vendredi, novembre 22, 2024
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img

Foulématou Bangoura, la plombière qui débouche les fuites des préjugés

À LIRE AUSSI

spot_img

À seulement vingt ans, Foulématou Bangoura se trouve à la croisée des chemins, sur le point de terminer sa formation en plomberie. Son parcours n’a pas été sans embûches, mais sa détermination et sa passion l’ont guidée à travers les moments les plus difficiles.

Foulématou a dû surmonter plusieurs obstacles pour suivre sa voie. Après avoir redoublé la 10e année à trois reprises, elle a pris une décision qui allait changer sa vie : apprendre la plomberie. Un choix audacieux dans un pays où les femmes sont rarement associées à ce domaine. Aujourd’hui, elle lie la théorie à la pratique, réalisant de gros chantiers liés à son domaine. Ce mardi, à l’occasion du mois de la femme, la rédaction de Laguinee.info est allée à sa rencontre. Lisez !

Pour elle, la plomberie est une « passion !» Un métier où il est rare de voir des femmes . Au delà, de la Couture, du Salon de coiffure et autres activités très prisés par les femmes en Guinée, Fatoumata a choisi la plomberie.  Elle n’a pas chercher mille voies pour étudier ce métier. Après avoir redoublée la classe de la 10e année 2 fois, elle a finalement décidé de ne pas rester bras crois. C’est ainsi qu’elle a décidé d’étudier la plomberie:

« Moi, j’ai étudié jusqu’en 10e année, mais j’ai redoublé la 10e trois fois. Je me suis dit de rester à la maison comme ça sans rien faire. Mais, mes parents m’ont dit de faire un métier. Je ne savais pas quel métier choisir. J’ai fait assez de réflexions. J’ai une amie qui pratiquait la plomberie ; elle m’a envoyé la fiche de renseignement d’une école. Elle m’a dit d’aller m’inscrire dans cette école pour faire la plomberie », raconte-t-elle.

Malgré les défis financiers et sociaux auxquels elle a été confrontée, Foulématou a persévéré. Grâce à l’encouragement de ses amis et à son propre engagement, elle a réussi à s’inscrire dans une école de plomberie. Elle a travaillé dur pour payer ses frais de scolarité, gagnant chaque centime nécessaire pour poursuivre son rêve : « J’ai dit à mon amie que je n’avais pas les moyens pour étudier là-bas. Finalement, j’ai pris le courage d’aller m’inscrire. À chaque fois que je pars à la pratique, le peu d’argent que je gagne là-bas, c’est ce que je rassemble pour payer mes mensualités », explique-t-elle.

Un monde de préjugés

Dans un monde où les préjugés de genre persistent, Foulématou Bangoura, jeune femme courageuse et déterminée, a décidé de s’aventurer dans un domaine traditionnellement dominé par les hommes : la plomberie. Mais son parcours est loin d’être simple. Dès le début, elle est confrontée à une série d’obstacles et de jugements, profondément enracinés dans la société. Sa décision de se former en plomberie suscite des regards sceptiques et des réactions désapprobatrices, aussi bien chez les hommes que chez les femmes.

Malgré les difficultés, Foulématou reste motivée par sa passion pour la plomberie et son désir d’indépendance économique. Elle aspire à briser les barrières de genre et à ouvrir la voie à d’autres femmes qui souhaitent poursuivre leurs propres aspirations professionnelles, peu importe les défis auxquels elles sont confrontées. Son histoire est une source d’inspiration et de motivation, illustrant le courage, la persévérance et la détermination face à l’adversité:

 « Je rentre sale. Mes amis me regardent alors qu’elles sont propres. Parfois, ils rient sur moi. Mais moi j’aime ce métier. Je mange avec les hommes au travail, parfois j’ai honte. Je vois mes amies filles s’habiller tous les jours propre. Ça me touche mais, je me dis : ‘’le plus important pour moi, c’est d’être autonome demain’’», dit-elle le sourire aux lèvres.

 »Elle prend au sérieux son métier »

Foulématou, une jeune fille admirée pour son sérieux, son courage, sa détermination et sa soif de réussir, est largement reconnue par son entourage. Sa camarade de longue date, Hawa Camara, ne tarit pas d’éloges à son égard : « Elle prend au sérieux son métier. Tous les jours, si elle part le matin, elle ne rentre que la nuit. Elle est courageuse. Un jour, elle m’a dit qu’elle voulait faire de la plomberie. Je lui ai directement dit que ce travail n’est pas pour les femmes mais plutôt pour les hommes. Je lui ai conseillé de choisir un autre métier. Elle m’a dit : « Moi, c’est ce que je veux. » Et je lui ai souhaité bonne chance! », témoigne-t-elle

Dans sa quête d’excellence, Foulématou Bangoura mène une vie rythmée par les exigences de sa formation en plomberie. Entre les bancs de l’école où elle assimile les connaissances théoriques et les chantiers où elle met en pratique ses compétences nouvellement acquises, elle jongle avec brio entre théorie et pratique.

Aujourd’hui, son horizon s’illumine de l’ambition de maîtriser pleinement ce métier exigeant. Son objectif ultime ? Créer son propre atelier, un lieu où elle pourra partager son savoir-faire et sa passion avec d’autres apprentis plombiers : « Mon rêve aujourd’hui, moi, Foulématou, après avoir maîtrisé ce métier, je vais former d’autres personnes. Je vais ouvrir ma propre boutique de plomberie et mon atelier », projette-t-elle.

Un mot à la gente féminine

Foulématou a fait le choix de ce métier sans même en informer ses parents pour éviter d’être dissuadée. Toutefois, avec son dynamisme et sa persévérance, elle parvient peu à peu à s’en sortir. Elle prodigue désormais des conseils à toutes les femmes et filles du monde entier, les encourageant à embrasser un métier afin de ne pas dépendre des autres.

«Je dis à mes amies d’être sérieuses et de pratiquer des métiers. Aujourd’hui, tous les métiers que les hommes peuvent faire, presque les femmes aussi peuvent le faire. Je leur dis de ne pas demander tout le temps les hommes. Sinon, ils vont se foutre de toi. Mais si tu cherches pour toi, tu vas satisfaire tes besoins sans contraintes, sans problème et avec plein de paix dans le cœur. De choisir des métiers et laisser le luxe. Si tu apprends bien un métier tôt ou tard, tu vas avoir le luxe. Et tu seras finalement indépendante financièrement. »

 

Ibrahima Alhassane Camara, pour Laguinee.info

spot_img
- Advertisement -
spot_img
spot_img

ECHO DE NOS RÉGIONS