basées sur le genre. Avec une expérience riche et variée, elle a consacré son énergie et son engagement à la défense des droits des femmes et à l’action humanitaire, après avoir fait ses armes dans le bénévolat. A N’Nzérékoré, Lydie a occupé le poste de responsable de Protection de l’Enfance, une mission qu’elle a accomplie avec brio.

Affrontant divers obstacles sur son chemin, Lydie incarne aujourd’hui un modèle inspirant pour des milliers de jeunes filles à travers la Guinée. À l’occasion de la journée internationale des droits de la femme, la rédaction de Laguinee.info est allée à sa rencontre pour découvrir les secrets de sa réussite.

Madame Lydie Tonguino

Un combat né de l’épreuve 

Le point de départ de son engagement indéfectible remonte à son enfance, marquée par les conditions de vie difficiles des habitants de Guéckédou, son village natal. Témoin du quotidien éprouvant des enfants de cette localité, Lydie a été profondément touchée et a ressenti le besoin pressant d’agir. C’est ainsi qu’a germé en elle l’idée de s’investir dans l’humanitaire, animée par la volonté de sauver des vies et d’apporter une lueur d’espoir là où règne la détresse. Avec une voix qui rappelle ce passé triste, elle raconte:

« Quand j’étais jeune dans une sous-préfecture de Guéckédou, j’ai été témoin de plusieurs cas de violence sur les enfants. Je voyais plusieurs jeunes filles qui étaient déscolarisées pour être données en mariage. Je voyais des jeunes filles qui subissaient des mutilations génitales féminines et je voyais beaucoup d’enfants qui ne parvenaient pas à passer leur examen d’entrée en 7e année par manque d’extrait de naissance. C’est là que j’ai commencé à organiser des petites causeries entre les enfants », rappelle-t-elle.

Lydie Tonguino : une défenseure dans l’âme

C’est ainsi que le chemin d’une jeune militante pour une cause noble a commencé. Dès son plus jeune âge, Lydie, préoccupée par le sort des enfants et les défis auxquels ils sont confrontés, a décidé de consacrer son combat à leur cause. Cette détermination lui a valu d’être élue députée au Parlement des Enfants, où elle s’est engagée à défendre les droits et les valeurs fondamentales des plus jeunes. Dès lors, Lydie s’est retrouvée au cœur des prises de décisions, entourée d’enfants dont elle cherchait à comprendre les préoccupations et les difficultés.

Par la suite, Lydie a connu un parcours professionnel remarquable. Elle a exercé dans plusieurs organisations nationales et internationales en Guinée, intervenant dans divers domaines comme elle le confirme :

« J’ai six ans d’expériences dans la gestion des projets et programmes, la protection des enfants, la gestion des partenariats, le financement et les violences basées sur le genre. J’ai acquis ces expériences au sein des organisations internationales et institutions des nations unies comme Plan International, Peace Corps et UNICEF. Je travaille également avec les organisations de la société civile qui font la promotion et la protection des droits des femmes/filles et enfants en qualité de personne ressource ; en renforçant leurs capacités managériales pour leur permettre d’assumer leurs responsabilités et ceci à travers la formation et le partage », explique-t-elle.

Lydie récompensée pour son combat pour la promotion des droits de la femme et la protection des enfants

 

 Lydie et la promotion des droits de la femme

En Guinée, un pays où les droits des femmes sont souvent bafoués, Lydie se distingue par son désir ardent de défendre une cause noble, motivée par les réalités qu’elle a elle-même vécues. Consciente des contraintes sociales telles que le mariage précoce et les violences basées sur le genre, elle détourne son regard vers ces fléaux qui ternissent l’image de nombreuses filles et femmes dans les sociétés africaines.

Déterminée à agir, Lydie s’engage corps et âme dans la lutte contre ces maux, démontrant ainsi la bravoure de la femme guinéenne et, plus largement, de la femme africaine. Sa voix, son cœur et son engagement sont ses armes dans ce combat pour la reconnaissance et le respect des droits des femmes.

En vaillante humanitaire, elle explique : « Quand j’ai compris que les filles faisaient face à beaucoup de problèmes. Le mariage précoce était un des défis auquel les jeunes sont confrontés en Guinée. Le poids des normes sociaux, la jeune fille n’est pas en mesure de prendre sa décision quelle que soit la situation. Elle est obligée de se plier aux stéréotypes. Ces situations ne me faisaient pas plaisir. L’autre situation est que les hommes étaient beaucoup plus favorisés par rapport les filles, même si ça commence à changer petit à petit. A l’époque on disait que le combat d’une jeune fille était de se trouver un mari. Moi, je me disais, la fille aussi était appelé à prouver ses potentialités et à promouvoir le changement. C’est ce qui m’a poussé à m’intéresser aux jeunes. » confie-t-elle

Des barrières bravées : Lydie face aux défis

Lydie, mentor et coach personnel pour de nombreuses jeunes filles à travers la Guinée et l’Afrique, a dû affronter un ensemble de défis lors de son parcours d’intégration au sein d’organisations internationales. Malgré les obstacles rencontrés, elle a su faire preuve d’une persévérance inébranlable et d’une vision claire, même en dépit des ressources limitées à sa disposition.

Son engagement sur le terrain en faveur de l’autonomisation des femmes en fait un modèle rare et précieux. Face aux difficultés, Lydie  est restée active, apportant un soutien précieux à la cause féminine.

Pour obtenir un diplôme élevé, elle a tenté d’aller en Europe puis revenir réaliser ses rêves, mais les moyens limités des parents n’ont pas permis. Que fallait-il faire? Lydie seule a la réponse:

« Quand j’étais jeune, Je voulais aller à l’étranger, puisqu’on me disait pour travailler dans les organisations internationales, il faut avoir un diplôme de l’étranger. Mes parents n’avaient des moyens. Je le suis fixée d’être lauréate afin d’aller étudier à l’étranger et revenir travailler pour les enfants et les filles. Mais malheureusement, cela n’a pas marché. J’avais seulement une Licence. Le manque d’un diplôme valeureux ou le manque de formation hors du pays ont constitué pour moi un défi, pour intégrer les institutions internationales », relate-t-elle.

Malgré le manque de moyens, elle n’a pas laissé cet obstacle entraver sa progression. Face à cette contrainte, Lydie a fait le choix de l’auto-formation : « Je partais sur Google pour me former et faire des recherches. C’est ainsi que j’ai intégré Plan international après plusieurs tentatives. A partir de là-bas, j’ai intégré l’UNICEF. Je n’avais pas master alors que pour accéder aux Nations-Unies, il faut le master. C’était un défi pour moi. Je ne voulais pas rester cheffe de bureaux de zones, il fallait apprendre l’anglais. Aujourd’hui, j’ai réussi à surmonter ces défis-là. »

Dans une initiative louable visant à soutenir et inspirer les jeunes filles, Lydie Tonguino a récemment lancé un programme de mentorat baptisé « Une fille, un avenir« . Cependant, malgré la volonté et l’engagement de Lydie, elle déplore le manque d’accompagnement de la part des partenaires pour aider les filles sélectionnées par le programme pour bénéficier du mentorat qu’elle a mis en place : « Pour notre programme de mentorat, je déplore le fait que les partenaires refusent de s’engager, pour accompagner ces jeunes filles qui ont étés sélectionnées au compte de cette première cohorte classique. Plusieurs demandes adressées mais moins de retour », déplore-t-elle sans désespérer.

Lydie, une fervente défenseure de l’humanitaire et de l’autonomisation des femmes, ne ménage aucun effort pour réaliser son rêve : un monde dépourvu de toute forme de discrimination. Convaincue que les enfants, les filles et les femmes sont des individus vulnérables nécessitant une protection spéciale, elle s’engage corps et âme dans des actions bénévoles, semant ainsi les graines du changement dans sa communauté.

À travers son engagement volontaire au sein de plusieurs organisations, notamment le CECOJ de Kindia et au sein de sa communauté religieuse, Lydie a accumulé un précieux bagage d’expériences. Ces activités bénévoles ne se sont pas limitées à des gestes altruistes, mais ont également enrichi son quotidien en lui fournissant des compétences précieuses et une perspective élargie sur les enjeux sociaux.

Pour Lydie, chaque défi représente une opportunité de croissance. Consciente de l’importance de la formation continue, elle s’efforce constamment de s’améliorer, cherchant à développer ses compétences et ses connaissances. Son attitude proactive face aux obstacles démontre un engagement inébranlable et un dynamisme contagieux, faisant d’elle un véritable moteur de changement.

Lydie en compagnie de ses filleules

Lydie : Un engagement inébranlable

Après avoir honoré son contrat avec l’UNICEF, elle a choisi de poursuivre son engagement en rejoignant les rangs de Girls First Fund. Son dévouement inébranlable envers la cause des enfants, en particulier des filles, demeure au cœur de son parcours professionnel.

Parmi ses accomplissements les plus gratifiants, Lydie compte le soutien qu’elle a apporté à de nombreux enfants défavorisés à travers la Guinée. Son travail acharné et son dévouement ont eu un impact significatif sur la vie de ces jeunes, leur offrant un espoir et une opportunité là où il y avait autrefois le désespoir.

Aujourd’hui, alors qu’elle continue son combat pour l’autonomisation des enfants et des femmes, Lydie incarne l’esprit de générosité et de détermination qui anime le monde de l’humanitaire. Son travail avec Girls First Fund témoigne de sa volonté inébranlable de faire une différence tangible dans la vie des plus vulnérables : « J’ai soutenu beaucoup d’enfants orphelins en situation de handicap à travers mes partenaires, quand je travaillais à UNICEF. Des enfants victimes de discrimination, de négligence. Le fait de voir ces enfants scolarisés, se retrouver dans des familles, se réintégrer dans des métiers, le fait de les voir épanouis est l’une de mes plus grandes réalisations», se réjouit-t-elle.

Pour la jeune dame,  la passion est un moteur puissant qui permet de surmonter les obstacles rencontrés sur le chemin. Convaincue que l’engagement sincère envers la cause humanitaire peut transformer des vies, elle encourage les aspirants à rester fidèles à leurs convictions et à persévérer malgré les difficultés.

En ce qui concerne la disponibilité, Lydie souligne l’engagement total que demande le travail humanitaire. Elle explique : « Vous servez des personnes qui sont dans le besoin. Donc, on peut te solliciter à n’importe quel moment. »

Selon dame Lydie, sa disponibilité constante est non seulement une exigence professionnelle, mais aussi une manifestation de l’altruisme et de la solidarité nécessaires pour répondre efficacement aux besoins des communautés vulnérables.

 Pour ceux qui aspirent à une carrière humanitaire, Lydie Tonguino conseille de s’appuyer sur  l’engagement et la détermination pour pouvoir apporter l’aide nécessaire aux personnes qui en ont besoin.

Ibrahima Alhassane Camara, pour Laguinee.info

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